Header Critique : EXORCISTE : AU COMMENCEMENT, L' (THE EXORCIST : THE BEGINNING)

Critique du film et du DVD Zone 2
L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT 2004

THE EXORCIST : THE BEGINNING 

Quelques années après la seconde guerre mondiale, Lankester Merrin a renoncé à sa profession de foi, traumatisé par les horreurs du nazisme. Il est alors approché par un collectionneur lui proposant de rejoindre une fouille archéologique située au Kenya, où une église est découverte ensevelie et en parfait état. Fait étrange, cette église date de plusieurs siècles avant l'arrivée du christianisme dans cette région. Accompagné par un jeune prêtre délégué par le Vatican, Merrin a pour mission de découvrir une relique au fin fond de l'église. Il y trouvera autre chose de bien plus terrifiant.

On n'ose même plus mettre un numéro en face de cet ultime film relié à L'EXORCISTE, une préquelle censée nous narrer la première rencontre du père Merrin avec le démon du film de Friedkin, rencontre souvent suggérée à même le livre éponyme de William Peter Blatty (et néanmoins déjà tourné par John Boorman dans le très controversé EXORCISTE 2 : L'HERETIQUE). Officiellement en quatrième position dans la filmographie officielle de la saga, L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT est un re-filmage intégral d'un premier quatrième film réalisé par Paul Schrader et rejeté en bloc par le studio commanditaire. Il s'agit donc d'un deuxième numéro 4, censé remplacer purement et simplement le film de Paul Schrader, mais dont l'aberration généralisée poussa quand même la première version à sortir sur les écrans sous la pression des cinéphiles consternés (et des faibles performances au box-office de cette resucée). Nous vous parlons avec plus de détails de cette affaire assez unique dans l'industrie cinématographique à l'occasion de notre dossier dédié à la saga de L'EXORCISTE, ainsi que de la critique de DOMINION, la version originale de Paul Schrader.

Pour appréhender correctement L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT, il faut s'arrêter quelques instants sur la production extrêmement chaotique de cette oeuvre afin de mieux cerner certaines de ses caractéristiques les plus inexplicables. Tout d'abord, le film fut tourné rapidement avec un budget particulièrement serré afin de limiter le gouffre financier d'une production ayant déjà brûlé des dizaines de millions de dollars sur le film de Paul Schrader. Pire encore, la préparation fut particulièrement précipitée afin que le retour sur investissement soit le plus court possible. Le scénario du film de Schrader est réécrit au burin de manière plus «Target» vis-à-vis de l'audience souhaitée, faisant sauter des éléments capitaux de la première version (comme le jeune possédé joué par Billy Crawford), et réécrivant largement les personnages conservés de l'ancien film comme une femme médecin (re) jouée par Izabella Scorupco (elle remplace Clara Bellar qui interprétait le rôle chez Schrader). Pour enfoncer le clou de ce changement de direction du projet, le poste de réalisateur est confié à Renny Harlin, le géant finlandais spécialiste du film d'action à gros bras (CLIFFHANGER avec Sylvester Stallone, 58 MINUTES POUR VIVRE avec Bruce Willis), cantonné aux séries B un peu bas de plafond depuis l'échec financier de son très ambitieux L'ILE AUX PIRATES. Bien entendu, toute l'équipe du film n'a guère eu le loisir de préparer quoique ce soit avant d'entrer sur ce projet, et les rares rescapés du film de Schrader (comme Stellan Skarsgard dans le rôle de Merrin) rempilent de manière lassée et contractuelle.

L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT n'a donc rien d'un véritable film logiquement pensé dans un univers préexistant, mais d'un appendice boursouflé fagoté dans l'urgence par une équipe n'ayant pas les moyens de faire du bon travail, mais néanmoins désireuse de sauver les meubles et la face. La mission est globalement réussie, techniquement tout du moins. Le film est visuellement propre et même parfois soigné. L'interprétation est correcte et la narration relativement rythmée, le tout se laissant voir sans réel déplaisir. La plupart des effets spéciaux souffrent certes de finitions bâclées (comme les fameuses hyènes en images de synthèse), mais le tout reste quand bien même dans l'ornière du cinéma professionnel. Une réussite «industrielle» à mettre au crédit notamment de Renny Harlin qui, sous sa réputation d'attardé obsédé par les quintuples explosions, eut le professionnalisme et l'autorité nécessaire de fournir «quelque chose» de regardable et dans les temps.

