Header Critique : SEA GHOST (THE THING BELOW)

Critique du film et du DVD Zone 2
SEA GHOST 2004

THE THING BELOW 

En vingt ans de carrière, le réalisateur Jim Wynorski que vous aurez reconnu sous le pseudo de Jay Andrews, a réussi à coucher sur pellicule plus d'une soixantaine de films. Selon ses propres aveux, il existe un pari entre lui et Fred Olen Ray pour voir qui peut réaliser le plus grand nombre de films avant de prendre sa retraite ou de mourir sur le plateau. Nous ne souhaitons bien sûr la mort de personne mais il faut bien appeler un chat un chat, la qualité n'est pas vraiment égale à la quantité. Naviguant entre l'horreur érotique (CHEERLEADER MASSACRE), les animaux préhistoriques (RAPTOR) ou l'action musclée (SHOCKWAVE), le réalisateur qui n'a honte de rien s'attaque cette fois aux profondeurs marines et aux créatures génétiquement modifiées.

A vrai dire, le résumé n'est pas évident à faire tant le scénario est confus, mais ces quelques mots clés devraient vous donner une petite idée de la chose : Expériences secrètes, scientifiques dépassés par les évènements, deux frères ennemis, des femmes plus ou moins dénudées, des tempêtes, des explosions, des visions terrifiantes provoquées par la créature et quelques morts sans intérêt visuel. Vous mélangez bien le tout et servez chaud, mais ce qui aurait pu être assez nul pour nous faire passer un moment de détente agréable n'est finalement rien d'autre qu'un miasme puant où rien n'a ni tête ni queue. Avis aux amateurs : Toute oeuvre Nu Image qui se respecte est une super production en comparaison !

Ces quelques mots clés vous font peut-être penser à d'autres films du genre, comme le pompeux ABYSS, le mésestimé et pourtant sympathique LEVIATHAN, voire même l'excellent UN CRI DANS L'OCEAN. Que nenni ! Les références visibles se trouvent ailleurs et sont bien trop ambitieuses pour sonner vrais : un peu d'ALIENS, un soupçon de JASON X et une bonne dose d'EVENT HORIZON et VIRUS. Nous y trouvons même un clin d'oeil impressionnant aux Westerns de Clint Eastwood. Gloups ! On grince des dents devant le résultat qu'en notre bonne âme et conscience nous ne pouvons décemment pas gâcher, préférant vous laisser l'entière surprise.

Un point fort du film est de présenter des effets spéciaux d'un tout nouveau genre.
- C'est certainement le spécimen.
- C'était quoi, comme bête ?
- On l'avait scellé dans ce récipient juste avant que je ne parte vous rejoindre.
- C'était un poisson ou quoi ?
- On n'avait jamais vu ça…
Nous non plus : Le CGI en 2D ! En effet, les vagues qui menacent de couler les navires et la méchante bébête tentaculaire qui décime le cast ont tout l'air d'avoir été dessinés, photocopiés et animés sur l'image. Point d'incrustation en vue, le résultat est du plus plat effet et ne prête même pas à sourire. Le SEA GHOST du titre inspire la même consternation. Il s'agit du nom donné à la plateforme pétrolière où se déroule l'action. Lorsque nous la voyons pour la première fois, elle est immobile au milieu d'un océan déchaîne, la maquette aussi ridicule et factice que le navire maudit des Templiers dans LE MONDE DES MORTS VIVANTS. Wynorski ne nous la montre que deux fois de l'extérieur, le reste du temps, les acteurs se promènent dans ce qui ne ressemble à rien d'autre que des couloirs d'entrepôt avec des petites lumières qui clignotent pour simuler un labo top secret. Move over, Ed Wood !

Quant aux dits acteurs, ils ne sont pas dirigés du tout et se demandent visiblement en quoi ce fut une bonne idée d'accepter ce tournage tout en réussissant à garder la face. Aucun n'a de charisme, on ne retient pas leurs noms ni leurs fonctions et ils n'ont même pas le loisir de fricoter ensemble ! En ce qui concerne les deux frères qui ne se parlent plus depuis quelques années, on se dit que ce ne devait pas être bien grave finalement, puisque tout grief semble s'être évaporé du scénario au moment de leurs retrouvailles. Ils sont interprétés par Billy Warlock (HALLOWEEN 2, SOCIETY...) et Jim Thorburn dont les apparitions les plus reconnaissables sont dans les séries télé STARGATE ou MILLENIUM. Autant dire qu'aucun ne crève l'écran, tout comme le reste des acteurs, également recrutés entre une série télé et une série B néfaste pour une carrière sérieuse.

