Au début du XXème siècle, le magicien Eisenheim se produit à Vienne avec un certain succès. Toutefois sa relation avec une jeune aristocrate va provoquer le courroux du Prince Leopold…
Dès les débuts du cinématographe, un lien va se créer entre la magie et le cinéma. Des illusionnistes passeront devant la caméra, à l'image de Channing Pollock, alors que des cinéastes deviendront célèbres en utilisant la magie à l'écran comme ce fut le cas pour George Méliès. Le mystère entourant les magiciens sera aussi utilisé à de nombreuses reprises que ce soit dans un cadre « Fantastique » ou, plus rarement, de façon réaliste. On se souviendra d'ailleurs d'une distinction faite par Clive Barker dans LE MAITRE DES ILLUSIONS. A savoir que l'illusionniste utilise des astuces pour réaliser ses tours alors que le magicien n'a pas de trucs et est doté de véritable pouvoir. La première catégorie s'avère donc plus rare au cinéma. L'illusionniste est alors parfois assimilé à un filou comme c'est le cas de Joan Blondell associée à Tyrone Power dans LE CHARLATAN. L'épouvante et l'horreur n'oublieront pas non plus d'utiliser le « magicien » que ce soit directement comme dans THE WIZARD OF GORE ou encore de façon un peu plus périphérique (A L'OUEST DE ZANZIBAR, LES MAINS D'ORLAC…). N'oublions pas non plus les biographies dont la plus célèbre met en scène Tony Curtis dans le rôle de Houdini pour HOUDINI, LE GRAND MAGICIEN. La télévision se sera, elle aussi, intéressée au personnage de l'artiste manipulateur avec par exemple LE MAGICIEN où Bill Bixby incarnait un illusionniste utilisant ses trucs pour résoudre des affaires criminelles ou aider des personnes en difficulté.
L'univers de la magie a inspiré dernièrement deux films qui sont arrivés sur les écrans à quelques mois d'intervalle. Deux films qui approchent leur sujet respectif de manière totalement opposée que ce soit dans la forme ou le fond. LE PRESTIGE s'attachait à démystifier la magie et le film réalisé par Christopher Nolan n'hésitait jamais à révéler les trucs utilisés par ses personnages. Le ton du film, très sombre et plutôt froid, prenait à l'arrivée la forme d'un véritable tour de magie avec sa façon de nous exposer ses intrigues tout en détournant l'attention du spectateur de certaines évidences. Evidemment, le film de Christopher Nolan, supérieur cinématographiquement parlant, va donc être le métrage auquel sera comparé inévitablement L'ILLUSIONNISTE de Neil Burger. Comparaison le plus souvent peu flatteuse à l'encontre de ce dernier. Pourtant, L'ILLUSIONNISTE a de nombreux atouts dans sa manche et surtout n'emprunte pas vraiment la même voie que le film de Christopher Nolan. Ainsi, plutôt que retirer la part de mystère de son illusionniste, le film de Neil Burger va, au contraire, conserver la magie de son personnage. Rien de surprenant puisque les ambitions de L'ILLUSIONNISTE sont de réaliser un film plutôt classique.
Avec son histoire romantique, L'ILLUSIONNISTE se rapproche assez nettement du film Hollywoodien de la grande époque. Grands décors, luxueux costumes et aristocratie... L'ILLUSIONNISTE est à l'évidence un film glamour. Un terme qui couplé à « classique » ne fait plus vraiment bon ménage de nos jours. Il n'en reste pas moins que L'ILLUSIONNISTE réussi à narrer agréablement son histoire avec le concours, qui plus est, d'interprètes de qualité tel que Rufus Sewell, Paul Giamatti, Jessica Biel et Edward Norton. La magie dans le film servira autant à donner une aura particulière à son personnage qu'à résoudre le conflit amoureux et politique de son intrigue. Dans ce dernier cas, il n'y a rien de très neuf à l'horizon, l'utilisation de trucs divers pour manipuler et arriver à ses fins fut déjà utilisée à de nombreuses reprises à l'écran que ce soit dans un registre « magique » ou complètement réel (MISSION IMPOSSIBLE, LE MAGICIEN, F.X. EFFET DE CHOC…). Pour en revenir à la comparaison avec LE PRESTIGE, on sera d'ailleurs assez surpris qu'en essayant de créer un personnage aux pouvoirs mystérieux, le film se termine de la manière la plus terre à terre qui soit. Tout le contraire dans LE PRESTIGE et il faut bien reconnaître que l'un est l'anti-thèse de l'autre. En tout cas, L'ILLUSIONNISTE n'a certes rien de révolutionnaire dans sa forme, ni même dans le fond, mais le charme opère tout de même très largement pour nous offrir un très plaisant et mignon spectacle.
L'édition française de L'ILLUSIONNISTE affiche une image 16/9 d'excellente facture. L'image retranscrit de manière solide les teintes volontairement sépias et dorées de la photographie d'origine. Un joli rendu qui n'est entaché que par de très rares et fugitifs effets de solarisation ou quelques fourmillements ici ou là. La musique caractéristique de Philip Glass bénéficie de deux mixages en Dolby Digital 5.1 qui sont, eux aussi, de grande qualité. Les deux pistes proposent, bien évidemment, le choix entre la version originale sous-titrée et le doublage français.
La partie supplémentaire donne l'occasion de découvrir un commentaire audio du réalisateur Neil Burger. Le cinéaste va démonter son film pendant toute sa durée en s'intéressant le plus souvent au scénario et à ses personnages. Parfois, cela s'avère d'ailleurs peu intéressant puisqu'il ne fait qu'exposer les évidences d'un scénario finalement plutôt simpliste. Il reviendra toutefois sur la nouvelle d'origine et sa façon de la développer de manière à en tirer un film sans oublier de donner diverses anecdotes que ce soit sur le tournage ou bien les illusionnistes tel que Robert-Houdin.
Robert-Houdin, on le retrouvera justement dans un petit documentaire français d'un peu plus de vingt minutes. L'éditeur a eu l'excellente idée de l'inclure puisque le personnage principal du film est grandement inspiré par Robert-Houdin. Si l'on pourra voir à redire concernant les petites saynètes de magie, pas vraiment dans le ton, entrecoupant le déroulement du documentaire, il faut reconnaître que cet avant-goût du personnage est passionnant. On pourra d'ailleurs y découvrir que pas mal des tours, y compris celui de l'oranger, réalisés dans L'ILLUSIONNISTE prennent leurs racines dans ceux de l'illusionniste français.
Le Making Of n'est, quant à lui, pas franchement informatif. Sur un peu moins de quatre minutes, il va donc mêler des interventions de différents interlocuteurs, plus particulièrement les acteurs, et survoler de façon très promotionnelle les points forts du film. Cela s'avère déjà plus intéressant lorsque l'on découvre une interview de Edward Norton enregistré lors du Festival de Deauville. L'acteur a, cette fois, un peu plus de temps pour s'exprimer même s'il est en mode promotionnel dans un tel contexte.
Deux scènes coupées sont présentées l'une après l'autre. Aucune information n'est donnée quant à leur suppression du montage final. Toutefois, on peut facilement supposer que les deux tours de magie présentés étaient un peu trop « irréaliste » techniquement et donc tranchaient avec l'aspect rationnel du film. Les derniers suppléments sont une sélection de bandes-annonces dont celle de L'ILLUSIONNISTE. Notons enfin que deux d'entre elles, LE NOMBRE 23 et LITTLE CHILDREN, sont présentés automatiquement à l'insertion du DVD.