Hawk et Voltan sont deux frères aux aspirations antagoniques. Alors que le premier ne souhaite que rouler sur l'herbe dans les bras de sa dulcinée, le second ne rêve que de pouvoir et de conquêtes. C'est dans cet état d'esprit que l'odieux Voltan élimine donc la fiancée de son frère et commet sans sourciller un effroyable parricide. Hawk est bien entendu outré et se roule maintenant seul dans l'herbe… Jusqu'à ce que son frère ne commette un nouveau délit : L'enlèvement d'une nonne pour laquelle il demande une rançon de deux mille pièces d'or. Hawk est alors contacté pour intervenir. Ne pouvant agir seul face à l'impressionnante armée de son frère, notre héros mécontent décide de s'adjoindre les services d'un géant goulu, d'un nain rigolard, d'un elfe ronchon et d'une magicienne pudique… Ensembles, ils se dressent contre l'ombre maléfique de Voltan et partent libérer la nonne retenue dans une cage en bambous.
C'est en 1980 que VOLTAN LE BARBARE déboule fièrement sur les écrans britanniques. Le cinéma d'aventure fantastique aura avant cela connu quelques grandes heures avec la vague de Péplums italiens des années 50-60. La décennie suivante nous aura elle aussi dépaysé avec quelques films comme LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD, SINBAD ET L'OEIL DU TIGRE ou les réalisations de Kevin Connor. Mais à cette époque, l'univers «Héroic Fantasy», peuplé d'elfes, de nains, de barbares et autres dragons n'a pas encore réellement acquis ses lettres de noblesse. Cette consécration arrivera par la suite, durant les années 80 avec notamment les CONAN, LE DRAGON DU LAC DE FEU, EXCALIBUR, DAR L'INVICIBLE et bien d'autres…
Modeste production britannique, VOLTAN LE BARBARE pourrait donc faire office de précurseur du genre, mais en avait-t-il vraiment l'étoffe ? VOLTAN n'est que la seconde réalisation de Terry Marcel qui oeuvra de longues années en tant qu'assistant réalisateur sur des films aussi prestigieux que LES CHIENS DE PAILLE, LES DUELLISTES et quatre volets des aventures de LA PANTHERE ROSE. Désormais seul maître à bord, Terry Marcel s'attache donc à créer un univers onirique mettant en scène quelques personnages hauts en couleurs avec, tout d'abord, les deux improbables frangins (l'un pourrait être le père de l'autre). Hawk, incarné par un John Terry alors tout jeune, est un héros tout ce qu'il y a de brave et de droit. Tellement droit du reste qu'il semble par moment factice, dénué de tout sentiment et de toute expression faciale. Un personnage interprété sans talent et, à l'évidence, sans conviction. Ce n'est cependant pas le cas de Voltan, le monstre sanguinaire qui trouve en la personne de Jack Palance un interprète à sa hauteur. Palance s'en donne donc à cœur joie dans ce rôle de salopard défiguré qui n'est pas sans nous rappeler un certain Dark Vador…
En effet, VOLTAN est un film que nous qualifierons de hautement référentiel tant il s'amuse à reprendre de-ci de-là quelques idées et images ayant fait leurs preuves. Non content donc d'affubler Jack Palance d'un casque et d'une cape grandement inspirée par la tenue vestimentaire du seigneur Vador, Terry Marcel juge bon d'offrir à Hawk une épée à la poignée lumineuse. Si l'on ajoute à cela la possibilité qu'a notre héros de faire venir cette épée à lui en se concentrant, il devient clair que Hawk est un Luke Skywalker des temps anciens. Mais ce n'est pas tout car avec VOLTAN, le réalisateur nous montre aussi qu'il connaît ses classiques. Ainsi, Drogo, fils adoptif et caractériel de Voltan, porte le nom du père de Frodon, hobbit héroïque du «Seigneur des anneaux» de J.R.R. Tolkien. Gort, le géant qui soulève des charrues en mousse et épaule Hawk, hérite quant à lui du nom du robot (lui aussi particulièrement grand) du film de Robert Wise : LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA…
A ces personnages «inspirés» viennent s'ajouter quelques protagonistes eux aussi hauts en couleurs. Les héros se verront ainsi accompagnés d'un nain péchant la truite au fouet nommé Baldin, d'un Elfe archer aux flèches aussi aérodynamiques que ses oreilles nommé Crow et d'une magicienne aux pouvoirs plus que douteux. Car en effet, malgré les bonnes intentions du film et l'évidente volonté d'émerveiller, budget et talent manquent cruellement à l'appel. Les effets spéciaux sont terrifiants, les dialogues sont terriblement creux, l'action est molle et les décors d'une laideur absolue. L'aspect très «carton pâte» des armes n'arrange pas l'ensemble qui fini par virer au ridicule lorsque la magicienne use de ses talents. Car outre le fait que cette demoiselle soit en possession d'un téléporteur bien pratique, elle possède bien évidement des pouvoirs surnaturels… Parmi ceux-ci, la possibilité de créer du brouillard, de lancer des balles de ping pong ou, bien plus ludique, de projeter des serpentins au visage de ses ennemis. Oui, vous avez bien lu : Elle neutralise un garde avec du serpentin vert fluo, celui-là même que votre enfant turbulent vous réclame à corps et à cris pour pourrir l'intérieur de votre logis ! Un grand moment de n'importe quoi qui ne sera malheureusement pas seul, loin s'en faut…
