Header Critique : DRACULA 73 (DRACULA AD 72)

Critique du film et du DVD Zone 2
DRACULA 73 1972

DRACULA AD 72 

Après une folle poursuite, Van Helsing terrasse le Comte Dracula avant de décéder à son tour. Un siècle plus tard, à Londres, des hippies dont la petite fille de Van Helsing décident pour s'amuser d'organiser une messe noire au sein d'une vieille église…

A la Hammer Films, il n'est pas question d'oublier le personnage de Dracula qui conserve une aura assez forte auprès du public et des financiers potentiels. Après LES CICATRICES DE DRACULA, il est donc décidé de trouver de nouvelles pistes à explorer pour ce personnage. Parmi les idées avancées, on pense transposer le personnage de Bram Stoker en Inde. La Hammer Films voit surtout l'opportunité d'aller dépenser sur place l'argent des financiers étrangers qui sont bloqués à l'intérieur des frontières de l'Inde à cette époque. DRACULA IN INDIA, titre vaguement évoqué, sera enterré même si l'écriture ou l'évocation de lieux de tournage spécifiques sont avancés. La Warner va trancher en proposant de financer une transposition de Dracula à notre époque, ou plutôt à celle des années 70. A la même période, les suceurs de sang vont ainsi connaître les joies du confort moderne avec en tête de fil, dès 1970, COUNT YORGA distribué avec un certain succès aux Etats-Unis et auquel l'AIP ne manquera pas de donner une suite avant de produire BLACULA.

L'écriture du scénario est confiée à Don Houghton qui ne livre pas une histoire exceptionnellement inventive. En gros, le film va recycler quelques éléments de UNE MESSE POUR DRACULA avec un disciple du vampire qui organise une messe noire à même de ramener parmi nous Dracula. Les films précédents de la série n'apportaient pas non plus des intrigues très développées mais les décors et les costumes donnaient leur charme à ces métrages. Dépourvu de son décorum victorien habituel, le personnage va donc entrer de plain-pied dans un Londres peuplé de hippies insouciants évoluants au son d'une musique vaguement rock. En partant de ce postulat, il était évident que Christopher Lee n'oserait pas montrer le bout de ses canines dans un tel outrage à Bram Stoker. Pourtant, après avoir fustigé sans cesse les Dracula produits par la Hammer Films, affirmant déjà sur les films précédents qu'il n'en tournerait plus, Christopher Lee reprend tout de même du service. Autre surprise, Peter Cushing interprète de nouveau Van Helsing alors qu'il n'avait pas joué le rôle depuis LES MAITRESSES DE DRACULA. La réalisation est confiée à Alan Gibson qui avait réalisé auparavant LE MANNEQUIN DEFIGURE et travaillé sur la série télévisée JOURNEY TO THE UNKNOWN toujours pour le compte de la Hammer Films. Enfin, la productrice de télévision Josephine Douglas, fraîchement arrivée au sein de la maison de production britannique, s'essaie pour la première fois à un métrage de cinéma.

Van Helsing et Dracula, ainsi que leurs acteurs respectifs, ne se sont pas rencontrés au cinéma depuis le premier film de la série (LE CAUCHEMAR DE DRACULA). Jusqu'ici, les films de la série reprenaient là où s'était arrêté le précédant mais cela s'avère plus ou moins difficile. En effet, le scénario nécessite d'évoquer un contentieux entre les deux personnages ce qui oblige donc à tourner un prologue narrant leur dernier affrontement avant de nous transporter en 1972. Le film sera tourné sous le titre DRACULA TODAY que la production changera finalement en DRACULA A.D. 1972. En raison de sa sortie plus tardive en France, le titre sera encore légèrement altéré pour devenir DRACULA 73. Comme déjà dit, le scénario va donc s'inspirer quelque peu de UNE MESSE POUR DRACULA. On y retrouve par exemple le mélange des cendres du défunt vampire avec du sang au milieu d'une messe noire prenant comme cadre une église en ruine. Rien de très neuf à l'horizon, on remplace les notables par des hippies mais les motivations sont relativement les mêmes. Les jeunes des années 70 où les vieux du siècle précédent sont en mal de sensations. Le scénariste Don Houghton va même jusqu'à utiliser le pseudonyme un peu éculé de « Alucard » pour l'un de ses personnages, c'est à dire « Dracula » à l'envers. Un nom utilisé à maintes reprises au cinéma depuis les années 40 et LE FILS DE DRACULA.

