Critique du film
et du DVD Zone 2
STAR TREK III : A LA RECHERCHE DE SPOCK
1984
Dès son premier week-end d'exploitation, STAR TREK II, LA COLERE DE KAHN rapporte une somme grosso modo équivalente à son budget. Fort de ce succès commercial, Paramount décide de lancer dès que possible un troisième film mettant en scène l'Enterprise et son équipage intrépide. Néanmoins, les fans font grise mine à cause de la mort de Spock, un des personnages les plus populaires de la saga.
Assez tôt, Leonard Nimoy, l'interprète de Spock, envisage de mettre en scène ce troisième opus. Mais, dans le domaine de la réalisation, il n'a pour ainsi dire aucune expérience. Il travaille alors sur divers épisodes de séries télévisées, dont HOOKER, feuilleton policier qu'interprète William Shatner. Ce dernier affirme que c'est à cette occasion qu'il a pu enseigner lui-même à Nimoy les rudiments du métier de metteur en scène ! Chez Paramount, Michael Eisner se montre réticent. Il pense que Nimoy s'est lassé de Star Trek et ne s'impliquera pas suffisamment dans ce projet. Mais l'acteur persévère et obtient en fin de compte la direction de ce long métrage. Le scénario sera écrit par Harve Bennett, par ailleurs producteur du film.
Le noyau dur de l'équipage de l'Enterprise se voit à nouveau réuni, avec William Shatner en James T. Kirk, DeForest Kelley en Dr McCoy, James Doohan en Scotty, Walter Koenig en Chekov, George Takei en Sulu et Nichelle Nichols en Uhura. Mark Lenard, qui joue un klingon dans STAR TREK, LE FILM, reprend le rôle qu'il tenait dans la série télévisée, à savoir celui de Sarek, un ambassadeur Vulcain qui est en fait le père de Spock. Seul changement significatif dans la distribution, le lieutenant Saavik, interprétée par Kirstie Alley dans STAR TREK II, LA COLERE DE KAHN, se voit désormais incarnée par Robin Curtis. Apparemment, Kirstie Alley se montrait financièrement trop gourmande…
Par contre, Merritt Butrick, qui incarnait David Marcus, le fils de Kirk, dans le même film revient bien dans le même rôle. Un nouveau méchant fait son apparition, à travers la présence inattendue, dans la peau d'un cruel officier Klingon, de Christopher Lloyd, comédien comique révélé par VOL AU DESSUS D'UN NID DE COUCOU. Enfin, last but not least, la britannique Judith Anderson, la sinistre Mrs. Danver du REBECCA de Hitchcock, tient le rôle d'une prêtresse de Vulcain !
A bord de l'Enterprise, c'est la consternation... Au cours du dernier voyage, l'équipage a perdu l'officier Spock, ce Vulcain s'étant courageusement sacrifié pour sauver ses amis. Après avoir envoyé son cercueil sur la planète Génésis, un astéroïde en cours de terraformation artificielle, les voyageurs retournent vers une base de la fédération. Alors qu'ils fêtent tristement leur retour, ils sont rejoints par Sarek, le père de Spock, qui les somme de se rendre sur Génésis afin de sauver son fils. En effet, celui-ci aurait survécu en implantant son essence vitale dans l'esprit du docteur McCoy ! Aux abords de Génésis, David Marcus et Saavik observent l'évolution de cette nouvelle planète. Ils ignorent qu'un vaisseau approche avec, à son bord, le commandant Kruge. Ce cruel klingon désire à tout prix connaître le secret de la mystérieuse puissance permettant de transformer aussi rapidement un aérolithe stérile en une planète habitable…
STAR TREK II, LA COLERE DE KAHN ayant été un succès très confortable, les auteurs de STAR TREK III démarrent leur film dans le prolongement direct de ses derniers instants. A bord de l'Enterprise, l'ambiance est à la mélancolie et à la morosité. Et pour cause, l'équipage vient de larguer le cadavre de M. Spock dans le cosmos au terme d'une fort émouvante cérémonie funéraire. Nous retrouvons donc, dans ce nouvel épisode, des personnages et des éléments apparus au cours du second volet, tels David Marcus, Saavik, ou encore la planète Génésis qui nous avait été présentée comme une sorte de nouveau jardin d'Eden.
Il s'agissait pourtant d'une impression trompeuse. Car la source d'énergie faramineuse utilisée pour créer cette planète habitable va s'avérer un don à double tranchant. D'une part, les Klingons veulent l'utiliser comme une arme de destruction massive. D'autre part, cette puissance a priori miraculeuse se montre des plus instables…
Outre un sujet de science-fiction sérieux et ambitieux (on est tout de même chez Star Trek !), STAR TREK III frappe par des qualités techniques évidentes. Effets spéciaux signés par ILM, superbes maquettes de vaisseaux spatiaux, mate painting magnifiques (particulièrement sur Vulcain), son multipiste et cinémascope… STAR TREK III synthétise les qualités formelles qui font toute la munificence des Space Opera des années soixante dix et quatre vingt.
