Traumatisé par l'histoire du croquemitaine que lui a raconté son père, Tim est persuadé qu'une créature maléfique rôde dans sa chambre et se cache dans son placard ou bien sous son lit. Alors qu'il est devenu adulte, il retourne dans la maison de son enfance de façon à affronter ses peurs...
Depuis la création de Renaissance Pictures et le tournage de EVIL DEAD, Sam Raimi et Robert Tapert sont restés très liés. Leur maison de production s'est assez vite intéressée à la télévision en dehors des quelques films produits pour les salles de cinéma (DARKMAN, TIMECOP...). En 2002, le duo est contacté par Joe Drake et Nathan Kahane qui ont l'idée de créer une nouvelle structure de production dédié à la création de films d'horreur. Ce sera Ghost House Pictures qui traîne déjà, lors de sa création, le scénario de BOOGEYMAN. Toutefois, le premier film qui sortira de Ghost House Pictures sera THE GRUDGE, remake du film japonais réalisé par son propre réalisateur (Takashi Shimizu). Entre-temps, BOOGEYMAN est révisé à la demande de Stephen Kay, le réalisateur choisi pour le diriger. Un peu daté et trop démonstratif, le scénario est donc remis au goût du jour en suivant des influences dans l'air du temps, plus proche du film de spectre asiatique que du film de croquemitaine.
Sur une idée plutôt bonne, celle de faire peur à son audience en utilisant les peurs enfantines, BOOGEYMAN ne séduit par pour autant. Le film s'ouvre pourtant sur un prologue plutôt bon mais le film de Stephen Kay ne réussi pas du tout à retrouver par la suite l'intensité de cette mise en bouche. Pourtant la mise en image est plutôt agréable et les acteurs pas mauvais. Le film se prend hélas les pieds dans le tapis en ne réussissant pas à nous proposer un traitement original ou, et c'est le minimum pour un film d'horreur, un sentiment de peur ou au moins d'angoisse. Les raisons sont multiples. Tout d'abord, la production décide de cibler le film pour un public entre 12 et 16 ans. Un choix dicté par la simple idée que la peur du croquemitaine (le BOOGEYMAN) s'adresse à un public jeune. Le film s'avère finalement très gentillet et a donc bien du mal à provoquer une quelconque tension... surtout après la 23ème ouverture de placard. Car, BOOGEYMAN est un film de placards et de portes. Etant donné que le croquemitaine de l'histoire a la vilaine tendance de se planquer derrière des portes (et plus particulièrement celles des placards), le film aligne un grand nombre de scènes nous montrant le personnage principal super flippé et hésitant à ouvrir l'obstacle visuel pour révéler ce qui se camoufle derrière. Si cela peut éventuellement fonctionner une ou deux fois, cela devient assez vite lassant surtout quand il n'y a rien derrière... du tout !
Le film démarre donc plutôt bien mais perd de son intérêt au fur et à mesure que l'histoire se déroule. Car, à vrai dire, il ne se passe pas grand chose dans BOOGEYMAN et les révélations n'ont rien de vraiment surprenant. On pourrait éventuellement se raccrocher aux personnages si ils étaient un tant soit peu sympathique mais ce sera bien difficile. D'ailleurs, il n'est pas évident que suivre un jeune adulte, même traumatisé durant son enfance, soit vraiment la meilleure identification pour un public de 12 a 16 ans. Surtout que le personnage principal n'a rien de spécialement cool, bien au contraire puisque son traumatisme le rend un peu introverti et pas vraiment sympathique. Alors, bien sûr, on pourra éventuellement se dire que la fin du film est une vague bonne idée. Hélas, cela survient bien trop tardivement et, bien que tous les éléments étaient effectivement en place dans l'introduction du film, on aura aussi un peu l'impression que l'on se moque du spectateur. Le dernier acte du film devrait donc mettre un terme définitif aux activités du croquemitaine mais le film se contredit de lui même dès les dernières images (si vous allez au bout du générique) et Ghost House Pictures a déjà lancé pour 2008 un BOOGEYMAN 2 où l'on continuera d'ouvrir des tas de portes.
