Après le braquage d'une banque, des malfrats sont obligés de se cacher le temps de régler les soucis mécaniques de leur véhicule. Ils trouvent une villa isolée en bord de mer qui leur semble parfaite. Et tant pis pour la demi douzaine de jeunes femmes qui vont devenir otages le temps de quelques jours...
A l'évidence, LA SETTIMA DONNA s'inscrit dans le genre du «Rape & Revenge» devenu très populaire suite à LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE de Wes Craven. On retrouve d'ailleurs, parmi les scénaristes, Ettore Sanzò qui était déjà à l'écriture de LA BETE TUE DE SANG FROID (devenu LE DERNIER TRAIN DE LA NUIT depuis sa sortie DVD en France). Les règles sont en place et nous allons donc avoir d'un côté des personnages sans foi ni loi qui désirent s'amuser et, à l'opposé, d'innocentes victimes qui deviendront les jouets des premiers. En soit, le film de Franco Prosperi ne bouleverse en rien le genre jusqu'à son dénouement inévitable. Les Américains ne s'y seront pas trompés puisque le film va être nommé THE LAST HOUSE ON THE BEACH ne laissant planer que peu de doutes quant à son contenu (THE LAST HOUSE ON THE LEFT étant le titre original du film de Wes Craven).
Mais LA SETTIMA DONNA a tout de même quelques atouts dans sa manche qui lui permettent de se différencier. A commencer par cette introduction dans une banque où le cinéaste s'ingénie à filmer un hold-up en ne cadrant quasiment que les jambes des protagonistes. Une entrée en matière pour le moins bizarre qui irait même à faire penser que la chose est filmée avec les pieds ou bien que le cinéaste ne disposait pas des décors adéquats. Il faut pourtant y voir tout d'abord l'envie d'offrir une introduction atypique au film plaçant le spectateur dans la peau d'un quidam, face contre terre, pris dans une telle situation limite confuse. Mais c'est sans compter aussi sur le scénario plutôt malin qui joue sur les apparences de ce que l'on croie connaître ou avoir vu. A ce jeu, le film dévoilera ainsi au fur et à mesure quelques unes de ces astuces pour mieux piéger ou, en tout cas, surprendre le spectateur : la nonne et le résultat de son viol, le pourboire du facteur... Autant d'ingrédients qui viennent dynamiser un genre qui parfois tourne quelque peu en rond lorsque la recette est appliquée à la lettre. A cet effet, LA SETTIMA DONNA emprunte donc la voie de l'ironie comme dans deux autres films italiens de prise d'otages : LES CHIENS ENRAGES de Mario Bava et LA PROIE DE L'AUTO-STOP de Pasquale Festa Campanile. Deux belles références réalisées quelques temps avant LA SETTIMA DONNA et dont ce dernier semble emprunter une route fort similaire.
Si le scénario tend donc à essayer de surprendre le spectateur mais aussi à se jouer des désillusions des victimes, le film de Franco Prosperi reste avant tout un film d'exploitation. Scènes de meurtres violentes, exactions sexuelles et nudités sont donc aussi le lot de LA SETTIMA DONNA. Prenant comme cadre une villa ensoleillée en bord de mer, le film réussi par endroits à instaurer une ambiance relativement sombre ou glauque conférant parfois à la folie. C'est le cas lors d'une séquence très réussie où un personnage ne peut s'empêcher de se maquiller avant d'aller violer une jeune fille ou encore lorsqu'un personnage blessé avoue qu'il a toute confiance en la personne qui est sur le point de le tuer ! Mais le film de Franco Prosperi ne réussi pas vraiment à choquer comme d'autres ont pu le faire avant lui dans le même domaine. Il montre avec complaisance les viols des jeunes femmes, usant même de ralenti pour mieux faire ressortir l'aspect bestial et ignoble des situations, mais sans vraiment réussir à véritablement heurter son audience à moins, bien évidemment, de ne jamais avoir vu un film de ce genre. Même lors de l'acte le plus extrême, entre meurtre et viol, la scène va surtout étonner par sa crudité sans pour autant atteindre les sommets du dégoût. La faute, peut être, à une mise en image un peu trop soignée, ce qui s'avère paradoxal, ou bien dans cette façon trop outrancière, et un peu fausse, de nous présenter la situation. Quoi qu'il en soit, LA SETTIMA DONNA s'avère très réussi dans son genre !