Le déroulement du film va donc suivre une recette toute simple. Dracula revient à notre époque et décide de se venger des Van Helsing. Le descendant de la lignée du fameux chasseur de vampires va éliminer Dracula. C'est tout ! Au milieu, il faudra donc suivre les errances de la police et de nombreux dialogues qui comblent la durée du film. Il faudra aussi supporter les incohérences du scénario parmi lesquels la relation obscure entre le pieu dans le sol et les restes du vampire mélangé avec du sang pour sa résurrection. En fait, on retiendra principalement les apparitions de Christopher Lee dans une église en ruine. Pour le reste, il faudra attendre les dernières vingt minutes pour que l'action se réveille de manière à nous présenter l'affrontement final tant attendu. On notera une idée lumineuse du scénariste qui s'avère plutôt ridicule à l'écran. Les vampires craignent l'eau vive et on ne manquera donc pas d'assister à la douche mortelle d'un vampire dans une baignoire !

En plus des deux vétérans que sont Christopher Lee et Peter Cushing, le film va aussi mettre à l'écran deux jeunes femmes radieuses. A ce moment là, Caroline Munro vient de signer, fait rare, un contrat avec la Hammer Films (alors qu'elle ne tournera à l'arrivée que deux films pour eux). Elle intègre donc le casting pour un petit rôle. Mais c'est Stephanie Beacham, moins connue, qui va interpréter le personnage bien plus important de Jessica Van Helsing. Malgré les mœurs très libérées de nos hippies des années 70, le film sera fort sage en matière de nudité. La Hammer Films avait pourtait fait preuve d'un peu plus de hardiesse avec THE VAMPIRE LOVERS ou encore COUNTESS DRACULA peu auparavant. Au final, DRACULA 73 manque vilainement de mordant d'autant que les séquences horrifiques paraissent, elles aussi, bien sages si on les compare avec celles des CICATRICES DE DRACULA.

L'arrivée de nos jours du Comte Dracula ne se fait pas sous les meilleurs auspices. Ce n'est pas grave, la Hammer Films n'hésitera pas, très vite, à rappeler Christopher Lee, Alan Gibson et Don Houghton pour DRACULA VIT TOUJOURS A LONDRES. Sur un scénario un peu plus inventif, le film va manquer cruellement de moyens. Don Houghton écrira enfin une ultime aventure de Dracula pour la Hammer Films avec le très curieux LES SEPT VAMPIRES D'OR. Bizarrement, juste après DRACULA 73, Don Houghton avait proposé un scénario de film qui ne se fera pas. THE SAVAGE JACKBOOT aurait ainsi mis en scène Peter Cushing en sadique officier nazi adepte du fouet.

Les mystères de la distribution font que DRACULA 73 est sorti chez Warner aux Etats-Unis avant d'être distribué dans pas mal de pays européens à l'exception de la France. A notre connaissance, ce DVD européen est donc disponible sur le marché belge, en Angleterre ou en Italie mais n'a pas connu les honneurs d'une distribution officielle à l'intérieur de nos frontières. Pourtant, le DVD dispose de la piste audio française, de sous-titrages dans notre langue et même de menus intégralement traduits en français !

Le disque propose de voir le film avec un transfert 16/9 au format 1.77. Ce cadrage est relativement proche du format original et il ne laisse pas vraiment apparaître de défaut en dehors de choix parfois très curieux de la part du réalisateur lors des séquences « musicales » du film. La qualité de l'image n'est pas de première main et le transfert fait ce qu'il peut pour afficher correctement le film. S'il n'y a pas de quoi s'enthousiasmer outre mesure concernant l'image, le résultat reste tout de même très honorable. Il est possible de choisir entre la piste originale anglaise, avec sous-titrage optionnel, ou le doublage français. Dans les deux cas, les pistes monos ne font aucun miracle mais sonorisent convenablement le film.

Seul supplément de cette édition DVD, la bande annonce d'époque fait ce qu'elle peut pour aguicher le spectateur potentiel. Alignant des extraits du film sur des phrases chocs, la bande annonce a du mal à nous convaincre qu'il s'agit bien d'un métrage qui risque de nous insuffler un sentiment de terreur sans commune mesure. A part ce petit film promo diffusé dans les salles de l'époque, il n'y a donc strictement rien d'autre à se mettre entre nos canines proéminentes !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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Quelques scènes sympas tout de même !
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Un scénario sans imagination
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L'édition vidéo
DRACULA AD 1972 DVD Zone 2 (Belgique)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
Belgique (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Italian Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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