Malheureusement, il faut bien le reconnaître, le reste du métrage ne suit pas. Plus d'une fois, Nimoy tente de provoquer l'émotion, notamment en détruisant deux "éléments" censément chers aux spectateurs. Hélas, dans les deux cas, c'est l'indifférence qui l'emporte. L'interprétation est inégale, DeForest Kelley ne parvenant guère à nous convaincre de sa double-personnalité, par exemple.
Christopher Lloyd paraît un klingon bien cabotin, hésitant entre le sérieux le plus strict et la parodie grand-guignolesque. Qui plus est, le démarrage de l'intrigue s'avère des plus laborieux. L'Enterprise met pratiquement la moitié du métrage à atteindre Génésis, tandis que la première partie du film se disperse en longs bavardages, pour la plupart inutiles. Enfin, l'exploration de Génésis manque terriblement d'envergure, sans doute à cause de l'emploi exclusif de décors de studio, emploi imposé par la (relative) modestie du budget de STAR TREK III. Bref, malgré quelques qualités visuelles, ce film manque d'ampleur, manque de rythme et provoque avant tout un pesant ennui…
En DVD, aussi bien en Europe qu'aux Etats Unis, STAR TREK III a d'abord été décliné, comme le reste de la série (à l'exception du premier film), dans une édition simpliste réunissant le film et sa bande-annonce. En 2002, une édition spéciale a été proposée aux USA, rapidement suivie par son équivalent européen, lequel va être chroniqué ici.
Proposé dans un transfert 16/9 respectant le format scope d'origine, STAR TREK III bénéficie d'un bon télécinéma, quand bien même la copie d'origine ne semble pas parfaitement propre. Traces de grain, présence de petites saletés… Rien de bien tragique n'est à déplorer, ces petites faiblesses d'état se voyant compensées par un travail numérique naturel et agréable.
Initialement diffusée en Dolby Stereo, la version originale de STAR TREK III se voit ici remixée dans un 5.1 de très bonne tenue. Quelques éléments sonnent un peu étouffés (notamment certaines voix), mais le mixage, équilibré et élégant reste satisfaisant. La version française est aussi disponible, dans son mixage Dolby Stereo d'origine. Enfin le film et tous ses suppléments (à l'exception de la bande-annonce) sont sous-titrés en français.
Cette édition spéciale se voit répartie sur deux disques. Le premier contient le film lui-même ainsi que l'interactivité lui étant directement dédiée. Nous avons ainsi droit à un commentaire audio réunissant Leonard Nimoy, Robin Curtis, Harve Bennett et Charles Corell (le chef opérateur). Apparemment, les interventions ont été enregistrées séparément, ce qui n'empêche pas ce commentaire de se suivre agréablement. Le commentaire écrit de Michael et Denise Okuda, deux spécialistes de l'univers Star Trek, apporte un éclairage plus pointu (renvoi à des épisodes de la série télévisée, par exemple), non sans éviter quelques redondances par rapport au commentaire audio.
Un second disque se voit entièrement consacré aux suppléments. Il réunit notamment plusieurs featurette nouvellement produites. La première d'entre elles, "Terraformation et directive prioritaire", donne la parole à des scientifiques et à des écrivains qui dépiautent, 25 minutes durant et de façon fort intéressante, les problèmes scientifiques et éthiques soulevés par STAR TREK III. "Le journal de bord du capitaine" s'avère un "Making Of" classique consacré à la production de ce long métrage, avec interviews des acteurs et des créateurs du film. Si on trouve quelques informations intéressantes dans ces 26 minutes, il est toutefois dommage que la plupart des informations ici divulguées soient déjà présentes dans le commentaire audio.
Un documentaire de 27 minutes sur les effets spéciaux réunit les techniciens d'ILM qui ont travaillé sur STAR TREK III, lesquels n'hésitent pas à dépoussiérer quelques maquettes d'époque pour l'occasion. Certaines explications techniques manquent de clarté, mais l'ensemble se suit sans ennui. Nous n'en dirons pas autant des vingt minutes dédiées à la création du langage Klingon, assez soporifiques. Le petit document de douze minutes sur les costumes klingons et vulcains se montre bien plus sympathique.
Des galeries d'images réunissent ensuite les story-boards de plusieurs séquences à effets spéciaux, des photos de tournage ainsi que des photos de plateau. Enfin, on retrouve la bande-annonce de STAR TREK III et un teaser pour STAR TREK : NEMESIS.
Ce DVD Paramount a donc le mérite de proposer une copie tout à fait satisfaisante, ainsi qu'une interactivité aussi fournie que variée, même si elle s'avère par endroit un peu inégale ou redondante.