Trois jeunes prennent une voiture pour aller faire un tour à Wolf Creek. Un lieu désertique où quelques milliers d'années auparavant, une météorite a creusé un cratère gigantesque. Un voyage plutôt sympathique qui va tourner au cauchemar car dans le désert, personne ne vous entend crier (comme dans l'espace, quoi).
Pour son premier long métrage, Greg McLean s'inspire de l'actualité morbide de l'Australie et avoue même avoir été influencé par le Dogme de Lars Von Trier. Cette dernière affirmation pourra paraître carrément ahurissante car WOLF CREEK ne suit pas du tout les règles du manifeste de cinéma épuré sans compter qu'il s'agit à proprement parlé d'un film de genre ce qui va carrément à l'encontre du Dogme. Si le cinéaste australien pense pendant un temps tourner son film en DV (rapport au dogme ?), le tournage se fera en haute définition ce qui permettra au passage de lui appliquer des filtres numériques en post-production (au revoir, le Dogme). A vrai dire, s'il y a une influence cinématographique pour WOLF CREEK, il faudra plutôt aller la chercher dans les années 70 et plus particulièrement dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE de Tobe Hooper. Ainsi, une déclaration du vilain de WOLF CREEK fait directement écho aux soucis d'emploi connus par la famille à Leatherface. Les Texans étaient devenus chômeur grâce à l'industrialisation de l'abattage bovin, l'Australien sera supplanté par le poison qui remplace le tireur d'élite qui élimine les parasites ou animaux indésirables. La déclinaison du film de Tobe Hooper sera plus ou moins évidente en fonction des séquences (crucifixion en place d'un accrochage à un croc de boucher...).
Pour autant, WOLF CREEK n'est pas un vulgaire plagiat et il réussi à réinventer dans le désert australien, et à sa façon, la plongée dans l'horreur « réaliste ». Il va ainsi piocher dans les faits divers de son pays, des tueurs se sont réellement servis du désert comme un terrain de chasse, pour y ajouter des éléments violents (l'anecdote de la moelle épinière...) ou encore utilisant le plus gros cliché de l'autochtone australien. C'est à dire le personnage de CROCODILE DUNDEE, le film y faisant référence plusieurs fois et en insistant sur le fameux gag où Paul Hogan sort un couteau démesuré. La confrontation entre les trois jeunes et l'homme des terres sauvages alternent ainsi passages inquiétants et amusants (les rots, le drôle de regard suite à une vanne...). On aura aussi du mal à ne pas penser à MAD MAX lors d'une course-poursuite entre deux véhicules sur une route déserte. Greg McLean en profite aussi pour tirer parti des écrasants paysages naturels fort cinégéniques pour donner un cachet encore plus riche à son film pourtant tourné dans une relative économie.
Mais le gros souci de WOLF CREEK, c'est que nous sommes en 2007 et son approche n'a strictement rien de neuve. La recette est certes efficace mais hurle au déjà-vu (voire au déjà-revu). De plus, le personnage maléfique est à l'évidence bien timbré mais Greg McLean ne réussi pas vraiment à nous impliquer dans un tourbillon démentielle comme avait pu le faire Tobe Hooper dans MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. C'est d'ailleurs d'autant plus gênant puisque la jaquette annonce fièrement un «Version longue inédite non censurée» ou encore une risible accroche «Un des meilleurs films d'horreur de ces 25 dernières années» lâché par un Quentin Tarantino jamais en panne d'une connerie à sortir. Avant même de voir le film, le spectateur est donc conditionné et s'apprête à découvrir un film d'exception, une expérience horrifique de haute volée... Douche froide en plein désert puisque la plongée dans l'horreur sera, au mieux, un peu glauque. Cela n'est déjà pas si mal car Greg McLean traite le genre avec sérieux et fait montre d'une certaine méchanceté dans certaines séquences plutôt bien vues. L'appréciation de chacun sera alors différente selon les spectateurs comme le prouve Marija Nielsen qui fait partie des supporters de WOLF CREEK comme nous avions pu le découvrir dans sa chronique du DVD britannique.
En tout cas, le film aura fait sensation dans divers festivals soit en remportant des prix ou bien simplement sélectionné parfois dans un domaine hors Fantastique comme ce fut le cas à Sundance mais aussi à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. C'est d'ailleurs grâce à WOLF CREEK que Nathan Phillips sera remarqué et qu'on lui offrira l'un des rôles principaux dans DES SERPENTS DANS L'AVION. De son côté, Greg McLean a monté Emu Creek Pictures et s'est lancé dans la production, avec l'aide de The Weinstein Company, de ROGUE, une histoire de crocodile tueur, avec toujours l'acteur John Jarratt.
TF1 Vidéo sort la version intégrale du film, annoncée en gros sur la jaquette, ce qui laisse à penser que TFM Distribution avait lancé dans les salles de cinéma françaises un montage raccourci du film. En l'état, à priori, on ne voit pas trop ce qui aurait pu poser une entrave à la sortie de la version intégrale lors de la sortie en salles du film en France (interdit au moins de 16 ans, quand même !). On ne se posera pas plus de question et on appréciera le transfert 16/9 au format cinéma 1.77. L'image est fine et s'avère plutôt de bonne qualité. Enfin, il est possible de choisir entre une piste en version originale anglaise ou le doublage français. Dans les deux cas, vous aurez encore un choix à faire puisque chacune des bandes sonores est décliné en deux pistes : Stéréo ou Dolby Digital 5.1. Le mixage 5.1 reste, à l'image du film, assez sobre et efficace. Rien à redire de particulier !
Pour sa sortie française en DVD, le film perd pas mal de suppléments. En fait, il ne reste plus que la bande-annonce ainsi que le documentaire de près d'une heure. Ce dernier commence assez mal puisque l'on a un peu l'impression que l'on nous répètes 5230 fois que untel est un petit génie et que l'alchimie est merveilleuse. Cela se rattrape par endroit dès que l'on s'éloigne des personnes et on peut donc y découvrir des anecdotes comme le fait que le lieu de tournage n'avait pas connu de pluie pendant une dizaine d'années et que, bien sûr, il s'est mis à pleuvoir dès l'arrivée de l'équipe ce qui n'était pas vraiment prévu (bien au contraire). Un peu comme le film, l'avis est quelque peu mitigé concernant ce documentaire. Pour en revenir à la bande-annonce, elle est présentée deux fois puisque vous avez la possibilité d'opter pour la version originale ou le français. Le film annonce reste le même mais, en plus des voix, les titrages sont alors intégralement traduit en français si vous choisissez cette langue.