Nous allons une fois de plus démarrer ce texte avec l'interrogation que l'on utilise un peu trop souvent ces temps-ci. Mais que peut donc bien faire ce film ici ? LE MAGNIFIQUE de Philippe de Broca entre de plain-pied dans le cinéma fantastique. Dans le sens où son personnage principal mène en quelque sorte une double vie. François Merlin, auteur de romans de gare, injecte dans ses écrits des personnages de son entourage qu'il transforme selon son imagination en vilain ou en bombe sexuelle. Son quotidien nourrit son imaginaire comme celui de beaucoup d'auteurs. L'aspect fantastique provient du fait que le spectateur est lui-même plongé dans les péripéties de son héros caricatural, qui emprunte les traits de l'auteur, mais aussi dans les égarements de l'écrivain.
LE MAGNIFIQUE se présente sous deux aspects. D'un côté l'imaginaire qui présente une parodie goûteuse d'une certaine littérature et par extension de tout un pan du cinéma. Les romans de gare et les séries B d'espionnage dont les personnages les plus connus sont les SAS, Coplan, O.S.S. 117 et, bien sûr, James Bond. De l'autre, le quotidien de François Merlin qu'on découvre pour le moins anodin : secrètement amoureux d'une de ses voisines, pressé par le temps pour remettre son manuscrit, malmené par les petits tracas du quotidien et le compte en banque complètement à sec... Une chronique tendre et simple de la vie d'un auteur. A l'arrivée, c'est un peu comme si on obtenait deux films qui se marient pour n'en faire qu'un, dont les moments les plus savoureux se mélangent. Le plombier récalcitrant se fait plomber de pruneaux par Bob Saint-Clair, la petite voisine au look strict devient une vamp glamour, la panne de la machine à écrire... On est donc devant une véritable comédie qui n'hésite pourtant pas à lâcher des flots d'images violentes à grands renforts de geysers de sang pour mieux appuyer la caricature.
LE MAGNIFIQUE est un film qui ne vieillit pas vraiment. Les thèmes abordés sont toujours d'actualité ce qui fait de cette mignonne comédie un film tout aussi appréciable qu'elle pouvait l'être il y a près de trente ans. Avec le recul, l'auto-parodie de Jean-Paul Belmondo est encore plus succulente en raison d'un grand nombre d'autres films "sérieux" qu'il a pu faire par la suite.
Notons que Ching Siu Tung, le réalisateur des HISTOIRE DE FANTOMES CHINOIS, a réalisé une sorte de remake du MAGNIFIQUE. Avec Jet Li pour remplacer Jean-Paul Belmondo dans DR WAI AND THE SCRIPTURE WITH NO WORDS. Différent dans le style mais très proche dans les idées.
StudioCanal fait du bon boulot comme presque toujours. La copie est superbement colorée et le son ne souffre d'aucun défaut. Que dire de plus surtout que le DVD propose depuis pas mal de temps déjà un niveau de qualité assez élevé. La moyenne des disques étant bien supérieure à tout ce que l'on avait pu voir jusque-là. Reste donc le "plus" produit. C'est à dire les suppléments, ce qui va différencier en grande partie le travail d'un éditeur ou d'un autre. Encore une fois, StudioCanal a le mérite comme un Opening ou un Editions Montparnasse (mais pas de manière systématique) de proposer, parfois avec les moyens du bord, ce que l'on ne trouve pas ailleurs. La bande-annonce ou les filmographies sont devenus le standard et on les retrouve sur LE MAGNIFIQUE accompagnées d'une galerie de photos. Bien plus captivant est le commentaire audio. Philippe de Broca ne s'y montre pas spécialement expansif mais remplit la durée du métrage ce qui est déjà une bonne chose. StudioCanal a tout de même la bonne idée de réaliser ces commentaires audio avec l'aide d'une personne qui relance la discussion pour éviter les blancs que l'on déplore si souvent sur ce type de suppléments. Et puis, il y a de quoi être toujours aussi étonné d'écouter un commentaire audio en français. Un exercice que l'on était tellement habitué à entendre en anglais depuis les éditions Laserdiscs en provenance des Etats-Unis. Le package utilisé pour une poignée de titres de la collection Belmondo dont LE MAGNIFIQUE se présente sous la forme d'un digipack. En gros, un boîtier cartonné presque plat et bien plus haut qu'un DVD normal. Donc difficile à caser de manière harmonieuse au milieu de ses autres disques. Surtout qu'un tel packaging n'est plus utilisé sur le reste de la collection de l'acteur français.
