Vincent est un trentenaire plein d'idéaux. Son gros problème, c'est
qu'il est incapable de prendre une décision. Le jour où son amie, Laurie,
le met au pied du mur, il se défile encore une fois, ce qui provoque
le départ de la belle. Le soir même il a un léger accident de voiture.
Sonné, il se réveille quelques minutes plus tard
Patrick Braoudé a eu l'idée de ce scénario avec un ami, qu'il n'avait pas vu depuis 17 ans. Celui-ci lui demandait, son script sous le bras, de l'aider à trouver un metteur en scène. Après quelques arrangements, ils ont pondu cette comédie qui sous prétexte d'un voyage dans le temps pose la question de la difficulté du choix et de ses conséquences sur toute une vie. Ainsi, Vincent, le héros, enfin, il ne sait pas lui-même si il doit se faire appeler Vincent ou Samuel, Vincent, donc, pour n'avoir pas pris de décision à un moment précis se retrouve projeté 16 ans plus tard, dans sa peau de salaud plein aux as. Là, c'est la catastrophe. Dans son esprit de trente ans, il se découvre dans la peau d'un Vincent de 45 ans, marié à une femme sur laquelle il a fantasmé un jour, père de deux enfants, et à la tête d'un empire qui a pour principe " l'industrie écologique ". Un instant satisfait d'avoir poursuivi son combat contre les pollueurs de tous poils, il déchante rapidement en côtoyant ses proches, qui ne comprennent pas ses réactions bizarres, et pour cause !
Entouré d'une belle brochette d'acteurs français, le réalisateur, qui s'est offert le premier rôle, a surtout voulu que son film ressemble à une sorte de conte philosophique qu'à un film fantastique. C'est une réflexion tendre sur la vie. Tout y est question de choix et de libre-arbitre. Vincent devient une caricature peu aimable de ce qu'il détestait à trente ans. Dans la réalité, nombreux sont les anciens soixante-huitards de la première heure, les marxistes-léninistes, les trotskistes, qui sont devenus des chefs d'entreprise pas très éloignés du personnage interprété par Patrick Braoudé. Ils ont oublié leurs passés de militants des bonnes causes, voire des causes perdues, pour se vautrer sans vergogne dans le capitalisme le plus éhonté, méprisant les nouveaux idéalistes.
L'interview groupée, réalisée par M6 Interaction, est plutôt intéressante, les acteurs jouant de bonne grâce le jeu pour le DVD. Marketing, quand tu nous tiens. On y apprend quelques anecdotes sur le tournage et chaque acteur donne son sentiment sur le film, mais aussi ses relations avec l'équipe A propos, la jaquette indique la présence de Gad Elmaleh sur l'interview mais ce dernier est remplacé par la charmante Maria de Medeiros. L'entretien du réalisateur n'est autre qu'une interview présentée sous la forme d'une succession de pages de texte. Le commentaire audio nous redit, en gros, ce que l'on a déjà appris dans l'interview ou dans le making of enfin, tout dépend du sens dans lequel on regarde les bonus, bien sûr. Enfin, il est dommage qu'on apprenne dans le commentaire audio, que deux scènes ont été coupées au montage. Celles-ci n'ont en effet pas été intégrées dans les bonus de ce DVD. Pourtant, l'une d'entre elles a servi de ciment à tout le film, nous dit le réalisateur. Il s'agissait d'une scène se déroulant dans les années cinquante, où on assistait à la naissance de Vincent, et la difficulté pour ses parents de choisir entre Vincent et Samuel comme prénom ! Le ton était donné.
Notons que de toute évidence, une part des suppléments ont été préparés au moment du tournage du film, et il semble que cette tendance se généralise pour la plupart des productions récentes, que le film soit un chef-d'uvre ou un nanar, d'ailleurs. DEUXIEME VIE se laisse regarder sans plus, car il a bien du mal à trouver le bon rythme, malgré des tas de bonnes idées sous-exploitées et enfouies dans un ensemble qui ne réussit pas toujours à faire rire.