En essayant d'aller faire un tour dans son complexe secret scellé depuis l'incident qui a coûté la vie à sa population, Umbrella libère le T-Virus qui se répand à la surface. L'épidémie se propage à vitesse grand V et la ville de Raccoon City se transforme rapidement en champ de bataille… Jill Valentine, Carlos Oliveira et Alice sortent leurs flingues pour essayer de survivre !
En adaptant RESIDENT EVIL pour le grand écran, Paul Anderson avait réussi le simple pari d'offrir un film rondement mené sans pour autant trahir la série vidéo ludique créée par Capcom. Si le scénariste et réalisateur avait d'ailleurs pioché ici ou là des éléments du décorum Resident Evil (les chiens, le licker, les nettoyeurs….), il était resté à l'écart des personnages préexistant. Pour la suite, Paul Anderson ne quitte pas le navire mais délègue la mise en scène à Alexander Witt. Il garde tout de même un gros contrôle en supervisant la production sur un scénario de son propre crû qui cette fois recycle des personnages déjà rencontrés dans les diverses incarnations du jeu vidéo et plus particulièrement Resident Evil 3. Cette suite permet d'amener sur les écrans Nemesis, un mastodonte armé jusqu'au dent dont la mission est d'éliminer les forces d'élite policière en émettant un simple et unique «Staaaars !» comme dans le jeu vidéo. Face à lui, il était dès lors évident de placer les personnages du jeu où il apparaissait avec Jill Valentine, et sa tenue très TOMB RAIDER mais bel et bien issu du jeu Resident Evil 3, Carlos Oliveira et Mikhail.
Cela n'est pas sans poser problème puisque RESIDENT EVIL : APOCALYPSE se doit aussi de ramener le personnage d'Alice qui n'apparaît ni dans le troisième jeu vidéo ni même dans aucun des autres. Et dans cette suite, il s'agit du seul personnage qui paraît quelque peu déplacé vis à vis du reste. Néanmoins, Paul Anderson est plutôt malin et exploite un certain flou concernant l'identité de Nemesis ce qui lui permet de créer de véritables liens entre le premier film, cette suite mais aussi l'univers des jeux. Mais l'intrusion du personnage d'Alice modifie totalement l'intrigue du jeu. Elle se retrouve dès lors la véritable cible de Nemesis alors qu'il s'agissait des Stars à l'origine. Quitte à vouloir être fidèle jusqu'au bout, il aurait donc été plus logique de laisser de côté Alice qui fonctionnait dans le premier film, ne se basant pas sur l'intrigue d'un jeu vidéo existant, pour laisser le champ libre à Jill Valentine et Carlos Oliveira.
RESIDENT EVIL : APOCALYPSE a donc de quoi faire tiquer les fans de la série des jeux vidéo et tout autant les enthousiasmer puisque le film s'avère encore un peu plus fidèle à l'univers de Capcom. RESIDENT EVIL, premier du nom, était un film de mort-vivant et d'action à destination d'un large public. Sa suite est tout aussi policée et s'orienta fort logiquement bien plus vers l'action que l'horreur. Mais le choix de donner la réalisation à Alexander Witt se ressent gravement à la vision du film. Directeur de la photographie et réalisateur de seconde équipe ayant bourlingué sur de grosses productions, il prend ici les rênes de son premier film où il démontrera, comme beaucoup d'autres avant lui, que découper n'importe comment ses scènes d'action donne surtout un n'importe quoi visuel incompréhensible. Gênant sur une adaptation d'un jeu vidéo où la lisibilité de l'action prime et où le joueur connaît exactement sa localisation et celles de ses ennemis dans l'espace (le décor). Il n'en faut pas plus pour planter un film qui se base en grande partie sur les affrontements entre les personnages et les monstres.
Comme RESIDENT EVIL : APOCALYPSE s'oriente vers le grand public, le gore et les morts-vivants sont réduits à des concepts assez flous ou alors à de très gros plans enfilés à la vitesse d'une mitrailleuse (une mâchoire ici, un oeil là…). L'un des producteurs aura beau s'enthousiasmer pour le sens des cadrages d'Alexander Witt parmi les suppléments, dont l'un des commentaires audio, le résultat final offre un patchwork d'images épileptiques. Ainsi, la traversée d'un cimetière silencieux se transforme en quelques secondes en un champ de bataille inintelligible où surnage seulement une ou deux poses sensées donner au personnage d'Alice un statut d'héroïne cool. L'occasion tout de même, en préambule, de nous faire une exhumation de cadavres putrides à la Fulci. Une scène à mettre aux côtés d'autres passages de RESIDENT EVIL : APOCALYPSE qui paraissent bien plus dérangeants : l'attaque des mômes zombifiés, des nanas à poils mortes-vivantes ou encore un prêtre pas très catholique ! Mais tout cela paraît bien peu en regard du reste.
Le fait de nous asséner de l'horreur pour ados «in the mood» à coup de neo métal pseudo rebelle, passe encore… C'est même parfois plutôt fun et divertissant. Mais si en plus, le bidule est monté n'importe comment, il est difficile d'accrocher à la tambouille qu'on essaye de nous servir. Pour autant, il y a pire dans le genre et RESIDENT EVIL : APOCALYPSE fait tout de même l'effort de soigner tout ce qui tourne autour de ses scènes d'action. Par exemple, son casting est plutôt bien vu. Sienna Guillory campe une Jill Valentine très convaincante alors qu'elle est ici totalement méconnaissable par rapport à la version télévisée d'HELENE DE TROIE où elle apparaissait souvent dénudée. De même, Oded Fehr donne corps à son Carlos Oliveira de façon plutôt satisfaisante. On sera déjà plus circonspect par l'ajout de Mike Epps en rigolo de service.
