Header Critique : OTHER, THE (L'AUTRE)

Critique du film et du DVD Zone 2
THE OTHER 1972

L'AUTRE 

Après la mort accidentelle de leur père et malgré les problèmes de santé de leur mère, les jumeaux Niles et Holland semblent passer un été normal. Mais des événements étranges commencent à entacher les beaux jours dans la maison familiale.

Tout d'abord acteur, Tom Tryon se fait un nom et apparaît dans divers films dont I MARRIED A MONSTER FROM OUTER SPACE ou encore TERRE SANS PARDON. Mais sa carrière devant la caméra va lui amener de grosses désillusions en raison de deux expériences difficiles. Il sera ainsi amené à donner la réplique à Marilyn Monroe, mais la production du film s'arrêtera quelques semaines plus tard avec le renvoi de l'actrice. Enfin, LE CARDINAL laissera l'acteur ébranlé après un tournage éprouvant en raison du caractère tyrannique d'Otto Preminger. Tom Tryon décide alors de se tourner vers l'écriture et s'illustrera à plusieurs reprises dans le domaine de l'horreur et du suspense. A la vision de ROSEMARY'S BABY de Roman Polanski, il a d'ailleurs l'idée d'écrire un livre d'épouvante. Le Visage de l'Autre sera publié en 1971. Devant le succès de l'ouvrage, Tom Tryon va produire et signer le scénario de son propre livre avec THE OTHER (titré originellement L'AUTRE en France).

De prime abord, Robert Mulligan n'a rien d'un cinéaste attiré par le Fantastique et l'épouvante mais il est intéressant de rapprocher L'AUTRE avec DU SILENCE ET DES OMBRES qu'il réalisa une dizaine d'années auparavant. Si l'on met de côté quelques parallèles comme l'ancrage des deux films dans le sud des Etats-Unis dans les années 30, on notera surtout qu'il y a déjà des touches étranges flirtant avec l'épouvante gothique. Une intrigue parallèle montre ainsi les enfants jouant à se faire peur en s'aventurant près de la maison qui abrite le croque-mitaine du coin. Ces quelques scènes nocturnes mettent avec brio le spectateur face aux peurs enfantines des ces jeunes personnages. Avec L'AUTRE, Robert Mulligan entre de plain-pied dans le Fantastique en filmant un drame «gothique» dans un contexte ensoleillé et champêtre. Le cadre bucolique ne correspond pas vraiment à ce type de film mais c'est justement de cet environnement agréable que l'intrigue de L'AUTRE tire sa force. Le quotidien banal de jours paisibles se voit petit à petit contaminé par l'étrangeté de certaines situations jusqu'à plonger dans l'horreur pure durant les dernières minutes. L'apparente sobriété de la réalisation sert, tout comme le décor, à placer le spectateur face à la véritable horreur de la situation : une folie «ordinaire» bien plus troublante et abominable que tous les vampires, les savants fous et les momies du bestiaire de l'horreur.

Car si L'AUTRE se rattache sans aucun doute possible au cinéma d'épouvante et au Fantastique, il se refuse aux effets faciles. Le film de Robert Mulligan exploite plutôt divers genres et inscrit son «horreur» dans un quotidien où la réalité dépasse la fiction. L'intrigue aborde le thème de l'enfant maléfique dans un contexte réel, comme dans LA MAUVAISE GRAINE de Mervin LeRoy, démasquant le visage de l'innocence pour mieux nous inquiéter. On pensera aussi à certains thèmes développés dans CHAQUE SOIR A NEUF HEURES, de Jack Clayton, quelque part assez proche de L'AUTRE, où des enfants cachent un lourd secret derrière une apparente normalité. L'AUTRE se permet aussi d'évoquer l'influence que peut avoir le monde des adultes sur un enfant perturbé. Ainsi, un «jeu» innocent initié par une grand-mère, avec toute la bonne volonté du monde, est à même de provoquer des troubles profonds. De même, l'enfant reproduit à sa façon, dans ses actes ou sa vision de la réalité, ce à quoi il a pu être exposé auparavant. Dans cette optique, une attraction foraine dans un bocal amènera la plus effroyable et perturbante révélation du film. Et puisque l'on évoque les rebondissements de L'AUTRE, le plus important a tellement été utilisé depuis au cinéma qu'il en devient malheureusement assez vite évident. C'est pourquoi, nous n'évoquerons aucun titre pour éviter de déflorer la surprise. En tout cas, cela ne pose pas pour autant un véritable problème puisque le film se base essentiellement sur une ambiance qui sombre petit à petit dans la folie. L'une des meilleures scènes est ainsi une confrontation entre l'un des jumeaux et le contenu d'un cercueil, passage tenant autant du souvenir que du cauchemar éveillé.

