Dans le futur, les glaces ont fondu en raison du réchauffement climatique. Recouverte d'eau, la terre ferme n'est plus qu'un mythe. Les survivants dérivent à la surface des mers ou s'organisent en petites communautés. La situation n'a rien de très enviable surtout que des pirates sans merci, les Smokers, tuent et pillent tout ce qui passe à leur portée.
Le nom de David Twohy n'était pas encore connu en 1995 lorsque WATERWORLD fait sa sortie dans les salles de cinéma. Le scénariste n'avait jusqu'ici œuvré que sur des films d'horreur à petits budgets tels que CRITTERS 2 ou WARLOCK. Depuis, il s'est largement imposé avec PITCH BLACK puis LES CHRONIQUES DE RIDDICK. Mais au début des années 90, il va donc entamer le travail d'écriture de WATERWORLD avec Peter Rader. Plutôt « bis » dans son approche, le film va rapidement devenir le métrage le plus cher jamais tourné à l'époque. Et cela n'a finalement rien de très surprenant. Dès le départ, WATERWORLD ne fait pas dans la facilité. La planète étant recouverte d'eau, le tournage ne peut pas se faire en studio ou même à quelques encablures du port le plus proche. Pour tourner WATERWORLD, il faut partir en pleine mer, là où la caméra ne risque pas de choper dans son champ de vision un vacancier qui fait de la planche à voile. Le défi paraît anecdotique, d'autres films ont été tournés en partie sur l'eau auparavant, mais la majeure partie du récit de WATERWORLD met en scène des centaines de personnages ainsi que des dizaines de véhicules maritimes. Pour se faire, il faut réellement apporter une gigantesque infrastructure de production au milieu de l'océan sans oublier de construire les décors sur lesquels vont évoluer les personnages.
Avant de partir à l'aventure, il aura fallu 18 mois de préparation minutieuse. Et pourtant, même en ayant tout calculé, le tournage au large des côtes de Hawaii va rapidement se transformer en cauchemar. Le travail sur l'eau va ainsi se dérouler durant presque six mois. La mise en place de nombreux plans prennent des heures à être rêgler sans oublier que le mouvement de la mer a une incidence directe sur les prises de vues. Une fois qu'un bateau est passé, si vous voulez refaire la prise, il faut qu'il retourne à son point de départ en espérant que le vent, les nuages et le soleil n'aient pas décidé de changer. Relativement concevable pour un simple navire à voile, le problème prend des dimensions exagérées avec les gigantesques décors flottants du film. Ainsi, un énorme atoll grandeur nature est construit pour l'occasion. Décor hors norme, il s'avère extrêmement difficile de le mouvoir de façon à rester correctement exposé au soleil en fonction des scènes (une rotation du décor devait s'opérer en plusieurs heures). Evidemment, en fin de tournage, l'un des décors va sombrer en raison des intempéries. Le tournage infernal va ainsi accumuler des pertes d'argent qui font monter démesurément le budget du film. Les problèmes de WATERWORLD ne s'arrêteront pas là avec des soucis d'ego entre la star du film, Kevin Costner, et le réalisateur Kevin Reynolds. Les rumeurs vont bon train, l'acteur aurait ainsi assuré une partie de la réalisation ou bien aurait fait refaire à grand frais des retouches numériques pour que son petit corps soit au meilleur de sa forme une fois sur l'écran. Après le tournage en pleine mer, le film va alors rejoindre les studios pour mettre en boîte les dernières images nécessaires telles que les séquences sur le super tanker.
Avant même de mettre le pied dans les salles de cinéma, WATERWORLD se traîne déjà une vilaine réputation de canard boiteux ayant coûté une fortune. Cette promotion ne va pas le servir, bien au contraire. Pourtant malgré les croyances, WATERWORLD n'a pas vraiment bu la tasse. Si les récoltes monétaires sur le sol américain n'ont pas suffit à renflouer les caisses, l'exploitation internationale a permis de couvrir largement les dépenses. Le record du budget faramineux, WATERWORLD ne le conservera pas très longtemps. En matière de budget exponentiel le TITANIC de James Cameron viendra bien vite le supplanter.