Déjà sorti un peu partout ailleurs, RESIDENT EVIL : APOCALYPSE arrive en DVD avec un peu de retard en France par rapport aux autres pays. Toutefois, ce disque n'aura rien à envier à ceux déjà sortis. L'image, comme on peut s'en douter, est de très grande qualité dans son format large et en 16/9. La section audio fait de même avec un Dolby Digital 5.1 très démonstratif. A noter que le doublage français a droit, en plus, à une piste DTS. Une piste dans ce format aurait aussi été appréciée pour la version originale anglaise.
Le premier DVD contient donc trois commentaires audio. Commençons par celui des acteurs où Milla Jovovich ne risque pas de remonter dans l'estime de ses détracteurs. Une piste qui n'offre rien de véritablement passionnant entre deux fous rires de l'actrice et où Oded Fehr rentre dans son jeu. Toutefois, il est amusant d'y entendre Sienna Guillory expliquer à ses petits camarades qu'il y a peut être des choses plus importantes à dire aux spectateurs… Les producteurs Jeremy Bolt et Robert Kulzer ainsi que le réalisateur Alexander Witt sont déjà plus studieux et offrent donc une véritable prestation intéressante. Ces deux commentaires audio sont sous-titrés en français mais le troisième ne l'est pas. Dommage car c'est celui qui est le plus intéressant où Paul Anderson et Jeremy Bolt s'exprime à propos du film. Etonnant d'avoir choisi de sous-titrer les acteurs et occulter le commentaire de Paul Anderson pourtant au coeur des versions cinématographique de RESIDENT EVIL. Le premier disque contient aussi un grand nombre de bandes-annonces. Celles de RESIDENT EVIL et RESIDENT EVIL : APOCALYPSE mais aussi d'autres titres fantastiques, ou non, édités en DVD tel que les trois BLADE ou encore L'ARMEE DES MORTS.
Le second disque offre son lot de documentaires promotionnels. Ils sont tous fait sur le même moule avec un mélange d'interviews, extraits et séquences de tournage prises sur le plateau. Chacun s'occupant d'un sujet en particulier. On commence par «Le Jeu vidéo en ligne de mire» qui débute en essayant de faire un parallèle entre le film et le jeu vidéo. La chose est survolée à vitesse grand V alors qu'il y avait pourtant matière à rentrer dans le détail concernant justement l'adaptation du jeu vidéo. Tant pis ! Celui qui se focalise sur les morts-vivants est le plus surprenant. On y donne ainsi la parole aux coachs en charge de donner des cours sur la manière de se mouvoir comme un mort-vivant. Nous ne sommes d'ailleurs pas très éloignés d'une séquence amusante de SHAUN OF THE DEAD. Autre point d'intérêt, on peut voir dans «La Symphonie du Mal» des tests des deux actrices principales dont Sienna Guillory avant qu'elle ne change de couleur de cheveux. Dans l'ensemble, tout cela se regarde sans ennui en raison de la segmentation en plusieurs modules assez courts réservant souvent quelques passages étonnants comme ceux avec Nemesis. Bien évidemment, on parle aussi des effets visuels, des scènes d'action ou encore de la place prépondérante des actrices dans le film.
Une vingtaine de scènes coupées est à visionner mais la plupart sont surtout de tout petit bouts de scènes qui viennent allonger ce que l'on peut trouve déjà dans RESIDENT EVIL : APOCALYPSE. Parmi toutes ces scènes, c'est surtout Terri (Sandrine Holt) qui passe à la trappe puisque l'on peut y voir de nombreux ajouts concernant ce personnage. De plus, la vingtième est une version alternative alternative de la fin où Alice sort du building mais, cette fois, sous la pluie pour rejoindre ses compagnons.
Un bêtisier pas spécialement amusant permet de visionner une sélection des scènes plantées pendant le tournage : machin oublie son texte, bidule éclate de rire, truc fait le con… La galerie d'affiches ne reprend pas ceux qui ont été utilisés à travers le monde pour la promotion du film. En fait, il s'agit des cinq finalistes d'un concours qui fut réalisé sur internet (visible ici). Pour la sortie de RESIDENT EVIL, le premier film, Columbia avait déjà fait une opération sur les affiches en donnant la possibilité aux internautes de voter pour celle qu'ils préféraient. Cette fois, le concept a été repris mais il était possible de soumettre ses propres créations. Le dernier supplément nommé «Regenerate» est une vrai fausse publicité. Elle vante les mérites d'une crème contre le vieillissement de la peau et commercialisé par Umbrella. Elle a bien évidemment des effets secondaires et fait au passage la promotion du film de façon atypique. Ce petit clip fort réussi est proposé en version originale sous-titré mais aussi en version française !
Pour conclure, il paraît difficile de ne pas relayer l'amusante citation de Première qui orne le verso de la jaquette «Mieux que l'original. Plus de gore, d'action et de bonnes idées.». C'est sûr que quand on en n'a pas l'habitude, un RESIDENT EVIL : APOCALYPSE, ça doit être super rafraîchissant entre deux films chiants. Mais bon, faisons preuve de lucidité, RESIDENT EVIL : APOCALYPSE n'est pas meilleur que l'original, il n'est pas spécialement plus gore, comporte autant d'action, certes plus spectaculaire, et les bonnes idées sont surtout d'avoir réussi à combiner astucieusement l'univers du premier film avec celui de Resident Evil 3 (le jeu vidéo). Reste à savoir ce qu'ils nous feront par la suite puisque la fin de ce second opus est largement ouverte !