Sans grande saveur, BOOGEYMAN dispose tout de même d'une poignée d'acteurs qui y croit et ce n'est déjà pas si mal. On citera surtout la très jeune Skye McCole Bartusiak qui a déjà une carrière fournie ou bien encore Barry Watson qui traverse le film hébété. Les deux acteurs sont d'ailleurs assez souvent seuls à l'écran et on peut dire qu'ils portent le film sur leurs frêles épaules. Cela ne sera pas suffisant pour nous convaincre que le croquemitaine se trouve sous notre lit surtout que la voie du film d'épouvante dramatique nécessites beaucoup plus d'imagination ou, en tout cas, de savoir faire en terme d'écriture pour être convaincant ! Notons enfin que Lucy Lawless, madame Tapert, interprète un petit rôle, raccourci encore plus en salles de montage, et que la musique est signée par Joseph LoDuca. Mais la partition du compositeur des EVIL DEAD est au diapason puisqu'elle est limite transparente.
TF1 Vidéo fait du bon boulot sur l'image de son édition DVD de BOOGEYMAN. Le format cinéma est respecté avec un transfert 16/9 aussi bien contrasté que bien défini. L'éditeur assure de plus ce que d'autres font assez rarement en France. Ainsi, la partie sonore est proposée au choix en DTS ou en Dolby Digital 5.1 quel que soit votre choix de langue. Il n'y a donc pas de discrimination entre la version originale anglaise et le doublage français. Le film offre pas mal de passages plutôt impressionnants qui viennent ponctuer de longs moments bien plus calmes et timides. Notez que les pistes DTS sont un peu plus massives sans pour autant creuser un écart gigantesque avec leur contrepartie en Dolby Digital 5.1.
Le Making Of en deux parties est un pur produit promotionnel où vous n'apprendrez pas grand chose. Soyons franc, c'est le grand vide, ce qui est, en soit, une performance puisque les deux parties durent plus de trente minutes ! Robert Tapert joue le représentant de luxe en vantant les mérites de BOOGEYMAN qui aura, d'après lui, de quoi vous choquer autant, mais dans un autre style, que EVIL DEAD. Oui, carrément ! On y apprend aussi que pour l'acteur principal, les films d'horreur des années 80 sont sanglants et nuls. On suppose qu'il ne sait pas que les personnes qui l'ont engagé tournaient dans les années 80 des films sanglants (et donc nuls). L'actrice de 13 ans, Skye McCole Bartusiak, nous assure que le film va être super flippant. En même temps, vous pouvez la croire sur parole, elle a exactement l'âge de la cible voulue pour BOOGEYMAN. Lucy Lawless parle beaucoup alors qu'elle n'apparaît pas plus de cinq minutes dans le film. Sam Raimi, lui, il n'apparaît pas mais il est excusé puisqu'il était occupé avec SPIDER-MAN 2 et il ne s'est donc pas vraiment occupé de BOOGEYMAN.
Six scènes coupées offrent des images supplémentaires. Mais, hormis celle qui étoffe légèrement le rôle de Lucy Lawless, le reste est très anecdotique lorsqu'il ne s'agit pas seulement d'une poignée de secondes rajoutées ici ou là. A ce propos, l'une des scènes permet de nous éclairer puisque l'on pensait que le héros sortait ses poubelles comme tout le monde alors que pas du tout... Le sac contient quelque chose d'un peu plus « gore » mais aussi de complètement anecdotique ! Apparemment, la scène finale originale n'a pas été du goût des producteurs puisqu'elle est assez différente de celle que l'on peut voir dans le film. Et, il faut bien le dire, le film était déjà super fade et cette fin était encore plus dans le ton « Tout ça pour ça ? ».
Dommage que l'éditeur n'ait pas ajouté la bande-annonce du film, une façon de voir de quelle manière les distributeurs ont essayé d'attirer les spectateurs dans les salles. A la place, il faudra se contenter d'une partie « Animatiques » qui est en fait un assemblage sur trois scènes du film. La partie « Progression des effets spéciaux » donne un aperçu des prises de vues sans effet puis avec l'ajout successif du numérique soit pour ajouter des éléments ou bien en camoufler. Le tout est présenté de manière brute et sans aucune explication !