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Critique du film et du DVD Zone 2
PULSE 2006

 

Dans la rafale de versions américanisées de succès cinématographiques asiatiques, le KAIRO de Kyoshi Kurosawa a trouvé preneur chez Distant Horizon et Dimension Films. Cela se nomme désormais PULSE. Une sortie en salles tronquée aux USA, un tantinet sacrifiée en France par un distributeur qui ne semblait pas y croire. Des résultats médiocres, des bruits de charcutage du film par les producteurs et un produit fini aux fortes odeurs d'inachevé. Voici maintenant que débarque l'édition DVD Française, un bon moment afin de faire le point une fois la tourmente passée. En préambule, petite précision : nous évacuerons tout de suite la comparaison malheureuse que PULSE pourrait avoir avec son original. Ce n'est pas le sujet de cette chronique.

A la faveur du suicide de son petit ami (Jonathan Tucker), Mattie (Kristen Bell) décide de pousser ses investigations. Ses amis semblent tous être victime d'un même syndrome suicidaire après s'être connecté sur internet. La vague de suicides s'étendant petit à petit, il semble que des spectres venant du cyberspace aspire toute velléité de vie chez certains internautes.

Dégagé ainsi de toute velléité de mettre en parallèle la peur viscérale et culturelle japonaise d'une certaine éviscération de l'inconscient collectif, que reste-t-il de PULSE ? Tout d'abord une genèse douloureuse. Cela semble d'ailleurs être une marque de fabrique lorsqu'on considère les projets soutenus par Dimension films et impulsés par les frères Weinstein. A voir les destins contrariés de VENOM, CURSED ou dernièrement le remake de BLACK CHRISTMAS et les innombrables tripatouillages, coupes, retournages de scènes dont ils ont été victimes, on se dit que PULSE a du subir quelques coups de boutoir. Tout d'abord initié par Wes Craven (ici crédité en qualité de co-scénariste), le film a été mis en stand-by puis relancé pour échoir à un réalisateur publicitaire du nom de Jim Sonzero. Une fois tourné, le film a bénéficié d'une polémique sur le fait d'avoir été coupé afin d'avoir un classement seulement interdit aux mois de 13 ans aux USA («PG-13»). Et donc de s'adresser plus au public de la série surnaturelle VERONICA MARS dont est issue l'héroïne, Kristen Bell. Mauvais calcul. Le film s'est pris une veste à peu près partout à travers le monde afin de ressurgir dans une version dite «Unrated» en Zone 1. Il manquait visiblement deux scènes : un suicide du haut d'une tour et un avion en flammes s'écrasant sur la ville.

Une première partie assez adroite focalise les relations entre les protagonistes sur ce qu'elles ont de déshumanisées. On se parle par SMS, par chat, on télécharge sur Internet des films… tout passe par la technologie. La valeur humaine est définitivement en baisse sur le marché relationnel. Comme si un fantôme électronique s'était emparé de la conscience de chacun. C'est petit à petit l'argument que va mettre en avant le scénario, via la phrase qui initie le cycle de fin de vie «voulez-vous rencontrer des fantômes ?» qui apparaît sur les ordinateurs. Virus ? Conscience de la machine ? Tunnel d'entrée sur le monde des vivants de la part de fantômes ? Ou passage de sortie pour les derniers «êtres humains» happés par la technologie ?

Pour aller de concert dans cette direction, l'ancien réalisateur de pub Jim Sonzero donne une tonalité très froide à son film (du gris, du bleu...). Le peu de couleurs chaudes apparaissant se trouve être le fameux ruban adhésif rouge qui protège des fantômes (pourquoi, on ne le saura pas) ou encore le peu de sang que le réalisateur nous donne à voir. On assiste ainsi à une certaine cohérence et un soin particulier a été apporté au visuel de PULSE.

Quelques effets spéciaux «fantomatiques» de spectres hurlants, s'abattant sur des voitures, s'extirpant des écrans, surgissent ça et là. Il faut avouer qu'ils demeurent à peine dans la moyenne de ce qui se fait aujourd'hui. Le spectateur est gréé à PULSE de ne pas sombrer dans le nième film de fantômes avec idiotes à cheveux longs qu'Hollywood nous a gratifié depuis quelques temps (THE GRUDGE et THE GRUDGE 2, au hasard, remakes de films asiatiques aussi par ailleurs…). L'irruption d'Internet et de ses possibilités dans le mode de communication bat d'ailleurs son plein. CRY_WOLF en est par exemple un des derniers avatars. Mais la qualité des effets spéciaux laisse quand même parfois à désirer. Comme, par exemple, lors de la scène où Mattie remarque un spectre dans sa baignoire, à la surface de l'eau. Dans un produit vidéo Nu Image, on est au niveau de l'acceptable mais, ici, cela devient risible. Et la plupart des effets sont au diapason malgré les efforts fournis.