Le récit de L'AUTRE place deux enfants dans les rôles principaux. Alors qu'il s'agit de leur seule et unique prestation devant une caméra, les deux véritables jumeaux, Chris et Martin Udvarnoky, s'avèrent parfaits de bout en bout. L'intérprétation des deux jeunes garçons fait d'ailleurs partie des grandes qualités de ce film, lui donnant une crédibilité supplémentaire. Il en va de même pour Uta Hagen, actrice largement confirmée, incarnant la grand-mère des deux enfants.

L'éditeur mk2 permet de revoir L'AUTRE sous son titre original. On ignore la raison pour laquelle THE OTHER a été privilégié alors que le film est bel et bien sorti ici sous un titre français. Mais l'important est que cette édition DVD nous propose une image de toute beauté. Le transfert 16/9 au format cinéma respecté affiche des couleurs naturelles et une image d'une belle précision. Le boulot est nickel ! Pour le son, il faudra choisir entre la version originale, aux sous-titrages amovibles, et le doublage français d'origine. Les deux sont en mono et on aura tendance à vous conseiller la version originale, ne serait-ce que pour éviter le doublage des enfants pas forcément de grande classe, ou encore un mixage plus naturel des voix dans l'environnement sonore. Les deux pistes, bien que détaillées, souffrent d'une limitation dans le spectre, certainement d'origine, qui ne pose, à vrai dire, aucun problème d'écoute. On notera enfin que le choix des langues se fait au démarrage du film ou bien avec la télécommande. Le menu présente d'ailleurs une bizarrerie puisque le menu avec les chapitres est intitulé «Les règles du jeu» et placé curieusement entre deux options de suppléments.

L'intégralité des suppléments est une collection de vidéos toutes construites sur le même principe. A savoir un assemblage d'extraits du film, parfois agrémenté de photos annexes comme des affiches de films ou photos de personnalités, accompagné d'une voix off. La voix en question est celle de Pierre Berthomieu qui parle donc de différents sujets. Il s'agit en grande partie de l'approche analytique qui mène parfois à dire des bêtises et, bien sûr, cela ne manque pas dans cette édition DVD de L'AUTRE. Car quand une personne affirme que l'un des plus beaux moments du cinéma de Robert Mulligan est dans le générique d'ouverture de DU SILENCE ET DES OMBRES, il y a un truc qui coince. En effet, le générique du film en question n'est pas vraiment de Robert Mulligan. Ce serait un peu comme essayer de rattacher de manière pertinente les éléments du générique de SPARTACUS, qui est de Saul Bass, à la filmographie de Stanley Kubrick. Et dans notre exemple de DU SILENCE ET DES OMBRES, il est inutile de faire des recherches poussées pour le découvrir, l'information est écrite à même « l'un des plus beaux moments du cinéma de Mulligan» (son générique) en y créditant justement Stephen Frankfurt pour celui-ci. L'homme est bien plus obscur que Mulligan, on vous l'accorde, mais ce n'est pas une raison. Hormis cette sortie de route, ce sont donc une quarantaine de minutes réparties en une flopée de petites vidéos d'une poignée de minutes. Il aurait certainement été plus pertinent de tout scotcher ensemble pour éviter de devoir enclencher le module suivant à peine après avoir posé la télécommande. Qu'importe, l'approche historique est presque totalement occultée pour adopter la fameuse analyse qui mène à des réflexions pertinentes et d'autres plus vaseuses. Ce sera donc au «cinéphile du dimanche», le consommateur de DVD (vous et moi, donc), de faire le tri ! Les sujets abordés sont dévolus à une présentation du film, une analyse de diverses séquences ou encore un décorticage de la musique.

En matière de suppléments, il y avait matière à faire moins «intelligent» mais surtout plus «passionnant». Car plus qu'un éclairage sur les mouvements de caméra employés, il apparaissait plus intéressant, si l'on a envie de donner le goût du cinéma à un large public, de faire un portrait de la gémellité à l'écran ou encore des enfants meurtriers au cinéma. Toutefois, il ne faudrait pas s'arrêter à cette image négative d'autant que la plupart des éditions du film ne proposent que la bande-annonce (absente ici par ailleurs). L'important est tout de même préservé. A savoir une belle retranscription du film de Robert Mulligan qui donnera certainement l'occasion de redécouvrir L'AUTRE.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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L'édition vidéo
THE OTHER DVD Zone 2 (France)
Editeur
mk2
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h36
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Il était une fois (6mn55)
      • Le Style Mulligan
      • La Pastorale (3mn30)
      • Le double (4mn16)
      • L'imaginaire de l'enfance (2mn34)
      • Le fantastique (4mn34)
      • La Musique du film
      • Les collaborations musicales (4mn16)
      • Le thème de Niles (4mn42)
      • L'univers de la magie (2mn26)
      • Les effets dissonants (1mn02)
      • La conception sonore (2mn14)
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