Dans le rôle d'un malfrat à la gueule d'ange, on retrouve Ray Lovelock. L'acteur italien, d'origine anglaise par son père, avoue ne pas avoir cherché à devenir acteur et que cela s'est présenté à lui de façon fortuite. Il ne se destinait pas non plus à chanter la chansonnette mais il devint tout de même le vocaliste du groupe de rock de Tomas Milian en reprenant, entre autres, des titres des Rolling Stones ! Il sera remarqué par un producteur et on lui proposera de tourner dans des films tels que TIRE ENCORE SI TU PEUX ou encore BANDITS A MILAN. L'acteur n'arrêta pas, dès lors, de tourner jusqu'à aujourd'hui où il travaille essentiellement à la télévision. Autre nom marquant du cinéma populaire italien, Florinda Bolkan chapeaute, quant à elle, la jeune distribution d'innocentes victimes : Sherry Buchanan, Laura Trotter, Luisa Maneri... Une brochette de têtes connues pour peu que l'on s'intéresse au cinéma de genre italien.
LA SETTIMA DONNA était déjà disponible depuis 2004 en DVD et au Japon avec le choix entre une piste sonore italienne et anglaise agrémenté d'un sous-titrage japonais. Sazuma a sorti le film en Autriche mais, cette fois, avec quelques atouts supplémentaires. Tout d'abord, il est bon de rappeler que Sazuma est, au départ, un revendeur en ligne de DVD qui chasse les disques un peu partout dans le monde. Ils se sont tournés vers la production de DVD et LA SETTIMA DONNA est le sixième disque à sortir chez eux. Il s'agit d'ailleurs du deuxième volume de la collection «Italian Genre Cinema» initié par Sazuma avec MORTE SOSPETTA DI UNA MINORENNE de Sergio Martino. Comme pour ce dernier titre, LA SETTIMA DONNA est présenté dans un joli digipack avec fourreau contenant un petit livret en deux langues (allemand et anglais). Le texte s'avère sympathique mais n'offre finalement que peu de véritables informations sur le film.
LA SETTIMA DONNA est proposé dans son format large avec un transfert 16/9. S'il y a quelques petits défauts sur la copie utilisée (tâches ou quelques problèmes de fixité par endroit), le rendu général est de très bonne facture. A certains endroits, l'image se fait plus douce ou évanescente mais il s'agit plus que probablement d'un choix artistique d'origine. Pour sonoriser, vous aurez le choix entre la doublage allemand ou la piste originale italienne. Non indiqué sur les menus, le disque contient aussi la piste audio anglaise que l'on peut activer grâce à la télécommande du lecteur de DVD. Et, dans le cas où vous ne maîtrisez pas totalement l'une de ces langues, il sera encore possible de se faire aider par des sous-titrages en anglais ou en allemand. Les trois pistes sonores sont en mono d'origine et encodées sur deux canaux. Sur le menu qui permet de choisir les langues, on notera aussi une option «Menu transitions», elle permet d'activer ou désactiver les transitions entre les menus.
Le plus gros supplément est une interview de Ray Lovelock sur laquelle on retrouve des extraits du film. Un peu moins d'une demi heure où l'acteur indique que son nom n'est pas un pseudonyme mais qu'il l'a hérité de son père anglais ou bien parle plus largement de ses débuts, de LA SETTIMA DONNA ou encore de ceux qui ont travaillé sur le film tel que les deux acteurs jouant les malfrats, l'un d'eux étant un disc-jokey connu à l'époque. Il terminera en donnant son point de vue sur le cinéma violent et, à vrai dire, il n'apparaît pas très clair dans ses déclarations mais il semble nous dire que, de nos jours, il ferait plus attention aux messages que délivrent les films dans lesquels il apparaît. Pour autant, il ne condamne pas LA SETTIMA DONNA et il le voit comme un film policier et rien de plus.
Il est ensuite possible de visionner le générique allemand du film. Cela s'avère peu intéressant puisqu'il s'agit de titrages sur un fond uni et rien de plus ! Ensuite, on peut encore regarder les bandes-annonces italienne et allemande. La différence entre les deux se situe essentiellement sur les titrages et la langue dans laquelle s'exprime les personnages. Une petite galerie de photographies clôt en apparence les suppléments. En apparence car il y a encore un supplément caché. C'est un clip-vidéo de la chanson du film chanté par Ray Lovelock réalisé spécialement pour l'occasion, avec un montage assez réussi, et permettant de chanter avec l'acteur. En effet, c'est une version karaoke avec les paroles de la chanson qui s'affiche en bas de l'image. Anecdotique mais plutôt amusant !
Le livret a déjà été évoqué mais un autre supplément ne se trouve pas directement sur le DVD. Il s'agit d'un CD-Audio de la musique de Roberto Pregadio. A priori, cette bande originale était inédite jusqu'à aujourd'hui en CD et elle permet aussi de retrouver la chanson chantée par Ray Lovelock ainsi que certains morceaux très influencées par le disco à la Giorgio Moroder, entendu en radio dans LA SETTIMA DONNA, à côté de la musique cadrant directement l'action du film. Un supplément plutôt sympathique qui finit de sceller le côté «bel objet» de cette édition DVD.