Après l'énorme succès de L'EXORCISTE, pas mal de projets se sont montés sur des sujets similaires. Ne nous voilons pas la face, LA MALEDICTION fait partie de ceux-là. Les ingrédients y sont presque tous réunis. Un enfant, incarnation du mal, est au centre de l'histoire, la famille pourtant lieu propice à la sécurité est menacée, un cadre quotidien et bien entendu le diable. Il n'en reste pas moins que LA MALEDICTION est une très belle réussite dans le genre.
Avec une grande simplicité, l'histoire se déroule crescendo. Petit à petit les menaces se font plus insistantes et l'atmosphère s'alourdit. Evitant la surenchère, probablement impossible en raison du budget, la force du film est justement sa sobriété. Amenant le spectateur à croire dans ce qu'il est en train de regarder. On est bien loin des films que l'on peut voir à présent où l'effet fantastique est obligatoirement appuyé par un effet spécial. LA MALEDICTION en contient mais les distribue parcimonieusement pour étayer ou épicer le propos. A l'heure actuelle, ce serait plutôt le propos qui sert les effets spéciaux mais passons... Bien écrit, avec une mise en image très soignée dont de magnifiques cadrages et un casting parfait, rien d'étonnant à ce que LA MALEDICTION fasse partie des fleurons du cinéma d'horreur. Enfin ? Il faudrait plutôt parler de film d'épouvante ce qui ne serait toujours pas une bonne définition. En effet, LA MALEDICTION installe une atmosphère prenante et se regarde avec un très grand plaisir sans pourtant faire peur ou provoquer l'effroi.
Parmi les grands moments du film, on peut noter le passage dans le cimetière italien. Filmé en studio, il donne l'impression de se retrouver face à un film de Terence Fisher digne des productions de la Hammer. Tant du point de vue des éclairages que de l'ambiance. Le commentaire audio nous apprend que ce que l'on voit n'est pas forcément le reflet de la réalité. Un passage magnifique qui sort du lot parmi d'autres tout aussi envoûtants (la mort de David Warner, la visite dans la chambre du prêtre...).
Musique de film rime souvent avec John Williams depuis déjà pas mal de décennies dès que l'on aborde le cinéma fantastique (STAR WARS ? SUPERMAN ? DENTS DE LA MER ?). Le Monsieur qui signe la partition de LA MALEDICTION est pourtant le véritable ténor du genre et ce depuis les années 70. Les passages d'interviews qui lui sont consacrées nous permettent d'ailleurs d'entendre ce qui devrait être une règle incontournable : la musique est là pour servir le film. Un règle qu'il doit suivre lui-même depuis le début de sa carrière si l'on en juge par le nombre impressionnant de films qui doivent en partie leur succès à sa musique (et non le contraire). Jetez un oeil à la filmographie de Jerry Goldsmith, vous ne serez pas déçu !
Cette édition DVD est particulièrement riche en bonus divers. Pas de véritable trace en ce qui concerne des documents d'époque, en dehors de la bande-annonce, mais un grand nombre des protagonistes qui ont pris part à la réalisation du film ont été mis à contribution pour l'occasion. Avec les interviews de Richard Donner, Stuart Baird, Jerry Goldsmith ou Harvey Bernhard, la Fox a réalisé plusieurs suppléments. Un long documentaire passionnant qui s'étire sur plus de trois quarts d'heure et qui est le morceau de choix de ce DVD. Ensuite, un petit documentaire qui dure six minutes et qui retrace les divers incidents et coïncidences qui sont arrivés sur le plateau du film ou dans l'entourage des différents intervenants. Enfin, le compositeur de la musique, Jerry Goldsmith, nous parle de quelques morceaux avant de voir un extrait du film où on peut l'entendre. Comme je l'ai déjà dit, on n'y voit aucune image inédite du tournage seulement des interviews qui sont montées en fonction des sujets abordés. On peut d'ailleurs voir un morceau identique de l'interview de Jerry Goldsmith entre le long documentaire (666 : La Malédiction révélée) et sa présentation de l'un des passages musicaux.
A côté de tout cela, la bande-annonce et le commentaire audio deviennent anecdotiques. Un commentaire audio n'est pas toujours le summum en matière de suppléments. Celui de Richard Donner et Stuart Baird n'est pas le meilleur qui soit même si l'on y apprend bien d'autres choses qui n'ont pas été abordées dans le documentaire. Pourtant, dans le genre, le producteur réalise une meilleure performance sur le DVD de DAMIEN : LA MALEDICTION 2.
Tous les suppléments sont sous-titrés, voilà une aubaine. Mais dans son enthousiasme, l'éditeur a voulu faire du zèle en retouchant les bandes sonores. En mono d'origine, le film passe ici en Surround. Vous ne pourrez pas choisir, ce sera ça ou rien car on ne vous présentera pas la version en Mono d'origine. A une période où l'on nous parle plus de techniques que de respect, l'acheteur lambda sera sûrement réconforté par une telle annonce. Un remix n'est pourtant pas forcément heureux. C'est le cas ici. Ne boudons tout de même pas notre plaisir puisque LA MALEDICTION reste un grand film du genre !