Après la découverte d'un cargo contenant des oeufs libérant une substance hautement dangereuse, une scientifique, un inspecteur de police et un ancien astronaute vont faire équipe pour mener l'enquête.
Luigi Cozzi aura traversé le cinéma transalpin en collaborant avec plusieurs cinéastes renommés dont Dario Argento. Pourtant, en tant que réalisateur, il n'a laissé qu'une petite poignée de métrages qui ont le mérite, à leurs façons, d'être marquants. Car Luigi Cozzi est amoureux de la science-fiction que ce soit de la littérature ou du cinéma et il va ainsi essayer d'apposer cette marque sur la plupart des projets cinématographiques qu'il va signer de son nom ou plutôt de son pseudonyme, Lewis Coates. Mais la production cinématographique italienne n'a pas les moyens de financer les ambitions de Cozzi. Très influencé par le cinéma anglo-saxon, le cinéaste italien n'hésite pourtant jamais à rendre des hommages très appuyés aux films qu'il adore ce qui sera le cas dans son STARCRASH ou son HERCULE. Entre ses deux « super » coproductions américaines, il va travaillé sur ce qui est très certainement son meilleur film ! A la vision de ALIEN, il va donc proposer à un producteur italien de faire un film dans l'esprit de celui de Ridley Scott. Cette fois, le financement sera à 100% européen et des Allemands viennent prêter main forte aux Italiens qui voient là une façon de multiplier leurs mises de départs en tablant sur le succès horrifique du moment : ALIEN.
Pendant un temps, Luigi Cozzi pense titrer le film ALIEN ARRIVES ON EARTH. Titre évocateur qui a l'avantage de ne pas amener la production dans l'espace mais plutôt d'amener la créature extraterrestre jusqu'à eux. En cours de route, le producteur n'étant pas spécialement féru de science-fiction, il préfère utiliser un autre titre qui aurait dû servir à un de ses projets avortés et qui aurait dû être un film essayant de suivre LE SYNDROME CHINOIS. La filiation avec ALIEN s'évapore du titre qui devient CONTAMINATION et les éléments qui composent le métrage sont synthétisés à l'extrême. Du film de Ridley Scott, CONTAMINATION va donc conserver des oeufs palpitants et l'explosion thoracique ainsi que la visite d'un lieu extraterrestre où réside une vilaine créature. Car si Luigi Cozzi a envie de faire un film « dans l'esprit », ce n'est pas pour pondre un plagiat avec ses oeufs explosifs. Au passage, l'écriture du film va être chamboulée par de nombreux critères que ce soit les moyens budgétaires, les lieux de tournage qui changent ou bien un producteur qui demande à ce que le film s'oriente vers l'espionnage à la James Bond. A Cozzi de digérer tout cela et de rendre un scénario viable et surtout à même d'être tourné avec une poignée d'olives (des fruits qui auraient d'ailleurs servis pour décorer l'antre extraterrestre). A force d'entendre les producteurs de L'ENFER DES ZOMBIES, partageant les mêmes locaux à l'époque, s'extasier sur les revenus générés par le film de Lucio Fulci, il est décidé d'engager les mêmes acteurs. Seul Ian McCulloch est libre et il rejoint une équipe à laquelle Luigi Cozzi aimerait intégrer Caroline Munro avec qui il a fait STARCRASH. Le producteur met son veto en décrétant qu'une scientifique ne peut pas être aussi jolie et aussi jeune. Parée de ces deux compliments, la canadienne Louise Marleau va donc intégrer le casting auquel on ajoutera Marino Mase et, pour le quota teuton, Gisela Hahn et surtout Siegfried Rauch.
Cinq semaines de tournage plus tard réparties entre l'Italie, les Etats-Unis et la Colombie, CONTAMINATION est assemblé et sonorisé grâce à une partition musicale des Goblin. Tout est prêt pour faire un malheur dans les salles italiennes. Et, effectivement, un malheur se produit le jour de la sortie. Un bombe explose à la gare centrale de Bologne et fait des dizaines de morts et des centaines de blessés. L'acte terroriste perpétré par des activistes d'extrême droite va jeter un froid sur la population italienne qui va décider de rester au chaud et à l'abri. Durant le mois d'août 1980, les salles italiennes sont désertées par les spectateurs et CONTAMINATION en fait les frais. Heureusement, Menahem Golan apprécie le film et le renomme ALIEN CONTAMINATION pour le sortir sur le territoire américain où il sera un petit succès. Au temps de la VHS, en France, le film fera les beaux jours des vidéo-clubs avant de disparaître dans l'oubli tout en gardant un certain aura « culte » auprès de nombreux cinéphiles orientés vers le Bis.