Seulement voilà, si nous voulons bien dévier notre regard des contraintes de production pour nous mettre à la place du spectateur venant découvrir la fameuse préquelle de l'un des films fantastiques les plus importants du genre, la douche n'est plus à l'eau froide, mais à l'azote liquide ! Sur le même, et très bon, postulat du film de Schrader (à savoir l'exhumation d'une église dans une région anachronique), L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT échoue à mettre en place l'ambiance délétère et oppressante induite par son sujet pour se raccrocher à de l'effet incroyablement lourd. Le film s'ouvre ainsi sur un Stellan Skarsgard habillé en croisé, déambulant au milieu d'une étendue de cadavres cloués à des croix inversées. Un prologue hyper choc, mais particulièrement gratuit dans sa grandiloquence vu la justification qui en est fait plus tard dans le film. Si la première incursion de Merrin dans l'église ensevelie amorce un début d'angoisse, celle-ci est vite balayée au profit de la tension occasionnée par le guide alcoolique du site, obsédé sexuel notoire dont le visage ne cesse de pourrir à vu d'oeil.

Mais la principale aberration du film tient dans son traitement du démon et de la possession. Si la première moitié du film semble orienter l'emprise démoniaque vers un petit garçon, l'histoire nous réserve un sacré rebondissement en calquant la possession sur le «Whodunit» ! Concrètement, le possédé n'est pas celui que l'on croit. D'un point de vue théologique, on s'interroge sur le fait que le démon dissimule sa présence dans la mesure où, dans les autres films, son rôle était d'attaquer frontalement et d'asservir. Mais plus grave, ce Whodunit absurde est éventé de manière immédiate par la communication du film, ayant dévoilé le faciès du possédé à tout va et ce jusque sur l'affiche. Un mauvais calcul puisque la victime du démon est clairement identifiable comme étant une femme, et que le nombre de personnage féminin dans le film est réduit à… un seul !

Mais à quoi bon lutter et rationaliser, L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT est un OVNI dégénéré pouvant même provoquer un plaisir alternatif particulièrement corsé grâce à sa dernière partie. En effet, le film qui jusqu'ici essayait la retenue se lâche totalement pour son duel tant attendu entre Merrin et le démon dans les entrailles de l'église maudite. Si Linda Blair arrivait à tourner sa tête à 360 degrés en 1973, la possédée de l'an 2004 peut quant à elle te balancer le gros Skarsgard à l'autre bout de la pièce d'une pichenette, rebondir au plafond et y courir la tête en bas comme une araignée, et (sur)jouer comme si elle sortait d'un remake cocaïné de EVIL DEAD 2 de Sam Raimi.

En face d'une telle menace, ce n'est évidemment pas un «Notre-Père» marmonné sous trois gouttes d'eau bénite qui va régler le problème, mais du super psaume hurlé à s'en décrocher la mâchoire ayant l'efficacité de désarticuler le démon sur une portée d'au moins 500 mètres. Un authentique Kaméhaméha christique encore plus puissant sur le pauvre spectateur éberlué, se frottant les yeux pour être bien sûr qu'il ne rêve pas. Définitivement, L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT est un film qui ne s'oubliera pas !

Vu l'étendu de la catastrophe financière et artistique du film, il ne faut pas s'attendre à une édition DVD de grand standing. Cette dernière fait profil bas, non sans se montrer techniquement satisfaisante. La qualité image et son est au rendez-vous et se hisse sans problème dans l'excellent niveau instauré par les films US récents. Un petit effort est fait sur les bonus, malgré leurs désintérêts cinglants.

Si vous êtes un producteur peu scrupuleux et que vous avez besoin d'un fidèle lieutenant n'ayant pas froid aux yeux pour réciter les pires bobards afin d'étouffer vos magouilles, vous pouvez faire appel les yeux fermés à Renny Harlin. Dans son commentaire audio, l'homme fait table rase du film de Schrader pour nous faire part de ses propres tourments afin de s'orienter sur ce film vers une nouvelle direction avec son scénariste. Toutes les initiatives opérées par DOMINION sont ainsi reprises au crédit de son équipe. Et lorsque arrive une séquence absolument indéfendable, le bougre se réfugie dans l'explication technique. Un champion on vous dit ! Une courte featurette tente aussi de nous convaincre que le film s'est tourné le plus normalement possible et dans la bonne humeur, et dont le seul problème de production fut une blessure de Harlin qui l'obligea à diriger le film la jambe dans le plâtre.

Après le très décrié EXORCISTE 2 : L'HERETIQUE, après le très discret L'EXORCISTE III, on espérait un quatrième opus d'anthologie prompt à chambouler le genre. Et bien oui, nous l'avons ce film messianique. L'EXORCISTE : AU COMMENCEMENT est le magnifique phoenix du n'importe quoi, totalement dégénéré et improbable, et dont la vision vous fera à coup sûr baver vert et tourner la tête à 360 degrés d'horreur. Nom de Dieu !

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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L'édition vidéo
EXORCIST : THE BEGINNING DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h49
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio de Renny Harlin
    • Featurette (8mn07)
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    Menu 1 : EXORCISTE : AU COMMENCEMENT, L' (THE EXORCIST : THE BEGINNING)
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