Appelé en urgence, un réparateur d'ascenseur ne note aucune anomalie sur l'appareil. Toutefois, les appels redoublent et il commence à se poser des questions concernant la recrudescence d'incidents et accidents dont l'ascenseur est l'origine. En compagnie d'une journaliste, il va enquêter pour éclairci ce mystère…
Quand on évoque le cinéma de genre néerlandais, le premier nom qui vient à l'esprit est celui de Paul Verhoeven. Lorsque le cinéaste est sur le point de s'expatrier pour les Etats-Unis, un autre réalisateur néerlandais fait parler de lui avec un premier long métrage qui va faire le tour des festivals avec un certain succès. En 1984, Dick Maas remportera même le Grand Prix du Festival du Film Fantastique d'Avoriaz avec L'ASCENSEUR au gram dam de noms plus reconnus tel que John Carpenter (CHRISTINE), David Cronenberg (DEAD ZONE) ou même Paul Verhoeven qui devra se contenter d'un autre prix pour LE QUATRIEME HOMME. Dès cette période, les Américains proposeront à Dick Maas de venir à Hollywood refaire L'ASCENSEUR pour l'adapter aux standards des Etats-Unis. Le réalisateur néerlandais n'acceptera cette possibilité qu'une quinzaine d'années plus tard en tournant L'ASCENSEUR NIVEAU 2.
Pourtant, l'argument de L'ASCENSEUR n'a rien de très sérieux ! Le concept de prendre un ascenseur pour le transformer en tueur mu par sa propre volonté est quelque peu ridicule. Mais, après tout, nous sommes dans le Fantastique et des objets inertes qui deviennent meurtriers, il en existe déjà en grand nombre. Mais un ascenseur, jusque là, y'en avait pas ! Des meurtres sanglants s'étaient déjà produit dans cet espace clôt d'où l'on ne peut pas s'échapper, par exemple dans PULSIONS de Brian De Palma, mais il n'existait vraiment pas jusqu'ici d'ascenseur psychopathe au centre d'une histoire. Bien sûr, dans L'ASCENSEUR, il s'agit surtout d'une intelligence artificielle qui se sert de ses excroissances mécaniques à la manière d'autres ordinateurs ayant pêtés un câble sur les écrans : 2001, LE CERVEAU D'ACIER, GENERATION PROTEUS… Mais ce n'est pas vraiment cette partie du récit qui intéresse Dick Maas même s'il apporte une conclusion scientifique très particulière à son histoire.
Avant toute chose, Dick Maas place au centre de son histoire un élément commun et utilisé quotidiennement. Après tout, si on s'en tient au statistique, vous avez plus de chance de trouver la mort dans un ascenseur plutôt qu'en étant la cible d'un loup-garou ! L'ASCENSEUR va donc s'articuler autour de quelques scènes meurtrières dont une décapitation particulièrement perverse. Entre ces passages de tension, Dick Maas va tisser une histoire relativement simpliste en essayant de donner du corps à ses personnages. Mais ce qui retient surtout l'attention, c'est cette manière assez féroce avec laquelle le cinéaste dépeint ses contemporains et qui deviendra une véritable marque de fabrique tout au long de sa filmographie. Car Dick Maas, n'ayons pas peur des mots, est un auteur au sens noble du terme. En plus de réaliser ses films, il en écrit les scénarios et, à l'instar d'un John Carpenter, il en compose souvent la musique. Mais s'il décrit bel et bien un univers personnel dans ses films, Dick Maas n'en reste pas moins un cinéaste foutraque (dans le bon sens du terme). Il en résulte des films où se greffent des intrigues accessoires, des personnages improbables ou des situations incongrues. L'ASCENSEUR, son premier long métrage, est déjà de cette trempe avec son agent immobilier qui abuse de la confiance d'un aveugle ou ses fêtards libidineux… Lorsque Dick Maas va refaire son film, en coproduction avec les Etats-Unis, ses moyens seront bien plus important ce qui lui permettra quelques coups de folie bien plus gros encore mais son scénario restera sensiblement le même avec, pourtant, quinze ans d'écart !
L'ASCENSEUR aura peut être un peu de mal à convaincre des spectateurs venus assister à un film d'horreur conventionnel. Surtout que le film de Dick Maas est avant tout une production réalisé avec des moyens limités. Pourtant, malgré ces contraintes budgétaires, le cinéaste a largement atteind son but avec des scènes de suspense réussies et en baignant son film dans une ambiance très particulière. Il tournera par la suite LES GRAVOS, un gros succès comique dans son pays, avant de mettre en scène le tout aussi sympathique AMSTERDAMNED, toujours avec Huub Stapel en tête d'affiche.
La période d'Halloween 2006 a semble t'il poussé Warner France a proposer quelques titres horrifiques en DVD. Le cas de L'ASCENSEUR est assez surprenant puisque le film n'est pas à la base une production Warner. Il ne fait pas partie du patrimoine direct de l'éditeur mais il est donc distribué en DVD par Warner comme lorsqu'il fut placé dans les salles de cinéma en France. D'ailleurs, ce DVD est apparemment une exclusivité française si l'on en juge par la seule présence d'un sous-titrage français…
Problème, le film est proposé en 4/3. Si de prime abord, on peut éventuellement penser à un transfert plein cadre, il s'avère en réalité que le film a perdu une partie non négligeable de l'image sur les côtés droit et gauche. Assez gênant même en regard du prix de vente assez bas où ce DVD est proposé. Sans oublier qu'un DVD était déjà sorti depuis pas mal de temps chez les Néerlandais avec un transfert 16/9 au format cinéma respecté. En dehors de ce gros souci, il est évident que le transfert n'est pas de toute dernière fraicheur et on notera quelques discretes rayures ici ou là. L'image offre un niveau de détail honnête et les couleurs sont plutôt solides. Ce n'est pas le nirvana pour autant car la compression n'est pas toujours invisible !
Trois pistes sonores sont livrées sur ce DVD. On retrouve le doublage français d'époque ainsi que celui réalisé pour les Etats-Unis sans oublier la version originale en néerlandais. Un bon point car on se souvient encore de l'édition française de AMSTERDAMNED où l'on pouvait noter l'absence de la piste néerlandaise au profit d'un doublage anglais assez mauvais. Ici, la version anglaise est tout aussi médiocre mais vous pourrez au moins regarder le film avec la véritable version originale ou le doublage français. Les deux pistes ne présentent pas de défaut notable si ce n'est que leur source mono d'origine manque un peu de punch.
Il existait du matériel exploitable pour les suppléments en provenance du DVD néerlandais mais rien ne trouvera son chemin jusqu'ici. Apparemment, l'idée était donc de sortir assez vite des titres horrifiques commercialisés à bas prix. Dans cette logique, les suppléments sont malheureusement jugés inutiles et vous n'en trouverez donc aucun sur DVD ainsi que sur les autres titres sortis à la même période (L'AMIE MORTELLE et WOLFEN).
Situation délicate avec ce DVD entre les mains puisque l'on se trouve partagé par le plaisir d'avoir redécouvert L'ASCENSEUR et l'embarras d'obtenir un recadrage ne respectant pas l'image d'origine. C'est hélas la seule possibilité pour revoir le film en DVD à moins de comprendre le néerlandais et se tourner vers l'import !