Les scènes grotesques et surréalistes se succèdent donc avec entre autres un Voltan passant sa rage d'un grand coup d'épée sur une miche de pain, des scènes de bataille coupées avec frénésie pour simuler la rapidité des archers et, plus simplement, une trame scénaristique globalement niaise. Car à bien y réfléchir, c'est près d'une centaine d'individus (nonnes incluses) qui vont périr mollement pour sauver une seule religieuse retenue prisonnière ! Le jeu en valait-il la chandelle ? Rien n'est moins sûr… Mais par-dessus tout, où sont les enjeux ? Quel véritable barbare peut prétendre au titre de méchant ultime si son seul acte malveillant est de kidnapper une nonne ? Voltan est-il du reste réellement un barbare ? En effet, rappelons que le titre original, HAWK THE SLAYER, privilégiait le héros au contraire du titre Français qui se focalise sur le grand méchant de l'aventure… En France, VOLTAN LE BARBARE n'aura pas les honneurs d'une sortie cinéma et ce n'est que plus tard qu'il viendra alimenter les rayons de nos vidéo clubs sous ce titre rappelant étrangement celui d'un célèbre film de John Milius qui verra le jour en 1982… Voltan n'est donc par réellement un barbare mais juste un homme frustré interprété par un Jack Palance qui dû se sentir bien seul entouré de cette brochette étonnante d'acteurs de pacotille. Car ne nous y trompons pas, malgré son casting prestigieux (Annette Crosbie, Roy Kinnear, Patrick Magee et Peter O'Farrell), l'ensemble n'est qu'une vaste fumisterie : Aucun des acteurs mentionnés n'apparaît en effet plus d'une minute à l'écran ! Un casting prestigieux certes, mais avant tout particulièrement furtif !
VOLTAN LE BARBARE n'a donc malheureusement pas grand-chose à nous offrir. Outre les bonnes intentions de base, c'est l'ensemble de la production qui pèche par son amateurisme désarmant. La bande originale réalisée par Harry Robertson en laissera elle-même plus d'un perplexe, mêlant sans complexe des inspirations Morriconienne (période westerns) et d'autres, bien plus synthétiques, n'étant pas sans rappeler la cultissime partition que Raymond Lefevre créera un an plus tard pour LA SOUPE AUX CHOUX ! Du grand art donc, particulièrement surprenant dans un contexte médiévalo-fantastique mais qu'importe car VOLTAN n'en est plus à une fausse note prêt…
Puisqu'il est question de fausse note, abordons maintenant le cas de la désastreuse édition DVD proposée par Elephant. Inutile dans un premier temps de se fier à la jaquette puisqu'elle s'avère tout simplement erronée de A à Z. Ainsi, celle-ci nous annonce trois pistes sonores, une image 4/3, plusieurs bandes annonces et une durée de 95 minutes… Manque de chance, le disque ne propose que deux pistes. La première en stéréo pour la version française et la seconde dans un remixage 5.1 peu concluant pour la version originale anglaise. Cette dernière reste toutefois incontournable tant le doublage français se révèle de piètre qualité, poussant même le vice jusqu'à omettre certaines phrases malgré les mouvements de lèvres insistants des protagonistes…
L'image est, quant à elle, proposée en 1.77 avec un transfert 16/9. Ce qui pourrait donc être une bonne surprise se trouve en réalité être une calamité. Rarement une image sur support DVD aura été aussi laide et aussi mal compressée. Tous les défauts potentiels du support numérique sont ici représentés avec brio, nous offrant donc des couleurs baveuses, de gros amas de pixels, des noirs gris et au global, une image qu'il est parfois même difficile de décrypter (voir les scènes de brume) ! Un travail épouvantable dont on se demande comment il peut être possible sur un film à la durée plutôt courte, 90 minutes, pourtant stocké sur un DVD double couche… Là encore, la réponse s'impose d'elle-même et la jaquette fait des siennes : Le disque n'est en réalité qu'un DVD simple couche seulement occupé aux deux tiers… L'unique bonus se trouve par ailleurs être la bande annonce du film, d'une durée de deux minutes environ, proposé ici en version française.
Une édition DVD déplorable pour un film franchement mauvais. Cette tentative britannique d'incursion dans le monde de l'Héroic Fantasy se révèle malheureusement être un échec cuisant et ce malgré d'évidentes bonnes intentions et un casting a priori intéressant. Il est par conséquent chaudement recommandé d'éviter le film ou, si cela n'est pas possible, d'éviter au moins cette édition DVD qui déshonore le support.