Header Critique : HOUSE OF USHER (LA CHUTE DE LA MAISON USHER)

Critique du film et du DVD Zone 1
HOUSE OF USHER 1960

LA CHUTE DE LA MAISON USHER 
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Alors que le troisième film de Roger Corman, adapté de Edgar Allan Poe, est déjà disponible depuis quelques temps déjà, MGM sort enfin les deux premiers films : LA CHUTE DE LA MAISON USHER et LA CHAMBRE DES TORTURES. Le moment de faire un achat groupé avec L'EMPIRE DE LA TERREUR en attendant les autres films...

Jusqu'alors, l'AIP produisait des petits films d'exploitation avec des budgets étriqués. Roger Corman persuada les responsable de cette maison de production de se lancer dans l'aventure d'un véritable film d'épouvante de standing. Les raisons pour lesquelles ils acceptèrent de dépenser l'un de leurs plus gros budgets à ce moment-là reste relativement floues. Tourné entièrement en studio (à l'exception d'une séquence), le look général fait penser aux films gothiques de la Hammer. La grande firme britannique avait déjà commencé à dépoussiérer les mythes du cinéma fantastique avec un certain succès commercial à cette époque, on peut donc se demander s'il ne s'agissait pas de monter au créneau. Quoi qu'il en soit, Corman a pu donner ainsi une réponse américaine au cinéma d'épouvante anglais...

Philip arrive de Boston pour retrouver Madeline Usher avec qui il doit se marier. Des environs désolés à la grande bâtisse qui contient les vestiges de la dynastie des Usher, la mort semble comme présente en toutes choses. Roderick, le frère de Madeline, voit d'un mauvais oeil l'union de sa soeur avec le jeune homme. Surtout que les deux derniers descendants des Usher sont affligés d'une étrange maladie qui est en train de les attirer vers une fin certaine...

Adaptation de Edgar Allan Poe, on retrouve dans LA CHUTE DE LA MAISON USHER la plupart des obsessions de l'auteur américain : amour dépassant la raison, peur et attirance de la mort, se retrouver encore bien vivant dans un cercueil, ascendance des morts sur ceux qui sont encore de notre monde... Pourtant, le film de Roger Corman n'est pas vraiment fidèle à la version originale. Il ne s'en sert justement que pour les points déjà évoqués mais aussi comme point de départ. Pour écrire le scénario, on fait appel à Richard Matheson, grand écrivain dans le domaine du fantastique, qui était surtout connu à ce moment-là pour les scénarios qu'il avait écrits pour LA QUATRIEME DIMENSION, et ce même s'il avait déjà publié des romans dont le fameux JE SUIS UNE LEGENDE. A lui la charge d'étirer l'histoire pour en faire un long métrage, ce qu'il fait brillament. Il est très certainement l'une des raisons du succès de LA CHUTE DE LA MAISON USHER avec Corman et, bien sûr, Vincent Price...

Vincent Price dont on ne tarit pas d'éloges dès qu'on le peut dans les pages de DeVil Dead. Avec déjà une grande carrière derrière lui (L'HOMME AU MASQUE DE CIRE, LA MOUCHE NOIRE, LA NUIT DE TOUS LES MYSTERES...), il fut engagé par l'AIP à la demande de Corman. Un choix judicieux qui fit de l'acteur l'un des monstres sacrés du cinéma d'épouvante grâce à cette série de films. Il campe ici un impressionnant Roderick Usher. Ou plutôt, c'est son interprétation qui est impressionnante car le personnage en lui-même oscille entre le pitoyable et l'inquiétant. Tout ou presque lui étant insupportable : le bruit, la lumière vive... Grâce à son incroyable jeu d'acteur, Vincent Price arrive à nous faire croire à ce personnage éreinté par une vie de souffrance et hanté par la malédiction de ses ancêtres.


LA CHUTE DE LA MAISON USHER est un film d'épouvante dans le sens le plus épuré. L'histoire se déroule doucement pour nous présenter les personnages et surtout le décor où va se dérouler un drame qui s'insinue crescendo jusqu'au dénouement. Une façon de faire qui aura de quoi dérouter ceux pour qui épouvante rime avec effets sanguinolents et course-poursuite. La richesse du film n'est pas tant dans ce qui se passe mais plutôt dans les dialogues. L'un des premiers moments vraiment horribles n'est-il pas justement raconté par Roderick Usher faisant partager l'horreur de ce qu'il a pu entendre ? Le dénouement lui-même est plutôt sobre. Si l'on est entré dans l'histoire, les quelques images fugitives, même anodines de celle qui fera tomber la maison Usher, sont plutôt stressantes. Et pour en arriver là, il n'aura suffit que de quatre excellents acteurs (les autres n'étant que des figurants) pour tergiverser à propos de la mort et de la souffrance. Le tout rehaussé par une mise en scène efficace présentée dans un Cinemascope flamboyant et coloré à tomber par terre.

L'image est de très belle facture et le boulot fait sur cette édition est plus qu'appréciable. De nombreux défauts de pellicules sont présents mais l'image est nette tout en donnant une palette de couleurs somptueuses telles qu'on n'en voit plus depuis longtemps. En Mono d'origine, ne vous attendez pas à des miracles. Rien n'a été retouché et il faut bien dire que l'ensemble manque de puissance. Surprenant, la bande sonore se permet tout de même de descendre dans le grave à un niveau étonnant lors des moments où la maison des Usher est ébranlée. MGM ajoute une bande-annonce et même un commentaire audio du plus étonnant personnage du cinéma : Roger Corman. Etant donné qu'il s'agit d'un disque américain, vous ne trouverez pas de sous-titrage sur ce bonus. Point amusant, il n'y a pas non plus de sous-titrage anglais sur le film alors qu'on retrouve du français et de l'espagnol. Cet état de fait est généralisé sur une grande partie des disques MGM depuis quelques temps déjà.

Pour en revenir au commentaire audio, Roger Corman prouve qu'il a énormément de choses à dire sur le film que ce soit sur la manière de travailler, les intervenants ou les acteurs. Carrément passionnant et malgré l'absence de sous-titrage, il parle lentement et très clairement. Très rare, tout comme les réalisateurs qui ont des choses à dire sur leur film. Celui-ci a plus de quarante ans et il se rappelle de la plupart des personnes avec lesquelles il a travaillé, anecdotes comprises, comme si c'était hier. Ainsi, on apprendra de quelle manière il faut tirer partie des évenements qui se déroulent dans la région (feu de forêt), utiliser la musique, les mouvements de caméra... et il ira même jusqu'à faire une petite analyse des éléments contenus dans le film. Et il dit lui même ne pas avoir vu le film depuis longtemps...

Sorti dans la collection Midnite Movies, LA CHUTE DE LA MAISON USHER est vendu à bas prix. Et pour une toute petite somme, il serait bien dommage de ne pas se laisser tenter surtout qu'il y a bien peu de chance de voir apparaître ce film en France avant longtemps.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
HOUSE OF USHER DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h20
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Espagnol
  • Supplements
    • Commentaire audio de Roger Corman
    • Bande-annonce

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