La réalisation est tout aussi insipide, ne laissant aucune surprise au spectateur ni de différences notables entre scènes d'action et d'exposition. Bien que les images sont soignées, elles sont terriblement statiques et creuses, à l'image des vagues photocopiées qui secouent nos pauvres neurones. Mais ce qui est vraiment étrange, c'est que le film ne sombre pas complètement dans la nullité car, manifestement, des efforts ont été faits. On sent qu'avant le tournage, tout le monde y croyait, peut-être même pendant et après. Mais la passion n'est nulle part, aucune énergie ne s'en dégage et on finit par avoir l'impression de patauger dans une flaque d'eau.

Alors, pour réveiller le spectateur, Jim Wynorski a recours à un petit moment de pur génie. Pile poil au milieu de son film, il nous offre gracieusement une danse lascive d'une blondasse siliconée jusqu'aux dents sur fond de flammes censées rehausser l'érotisme de la chose. C'est artificiel, laid et complètement gratuit, juste assez long et dénudé pour titiller les spectateurs sous la ceinture, et provoquer un fou-rire d'incrédulité chez les spectatrices (gageons qu'elles ne seront pas nombreuses, de toute façon). Et comme ce n'est pas le moment de faire dans la dentelle, une superbe publicité pour Pepsi remplit soudain l'écran de son logo rouge, bleu et blanc visible à dix kilomètres à la ronde. Ensuite, l'ennui se réinstalle tandis que le rythme s'essouffle dangereusement jusqu'à un final ridicule à se faire recroqueviller les orteils d'embarras. On en viendrait presque à souhaiter d'autres apparitions plastiquées pour tromper notre ennui. Au lieu de cela, le métrage provoque un soudain glissement spatio-temporel et malgré leurs longueurs respectives de durée égale, la deuxième moitié du film s'avère deux fois plus longue que la première. Etonnant ! Un glissement de terrain sous-marin provoquant une disparition soudaine dans des profondeurs abyssales aurait été bien plus humain pour toute personne impliquée dans cette production.

L'image est proposée dans un 1.33 totalement inintéressant, faisant d'emblée penser à un téléfilm aux gros moyens. Elle ne comporte aucun défaut immédiatement visible, si ce n'est le film en entier. La colorimétrie est correcte, la majeure partie du film étant baignée dans des tons bleus et froids appropriés aux décors mais créant une trop grande distance émotionnelle avec le spectateur. L'équilibre entre la lumière et les ombres est également passable, ce qui est très dommageable pour les effets spéciaux. Le métrage aurait en effet gagné à tout laisser dans le noir ou au moins le flou artistique.

La piste son en 2.0 est correcte, ne laissant toutefois aucun souvenir impérissable. La seule langue proposée est le français mais on sent bien qu'une version originale n'aurait pas augmenté le niveau d'appréciation de beaucoup. Nous avons même poussé un petit soupir de soulagement de ne pas avoir à regarder ce truc une deuxième fois pour comparer.

Les suppléments sont la dernière chose qui nous reste à passer en revue et pour une fois, nous applaudissons leur brièveté : Une bande annonce du film en version française et la filmo/bio de Billy Warlock. La voix off de la bande annonce ressemble à s'y méprendre à la narration d'un documentaire sur les crimes passionnels, ajoutant une toute nouvelle dimension aux images aussi confuses que l'histoire. Elle s'offre même le plaisir inénarrable de spoiler la fin du film. Ca doit être une première dans l'histoire des bandes annonces.

Billy Warlock est un acteur qui a accompli le rêve américain typique. Le menu déroulant nous apprend que parti de rien, il a enfin connu la consécration dans la série ALERTE A MALIBU. On se dit alors qu'il est quand même fort triste de voir un acteur aussi complet échouer lamentablement dans un film de Jim Wynorski, sabotant ainsi toute chance de retrouver un travail sérieux ou recevoir les acclamations de ses pairs lors des prestigieuses distributions de prix cinématographiques.

En conclusion, SEA GHOST est un film absurde, prévisible de bout en bout, plat, ennuyeux et qui se prend trop au sérieux pour être plaisamment mauvais. Réfléchissez bien à tout ce que vous pourrez accomplir pendant 90 minutes au lieu de perdre du temps avec ce film car les possibilités sont infinies et bien plus amusantes.

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
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Jim Wynorski
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L'édition vidéo
THE THING BELOW DVD Zone 2 (France)
Editeur
Antartic
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h30
Image
1.33 (4/3)
Audio
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Bande annonce
    • Bio/filmographie de Billy Warlock
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