Plusieurs amis s'égarent sur une île qui semble désertée par sa population. A l'hôtel de l'île, ils découvrent les décorations de fin d'année alors qu'ils sont en été. Surprenant... Mais le plus étrange reste encore à venir car l'île est manifestement en proie à de curieux phénomènes !
Bien que INSEMINOID ait fait son effet autour du globe, Norman J. Warren reste en Angleterre et, faute de trouver des financements ou de projets cinématographiques viables, il tourne des documentaires. Il essaie de monter BEYOND TERROR, un film s'inspirant d'idées non retenues dans LA TERREUR DES MORTS-VIVANTS. Peine perdue ! Trois ans après INSEMINOID, il aura une mauvaise expérience sur le tournage de GUNPOWDER, un film d'espionnage et d'action, type James Bond, où la production lui donne des moyens ridicules. Mais son plus grand regret reste à venir avec REVEILLON SANGLANT !
Plutôt confiant, avec une intrigue finalement pas si bête, Norman J. Warren va de nouveau être en conflit avec l'équipe de producteurs. Cette fois, ce n'est pas vraiment une question d'argent même si, à l'évidence, l'argent ne tombe pas du ciel sur le tournage. Il va surtout être face à une incompréhension avec des financiers qui veulent mettre en boîte rapidement le film, sans se poser de questions, et qui n'ont cure des vues artistiques et, encore moins, qualitatives du cinéaste britannique ! D'après Norman J. Warren, on lui imposera ainsi un tournage décourageant où la production lui indique de couper court à certaines scènes et à ne pas filmer plus que nécessaire. Situation désarmante auquel se plie le réalisateur bien conscient que le résultat final sera bâclé !
REVEILLON SANGLANT, diffusé à la télévision sous le titre curieux LES MUTANTS DE LA SAINT SYLVESTRE, est de toutes façons un film qui flirte carrément avec l'étrange. Car si le film est vendu comme un film d'horreur, il intègre en son sein l'onirisme, un peu de poésie (voir la scène avec la boule à neige) et même de la science-fiction. Hélas, le mélange est loin de fonctionner à merveille, certaines séquences laissant plutôt dubitatif quant à ce que l'on est en train de regarder. Comme d'habitude, Norman J. Warren s'est laissé influencer par quelques films d'horreur des années précédentes. Ainsi, on pourra noter cette caméra qui a tendance à flotter au ras de l'herbe en essayant de trouver l'énergie du EVIL DEAD de Sam Raimi. De même, difficile de ne pas penser aux GRIFFES DE LA NUIT de Wes Craven avec cette entité qui sort des murs, un effet réalisé avec les maigres moyens du bord où l'on discerne clairement la peinture qui s'écaille sur la fausse paroi élastique. On relèvera aussi une mise à mort motorisée qui renvoie à LA TERREUR DES ZOMBIES de Marino Girolami. Ces influences servent une intrigue où plane un mystère qui n'est pas sans rappeler l'histoire de THE PHILADELPHIA EXPERIMENT avec son expérience militaire ratée. REVEILLON SANGLANT ne raconte pas pour autant la même histoire en adoptant un point de vue totalement différent.
Le film marque quelques points durant de rares scènes éparpillées ici ou là. On évoquera, par exemple, les apparitions du pilote dans une maison en ruine, l'un des passages qui semble le plus travaillé par rapport au reste et qui s'avère plutôt convaincant. Mais, coincé entre des scènes de dialogues assez pauvres ou des parties horrifiques pas toujours maîtrisées, le tout perd un peu de sa superbe. Surtout que l'on ne comprend pas vraiment où tout cela veut en venir. Ainsi, on pourra se demander pourquoi nos héros sont attaqués car, après tout, les agresseurs n'ont pas vraiment de raison de les martyriser. A moins qu'ils ne soient devenus fous mais cela n'explique pas pour autant les étranges phénomènes dont nos héros sont les spectateurs comme la nappe d'une table qui prend vie ou bien, encore, tous les éléments d'une cuisine qui s'affolent sans trop de logique. Dommage car il y a, tout de même, là dessous, de bonnes idées qui s'avèrent assez mal exploitées. A partir de là, on pourra toujours essayer de se raccrocher à l'ambiance surnaturelle qui verse dans l'insolite comme lorsqu'un spectre sort d'un écran de cinéma (référence à LA ROSE POURPRE DU CAIRE ?), qu'une jeune femme est agressée par un filet de pêche et ses hameçons ou encore lorsqu'un orchestre apparaît dans une salle de bal pour jouer un air. Plutôt maigre, tout de même !
Suite à ce film, les temps sont durs en Grande Bretagne pour le cinéma et il est devenu assez difficile de produire des films indépendants en Angleterre. Pendant un temps, Norman J. Warren travaille pour le producteur Richard Gordon, avec lequel il a déjà collaboré pour INSEMINOID, sur une nouvelle adaptation de FIEND WITHOUT A FACE. D'ailleurs, il s'agit du film qui est projeté dans le cinéma à l'intérieur de REVEILLON SANGLANT. Malheureusement, cela ne se fera pas et le scénario écrit par Norman J. Warren et Keith Williams restera dans un tiroir. Le cinéaste anglais travaillera alors pour la BBC sur des documentaires et des films éducatifs en espérant bien, un jour, tourner de nouveau un film d'horreur !
Mine de rien, en sortant REVEILLON SANGLANT, Neo Publishing donne l'occasion de terminer sa collection de Norman J. Warren puisque l'éditeur a sorti tous les films d'horreur du cinéaste. Ne manquerait plus que son SPACED OUT (OUTER TOUCH) pour disposer de toute sa filmographie « Fantastique » ! En tout cas, ce DVD offre de voir REVEILLON SANGLANT en plein écran. Les couleurs sont relativement stables et la compression n'est pas trop voyante. Mais on suppose que le transfert utilisé ne date pas d'hier car d'une manière générale l'image manque un peu de pêche tant du point de vue de la définition que des contrastes.
Les plus téméraires regarderont le film avec son doublage français bien miteux qui n'avait pas besoin d'une aide supplémentaire pour lui mettre la tête sous l'eau. Le mieux, c'est donc de se tourner vers la version anglaise sous-titrée qui ne fait pas de miracle avec son mono d'origine. Les deux pistes sont claires et ne présentent pas vraiment de défaut en dehors de leur platitude d'origine.
La galerie de photos propose une vingtaine de clichés entre photos de production, affiches et jaquettes vidéo. Il y a bien encore quelques filmographies mais on se rendra bien vite compte que la plupart des acteurs n'ont rien fait de transcendant dans leurs carrières qui s'avèrent très vite résumées. Ajoutez à cela une fiche technique et vous aurez fait très vite le tour de la partie des suppléments.
Ce n'est certainement pas ce que Norman J. Warren a fait de mieux dans sa carrière de cinéaste indépendant. Mais, néanmoins, même dans un domaine franchement médiocre, nous sommes encore éloigné de la platitude ou de la nullité de certains produits tournés plus récemment en vidéo et qui peuplent, au hasard des sorties, les marchands de journaux ou les vidéo clubs. L'envie de bien faire de Norman J. Warren, sans doute !