Une scène retient cependant l'attention, celle de l'agression d'Octavia Spencer dans la laverie. La créature sortant du séchoir est impressionnante. Il s'agit bien du seul plan surprenant de PULSE. Un autre plan se voulant «choc» tombe quelque peu à plat du fait d'un sentiment de déjà-vu. Celle où Kristen Bell et Ian Somerhalder fuyant en voiture sont percutés par un autre véhicule. La caméra est dans la voiture, montrant le visage de Mattie à la place passager avant et, en même temps montrant l'autre voiture, se télescopant latéralement. Ce plan similaire a déjà été utilisé à plusieurs reprises par le passé : dans MEMOIRE EFFACEE de Joseph Ruben ou encore KOMA de Chi-Leung Law. A force, le spectateur devient conditionné et attend à ce que l'événement se produise.

Ainsi voit-on le problème majeur du film. Tenter de faire original avec un sujet déjà traité, des personnages aussi transparents que les fantômes dont il parle et avec un visuel certes cohérent mais n'imitant que ce qui a déjà été fait auparavant. On assiste à un produit professionnellement et consciencieusement réalisé mais qui ne touche rien de neuf et n'apporte rien de novateur. Le pire, aussi, c'est de traiter d'un certain vide des rapports humains à travers des personnages qui sont à peine effleurés. On croit la véritable nature de l'amitié qui lie Mattie au reste du groupe au début du film. Mais l'étude de caractères est quasi nulle : on ne peut s'attacher en rien à qui que ce soit au delà de ce constat. Les acteurs n'ont quasiment rien à faire. Ian Somerhalder et Kristen Bell en tête, même s'ils en sortent de manière honorable de leur travail. Les seconds rôles remplissent leur contrat. Brad Dourif vient pousser son grognement (le ridicule n'étant pas loin). On sent la mécanique huilée mais l'âme cinématographique est en panne.

Et pour le reste, les intentions restent au stade de l'incomplétude. Le film ne fait ni jamais peur, ni véritablement appel au malaise. Ou alors peut être pour un public adolescent peu exigeant. Et encore. Il semble parfois sans vie, un peu comme chacun des protagonistes qui se voit privé de sa force vitale et finit par se suicider. On ne peut nier un ton volontairement pessimiste. Notre mode de vie est en danger : la technologie moderne, c'est la mort, voir la fin du monde. Parti de ce postulat, le film déroule le tapis rouge du pire qui puisse arriver. Un rejet des technologies de communication telles que nous les connaissons.

Dans Sonzero, il y a son. Celui de cette édition DVD est particulièrement faiblard au niveau qualitatif. 5.1 ou DTS, tout est assez plat, sans relief sonore. Très attristant. On sent une certaine richesse sonore dans les effets, mais rien de véritablement enveloppant. Il faut vraiment pousser son ampli afin d'obtenir un semblant d'univers sonore. Nous passerons sur la piste stéréo (française ou anglaise) qui là aussi n'apporte strictement rien. La plus grosse déception vient de la piste DTS. Certaines éditions sorties chez TF1 Video, qui proposent toujours les pistes Dolby Digital 5.1 et DTS, avaient pour qualité de posséder des pistes DTS de qualité (le médiocre SOUS LE SILENCE de Tom McLaughlin ou encore UNE AFFAIRE PRIVEE de Guillaume Nicloux). Ici, c'est loin d'être le cas. Peut être du fait de la présence d'une palette complète sonore (Dolby 2.0, Dolby 5.1 et DTS que ce soit pour le doublage ou la version originale), on assiste à une sorte de rognage sur le qualitatif. Qui plus est, les sous-titres ne sont pas amovibles, probablement bloqué par contrat.