Plus de 25 ans plus tard, CONTAMINATION tient toujours bien la route ! Balayons rapidement les possibles défauts de l'oeuvrette de Luigi Cozzi. Il est vrai que certains dialogues risquent de provoquer d'évidentes réactions d'hilarité et plus particulièrement dans son doublage français plus décomplexé. Les grosses ficelles apparentes des effets spéciaux vont sauter aux yeux du spectateur habitué aux images numériques d'aujourd'hui. Pourtant, le métrage garde le charme indélébile du film confectionné avec amour. Car même si Luigi Cozzi doit composer avec la plupart des obstacles rencontrés sur une production italienne du début des années 80, il livre avec CONTAMINATION un film honnête de bout en bout. Là où d'autres auraient repris le scénario du film de Ridley Scott à la lettre, il réinvente littéralement le concept sans oublier d'y incorporer les demandes de la production. Opportuniste à la base, CONTAMINATION se démarque ainsi énormément des copies appliquées qui n'auront pas manqué d'apparaître suite au succès commercial de ALIEN. Les explosions sanglantes du film lui auront donné sa notoriété à l'époque mais sa réputation de film gore risque, aujourd'hui, d'induire un peu en erreur les aficionados de l'horreur. D'ailleurs, si Luigi Cozzi revendique bel et bien son inspiration envers le film de Ridley Scott, il n'en oublie pas de pointer des références à d'autres métrages largement plus antérieurs dont les plus évidents sont LA MARQUE de Val Guest ou L'INVASION DES PROFANATEURS DE SEPULTURES de Don Siegel. Plus que le film de monstre à la ALIEN, c'est bel et bien vers cette science-fiction plus « classique » que Luigi Cozzi lorgne en filmant CONTAMINATION.
CONTAMINATION connaissait déjà une édition de qualité du côté des Etats-Unis. Neo Publishing affronte donc Blue Underground et bat sur de nombreux points l'édition américaine ne serait ce que sur une partie du contenu éditorial ! Mais commençons pas le film qui est proposé ici dans son format cinéma avec un transfert 16/9. L'image s'avère de plus agréable et ne porte pas de véritable défauts notables. En comparant avec l'édition américaine, on notera quelques différences ici ou là mais rien de très significatif en dehors du générique particulièrement clair sur le DVD français.
Si les Américains avaient fait le choix de mixer à toutes les sauces (DTS et tutti quanti) le doublage anglais, Neo Publishing propose seulement deux pistes audio, toutes les deux en mono. On retrouve le doublage français un peu moins riche, par endroit, si on le compare avec la piste italienne. Car la seconde bande sonore est donc dédiée au mixage italien qui est proposé avec un sous-titrage français. Même si il est difficile de certifier une version originale sur un film italien de l'époque, cette piste italienne s'avère très satisfaisante et les voix font un peu moins forcées par rapport au doublage anglais. Toutefois, il ne sera pas possible de comparer directement sur cette édition puisque la version anglaise n'est donc pas disponible ici.
Au démarrage du film, Luigi Cozzi nous fait une petite présentation un peu inutile. Il faudra attendre les suppléments pour que le cinéaste soit plus volubile. On retrouve un Making Of d'époque où Luigi Cozzi nous donne une petite leçon de cinéma sur un peu plus de vingt minutes. Certains passages paraîtront incongrus comme l'introduction mais l'ensemble s'avère des plus informatifs. Avec plus de vingt ans de plus, Luigi Cozzi revient sur le film dans une interview exclusive à cette édition d'environ neuf minutes où il se remmémore en détail la genèse de CONTAMINATION. Le premier DVD se conlut avec une galerie de photos (assez peu fournie surtout si on compare avec le disque américain) et quatre filmographies.
Un second DVD vient creuser un énorme écart avec l'édition américaine. Néanmoins, son contenu n'est pas directement lié à CONTAMINATION. Ce deuxième disque est en grande partie dévolu au premier film de Luigi Cozzi qui est d'ailleurs plus un moyen métrage puisque sa durée n'excède pas les 56 minutes. LE TUNNEL SOUS LE MONDE (IL TUNNEL SOTTO IL MONDO) est, en tout cas, un document exceptionnel dans le sens où très peu de personnes ont pu le voir jusqu'à ce jour. D'un autre côté, il faut reconnaître que ce film est aux antipodes de CONTAMINATION. Ce dernier fait dans un cinéma commercial à la forme narrative classique alors que LE TUNNEL SOUS LE MONDE est un film d'auteur à la narration libre, au montage chaotique et au résultat bien souvent abscons. Sur un peu moins d'une heure, il est assez difficile de tenir le choc et on appréciera surtout le dialogue sur dieu avec le super ordinateur qui s'occupe du bien être de l'humanité. Touchant par instant au surréalisme, le reste du métrage est dans son ensemble totalement bordélique. Luigi Cozzi amène d'ailleurs des explications à ce sujet dans une interview où il révèle que la création du film est à l'image de son résultat final. L'objet reste un document exceptionnel et on excusera au passage les nombreux défauts de pellicule mais aussi vidéo. La source qui a servi au transfert est très certainement une cassette vidéo, la bande usée laissant apparaître des indices évidents. En plus de l'interview, ce DVD reprend le documentaire « Le Tunnel sous le Monde » qui fait le tour de la carrière de Luigi Cozzi, en fait une grosse interview par et sur le cinéaste, qui était déjà présent sur le DVD de STARCRASH. Une fiche technique et trois filmographies dont l'une ne cite que deux films et rien d'autre !