Tous les problèmes, les soucis, les chiffres et les quolibets occultent à l'arrivée ce qu'est réellement WATERWORLD. Le film de Kevin Reynolds se place à la croisée de plusieurs films dont certains se recoupent déjà pas mal à la base. Film de pirates, Western et univers post-apocalyptique se rejoignent sur un vague discours écologique. A cet effet, les scénaristes se sont amusés à épingler le capitaine de l'Exxon Valdez ainsi que le navire ayant provoqué une catastrophe écologique. Mais que ce soit le réchauffement climatique, la fonte des glaces ou la pollution, WATERWORLD l'oublie bien vite pour offrir essentiellement un film d'aventure bourré d'action dans lequel surnage quelques jolies scènes « dramatiques ». L'ombre de MAD MAX 2 plane au dessus du film. Son héros taciturne, ayant perdu foi en l'âme humaine, est évidemment très proche du Max des films de George Miller. Mais il est tout autant le héros solitaire cher au Western américain. Celui qui s'en va, une fois l'histoire terminée, dans le couchant. C'était d'ailleurs déjà le cas de MAD MAX 2, sorte de Western futuriste où le cheval était troqué pour des chevaux moteurs. Ici, le constat est le même, les étendues désertiques de l'Ouest sauvage laisse leur place à l'immensité de l'océan. Pourtant, WATERWORLD est aussi un film de pirates modernisé, les accents du thème musical de James Newton Howard rappellent d'ailleurs aussi bien les grandes aventures maritimes que les chevauchées sauvages. Bien sûr, le scénario de WATERWORLD marche souvent sur des séquences déjà vues ailleurs (l'assaut de l'atoll alors que le héros est prisonnier…) en recyclant à sa façon ce qui a fait les succès d'hier. Malgré ses 175 millions de dollars (ou plus de 200, on ne sait plus trop), ce WATERWORLD s'inscrit nettement dans ce que l'on appelle le cinéma « bis ».
Pur film de spectacle, WATERWORLD aligne une galerie de personnages aux gueules burinées à l'image du chef des pirates interprété par Dennis Hopper. Cabotin en diable, il incarne un despote délirant qui distribue des clopes aux enfants lorsqu'il n'est pas obsédé par la perte de son œil gauche. Si l'on ne présente plus Kevin Costner, le casting place aussi à l'écran Jeanne Triplehorn, Michael Jeter, Zakes Mokae, Kim Coates et même Jack Black avant qu'il ne devienne plus renommé. Mais la production de WATERWORLD, c'est aussi la fin d'une relation de travail. Kevin Reynolds et Kevin Costner s'étaient déjà rencontrés auparavant sur UNE BRINGUE D'ENFER, sous l'impulsion de Steven Spielberg, ou encore sur ROBIN DES BOIS : PRINCE DES VOLEURS. Après le tournage de WATERWORLD, il est bien peu probable qu'ils se croisent de nouveau sur une même affiche. De son côté Kevin Costner va faire un étrange choix après WATERWORLD. Contre toute attente, il va réaliser un second long métrage, après DANSE AVEC LES LOUPS, qui sera une nouvelle fois un film d'aventure post-apocalyptique. Inspiré par le livre de David Brin, l'excellent THE POSTMAN n'aura pas, lui non plus, une réputation flatteuse qui est très certainement hérité de sa filiation avec le pourtant fort sympathique WATERWORLD.
Beaucoup de films ont eu droit à de grosses éditions bardées de suppléments en DVD. Mais ce n'est pas du tout le cas de WATERWORLD qui est sorti aux débuts du DVD pour ne finalement jamais vraiment évoluer. Seule fantaisie accordée au film par Universal, un DVD américain était sorti avec une piste DTS. Bien que doté d'un transfert 16/9 datant de la fin des années 90, l'image a bien du mal aujourd'hui à faire illusion comparé au HD-DVD chroniqué ici. Toutefois, le premier contact avec le film commence assez mal, le logo Universal est quelque peu instable et des tâches s'invitent à l'écran. L'inquiétude est de mise pour ce qui va suivre. Finalement, très vite, l'image s'impose avec un niveau de détail insoupçonné pour ce film. Il y a bien quelques changements de teintes entre certains plans mais cela provient plus de l'image d'origine que d'un défaut de ce transfert en haute définition. Suite à la vision du HD-DVD, la curiosité amène à mettre le simple DVD du film. Le contraste est sans appel ! Le HD-DVD délivre une image bourrée de détails, aux couleurs stables et à la précision qui laisse largement derrière l'antédiluvien DVD. Notons que certains passages sont sous-titrés en anglais. Il ne sera pas possible de retirer ces traductions qui sont alors épaulées par un texte dans la langue de votre choix (français, si vous regardez le film avec son doublage…).
Le disque contient une flopée de pistes sonores. Toutes en Dolby Digital +, seules deux d'entres elles nous intéresseront plus particulièrement. La version originale anglaise, pourvue de sous-titrages français amovibles, et le doublage français. La version originale est ample et alimente généreusement toutes les enceintes de votre installation. Le spectacle sonore est quasiment non stop. Le niveau de grave semble toutefois un poil léger. Enfin, le doublage français paraît un peu moins convaincant sans pour autant décevoir outre mesure.
Format de prestige, on évoque sur la jaquette « L'image et le son à la perfection », le HD-DVD de WATERWORLD n'a pas la vocation de vous en donner plus. Il n'y a absolument aucun supplément pour le film. L'interactivité se limite au choix des langues et au chapitrage. Les menus sont d'ailleurs complètement impersonnels et n'indiquent même pas le titre du film. La magie de la HD, sur ce titre en tout cas, commence au début du film pour se terminer à son générique de fin. Pour le même prix, l'éditeur est cependant plus généreux sur d'autres titres de son catalogue en HD-DVD.