Visuellement parlant, le film souffre tout d'abord du côté blême voulu par le réalisateur. Les scènes sombres passent relativement mal sur un écran TV, même si l'on dénote une certaine qualité dans les contrastes et le transfert des couleurs à majorité froides de l'ensemble. De ce fait, certains effets spéciaux numériques passent relativement mal (comme celui du suicide du haut d'une tour, très visible). Malgré cela, l'agrément du transfert 16/9 apporte un ensemble de belle qualité, sans aucun grain ni griffure et doté d'une compression honorable.

Les bonus (tous en version anglaise et sous-titrés en français) reprennent peu ou prou ceux existants sur l'édition américaine. Sont manquants à l'appel le film annonce et les commentaires audio de Gary J. Tunnicliffe (pour les maquillages) et Jim Sonzero, puis celui des producteurs Mike Leahy et Joël Soisson, le superviseur des effets spéciaux Kevin O'Neill, le monteur Kirk Morri, et l'acteur Samm Levine.

Douze chapitres, une durée de film de 79 mn et au final générique de fin compris, 84mn34 (Zone 1 : 88 mn, la différence venant de la vitesse due au système NTSC vs PAL). Quelques aspects nébuleux du film se verront-ils expliqués par les scènes coupées ? Jim Sonzero se plaint que certaines séquences furent coupées au montage. La section «Scènes inédites» offre sept scènes dont une fin alternative qui heureusement est restée sur le carreau. Parmi l'une d'entre elle, on notera aussi un titrage sensé indiquer le nombre de jours, une information absente dans le film terminé. Le reste demeure sans intérêt pour la narration, laborieuses tentatives avortées de faire évoluer le caractère des protagonistes («Dexter achète un ordinateur» représente le sommet du gouffre vide de ces scènes).

La Making Of très formaté donne quelques courtes interviews des acteurs et actrices (dont on apprend avec une joie immodérée que Jim Sonzero leur a permis de rester sexy sur le tournage. Quelle nouvelle !), des effets spéciaux tournés en live, et un aperçu de la méthode Sonzero. Jim Sonzero a de beaux tatouages sur les bras. Passons... Les effets spéciaux du film, rythmés par l'intervention de Kevin O'Neill, montre l'écart qui sépare les bonnes intentions de ce qu'on voit à l'écran. On reste dans le domaine de l'honnête travail (le pire étant les scènes où Mattie déambule dans l'autre monde). Mais heureusement, le décrochage de mâchoire arrive avec le documentaire PULSE et le paranormal, où on assite à des interventions de chasseurs de fantômes travaillant sur le SciFi Channel et intervenant en public, de responsable universitaire investiguant les effets paranormaux (et on pense tout de suite à LA VOIX DES MORTS)… afin de raccrocher PULSE au wagon de manifestations qui peuvent être réelles. Et on se demande quand même où veulent en venir les producteurs des DVD ?

Un sentiment partagé domine la plupart du temps. On ne nie pas la volonté de créer un univers noir, sans issue, pointant le dénuement d'une génération incapable de communiquer et d'aller au bout de son discours. Bien. Mais la manière de le montrer inspire plus l'ennui que la peur, la frayeur ou l'effroi. On reste au final sur des spectres qui errent dans des caves ou des couloirs. Donc PULSE se rattache à la cohorte de films de couloirs. Les sursauts sont téléphonés, les personnages n'ont pas grand-chose à faire si ce n'est regarder la caméra, sourire, avoir peur, courir. Aucune ambiguïté, aucune humanité avérée pour qui que ce soit. Et ce n'est pas une tentative de fin dramatique qui rattrapera la vacuité de l'ensemble. PULSE devient, de guerre lasse, un produit opportuniste de consommation courante, noyé dans une masse de produits sans âme, jetant son dévolu sur la forme pour tenter de se distinguer du reste.
Qui PULSE le plus, pulse le moins. C'est le moins qui l'emporte, sans équivoque.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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L'édition vidéo
PULSE DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h25
Image
2.35 (16/9)
Audio
English DTS 5.1
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making of (6mn55)
    • Les effets visuels (5mn55)
    • Pulse et le paranormal (4mn23)
      • Scènes inédites ou alternatives (12mn19)
      • Fin alternative
      • Intro de Dexter
      • Dexter achète un ordinateur
      • Dexter et Mattie rendent visite à l'amie de Zeigler
      • Dexter et Mattie entrent dans le labo
      • L'effroi de Mattie dans le couloir obscur
      • L'autre monde après l'aspiration des esprits
      • Dexter meurt
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