Le policier Hank Holten (Kevin Dillon) n'est plus que l'ombre de lui-même. Alcoolique depuis sa douloureuse séparation avec sa femme, Hank comble sa frustration en jouant des poings sur les suspects. Mis à l'amende par son supérieur (Lance Henriksen), Hank se voit chargé d'une banale enquête de routine : retrouver une lycéenne fugueuse. Tandis qu'il se saoule dans un bar, il croise par hasard la jeune fille. Il tente de l'interpeller, mais la fille l'asservit à son emprise d'un seul regard. Hank ne le sait pas encore, mais la disparue est une vampire.
Daté de 2004, LA SECTE DES VAMPIRES alias VAMPIRES : OUT FOR BLOOD est un film de télévision entrant dans la collection des «Sci-Fi Movies», soit des films produit pour une première diffusion exclusive sur la chaîne câblée américaine Sci-Fi Channel, en attendant une exploitation plus classique en DVD. Produit avec des sommes très serrées, de un à deux millions de dollars, ces films ne sont rien de plus que les séries B/Z de l'an 2000. Mais leurs atouts de production, à savoir un tournage rapide souvent sur place à Los Angeles (et non au fin fond de la Roumanie), incitent les acteurs connus disponibles à figurer dans ces petites bobines pour quelques jours de cachets. C'est ainsi que LA SECTE DES VAMPIRES se pare de deux têtes d'affiches non négligeables : Kevin Dillon (frère de Matt, et mis sur le devant de la scène dans le remake du BLOB de Chuck Russell) et Lance Henriksen (qui commence malheureusement à être de moins en moins regardant sur sa filmographie).
LA SECTE DES VAMPIRES est écrit, produit et réalisé par Richard Brandes. Un homme solide, dans le métier depuis une quinzaine d'années, pour qui c'est le deuxième film en tant que metteur en scène. Sur le papier, l'assise du bonhomme a de quoi rassurer jusqu'à ce que l'on regarde de plus près ces «oeuvres» : du petit thriller de routine, du fantastique au kilomètre… Cela se vérifie dans LA SECTE DES VAMPIRES. Si la première partie du film étonne dans le bon sens, proposant un spectacle rythmé et bien emballé, le film ne cesse de sombrer dès la première demi-heure passée. La faute à un script accumulant les banalités, et défonçant méthodiquement toutes les portes ouvertes du film de vampires.
Hank sera bien évidemment mordu par la jeune fille qu'il recherche pour ainsi devenir un vampire lui aussi. Le film se complet à montrer le pauvre bougre tenter de convaincre sa hiérarchie qu'il a été victime d'un groupe de suceurs de sangs, jusqu'à nous dévoiler étape par étape les changements de Hank : plus de reflet dans le miroir, soif de sang… Heureusement, son ex-femme (une romancière à la recherche d'aventures pour ses romans) le croit et décide de s'allier avec lui en vu de tuer le «Maître» qui lui rendra sa forme humaine.
Dire que l'on a vu ce traitement des centaines de fois relève de l'euphémisme poli. Parlons crûment, il n'y a rien qui mérite d'être retenu en termes d'initiatives narratives dans cette copie-carbone des clichés du genre. Bien entendu, LA SECTE DES VAMPIRES devient de ce fait irregardable pour celui qui a déjà visionné AUX FRONTIERES DE L'AUBE de Kathryn Bigelow, VAMPIRES de John Carpenter, ou n'importe quel film dédié aux vampires urbains. Plus prosaïquement, il paraît évident que LA SECTE DES VAMPIRES s'adresse à un public adolescent, alors en phase de découverte avec les ressorts du sous-genre. Vierge de toute culture cinématographique fantastique, ce jeune spectateur pourra éventuellement y trouver son compte.
Pour l'amateur de fantastique, c'est unanime, LA SECTE DES VAMPIRES est un mauvais film ! Car outre son scénario «copié sur celui du voisin», le film souffre d'une interprétation inégale. Si Kevin Dillon prend son rôle au sérieux (c'est tout à son honneur), et que Henriksen nous sort un numéro passe-partout mais parfaitement rodé, le reste du casting est à la traîne. Si la jolie Jodi Lyn O'Keefe (débutante dans HALLOWEEN H20, recyclée depuis dans la petite lucarne) nous sert une prestation qui fait sans problème illusion (aidée en cela il est vrai de sa plastique impeccable), Vanessa Angel alias l'ex-femme de Hank assure le minimum syndical sans y croire une seconde. Particulièrement gênant lorsque l'on est le second rôle. Enfin, les maquillages «gros latex» de l'équipe de John Carl Buechler puent la ringardise à plein nez. Passons sur le design des vampires, peu original mais plutôt efficace (encore faudrait-il mieux cacher les raccords des prothèses, impardonnable dans les gros plans), pour nous gausser du maquillage du maître des vampires : un lourd masque totalement grotesque, dont la peinture verte kaki s'écaille dans les jointures. Assurément, LA SECTE DES VAMPIRES ne donne pas envie de s'abonner Sci-Fi Channel !
LA SECTE DES VAMPIRES est édité chez nous dans une édition qui finira sans aucun doute sa vie dans toute les bons «hyper-discount» de l'hexagone. La qualité image est sans conteste de très bonne tenue, si l'on excepte une petite granulation un peu poussée. Les pistes sonores sont de timides 5.1, mixées visiblement à la va vite (seul les passages musicaux semblent tirés partis de la spatialisation). Un reproche qui n'en est pas un car rappelons qu'il s'agit d'un téléfilm à petit budget, qui n'a pas grand-chose à gagner d'un mixage en multicanal. En guise de bonus, nous trouvons la bande-annonce ainsi qu'un Making Of, une quinzaine de minutes d'effroyables discours marketing où le metteur en scène ose nous lancer face caméra : pour faire un film de vampires, il faut toujours trouver un angle inédit ! Gonflé le bonhomme.
Même pour un samedi soir pluvieux, avec une lourde pizza dans le ventre arrosée de quelques litres de bière, LA SECTE DES VAMPIRES peinera à s'imposer à l'oeil du spectateur ayant vu au moins deux trois films de vampires dans sa vie. Certes, le film est emballé avec honnêteté, mais la crise de déjà-vu accule en permanence LA SECTE DES VAMPIRES à répondre à cette douloureuse question : quel intérêt ?