LE MEILLEUR ET LE PIRE DE 2016 PAR LAURENT SAVOYEN

13 février 2017 
LE MEILLEUR ET LE PIRE DE 2016 PAR LAURENT SAVOYEN

J'aime toujours autant les cinémas de l'imaginaire et de l'étrange. Et depuis maintenant plusieurs années, toujours le constat que les films qui m'attirent ne connaissent plus le chemin des salles. Alors que fantastique et s-f sont mitonnés à toutes les sauces, selon des recettes appliquées par cœur, assaisonnés afin de plaire au plus grand nombre, et tenter le jackpot sans efforts, cette année seuls quelques titres sortant des sentiers battus auront connu une vraie sortie. On peut citer HIGH-RISE, THE WITCH ou EVOLUTION.

Heureusement, il y a les festivals, occasions souvent uniques de découvrir les films projetés sur grand écran. Mes vrais coups de cœur l'auront donc été dans ce cadre. Ils ont pour nom : KEEPER OF DARKNESS ou SAFE NEIGHBORHOOD découverts au PIFFF, SEOUL STATION projeté au Festival du Film Coréen, THE LURE découvert à l'Etrange Festival. Mais surtout, surtout, le bouleversant LO CHIAMAVANO JEEG ROBOT présenté, bien avant le Marché de Cannes, au Festival «De Rome à Paris». Ah, on nous souffle que celui-ci va sortir... Ne loupez pas ça, les amis.

Bref, revenons aux «vraies» sorties cinéma de cette année 2016 écoulée. Parmi la petite cinquantaine de titres du genre visionnés, voici cinq bandes qui sortent, de façon totalement subjective, du lot, classées par ordre alpha. Et quelques coups de gueule, que j'ai quand même eu du mal à identifier. Je n'ai pas vraiment vu de mauvais films mais il faut dire que je boycotte arbitrairement certains titres... Et puis inutile de s'enferrer dans l'aigreur.

LE MEILLEUR DE 2016 POUR LAURENT SAVOYEN

  1. 10 CLOVERFIELD LANE

    Ou comment tenir et assumer le concept du huis-clos (presque) jusqu'au bout. Dans ce bunker protégé d'un dehors apocalyptique, les personnages sont passionnants et leurs interprètes à l'unisson, la mise en scène sait tirer le maximum cinématographique d'un dispositif théâtral, et le scénario ne ménage pas ses efforts pour véritablement nous tenir en haleine et nous faire (re) bondir de notre fauteuil.

  2. ANOMALISA

    Un monde kafkaïen, animé littéralement d'une seule voix, dans lequel un auteur promène sa mélancolie et ses désillusions. Jusqu'à ce que surgisse «une» femme. Unités de temps, de lieu et d'action pour une animation hors des normes, sortie du cerveau plus que jamais en ébullition de Charlie Kaufman. Le moindre détail, les gestes les plus anodins, nous apparaissent soudain poétiques et vibrants. Avec une scène d'amour hallucinante de beauté, dans tout son naturel. Ça ne s'explique pas, ça se vit.

  3. CRIMINAL, UN ESPION DANS LA TÊTE

    Le plaisir coupable de l'année. Ou quand la série B part en vrille (remember la Cannon des 80's ?). Une intrigue parano post-Assange/Snowden, des espions, un tueur fou dans le couloir de la mort, un transfert de cerveau... Et c'est parti pour un truc over the top, souvent imprévisible, mené par des comédiens en roue libre, mais ô combien jouissifs, avec en tête Kevin Costner. Et les rebondissements, enquillant sans vergogne bastons violentes et romance improbable, sont servis par une mise en scène efficace, tout sauf bâclée.

  4. MEN & CHICKEN

    Le cinéma nordique dans toute sa froideur. Deux frangins adoptés retrouvent leur fratrie sur l'île où leur père se prêtait à des expériences volaillères génétiques. Une espèce de «Docteur Moreau» sous tranxène, zébrée d'humour cinglant et non-sensique, dans un environnement atone. Les personnages, et les comédiens, y sont magnifiques. Des secrets à révéler, des ressentiments prêts à éclater, pour aboutir à une déclaration d'amour à la différence.

  5. ONE PIECE : GOLD

    Fruit (!) d'une franchise qui n'en finit pas de s'allonger ( !), ce dixième film One Piece se révèle un authentique tour de grand huit. Un spectacle qui en met plein les yeux, et les oreilles, organisant une intrigue de caper-movie sur une île casino, rassemblant tout ce que la piraterie animée nippone renferme de plus déjantée. Le plus étonnant étant qu'on s'attache au moindre personnage de cette saga aux accents «Dickensiens». Des rebondissements en veux-tu en voilà, à l'animation qui semble sans limites.
    Mais le spectacle aura aussi été dans la salle, comble. Un public, qu'en d'autres lieux certaines personnes bien intentionnées qualifieraient de racailles, ici rassemblé autour d'une passion, exulte, applaudit et hue, au rythme de l'apparition de ses héros. Euphorisant !!

LE PIRE DE 2016 POUR LAURENT SAVOYEN

  1. ALICE DE L'AUTRE CÔTÉ DU MIROIR

    Malgré toutes les promesses, pourquoi retourner chez Disney ? Sur la foi de la bénédiction du grand Chef Tim Burton ? Du menu 3D ? D'un réalisateur qui nous avait mitonné quelques sympathiques Muppet movies ? En tout cas au final, un plat industriel indigeste, surtout pour nos papilles accusant leur âge. Certains y ont retiré une touche féministe. Au royaume des aveugles …

  2. THE DOOR

    Pas un mauvais bougre, juste un truc totalement insipide, qu'on aura vite oublié, l'âge aidant. Après une mise en bouche accrocheuse et traumatique (l'éternelle perte de l'enfant), une accumulation de clichés et de poncifs au service d'une épouvante fantomatique amorphe. Et que je passe mon temps à te donner des explications, pour être sûr que t'as bien tout compris. Au suivant …

  3. MIRUTHAN

    Sur la promesse du premier film de zombie tamoul, on se retrouve devant un produit hybride. D'abord quelques scènes de comédie “prout-prout” embarrassantes. Mais à cela, il fallait s'y attendre, l'Inde du Sud étant le domaine du masala movie. Ce qu'on avait oublié, c'est qu'aux Etats-Unis WORLD WAR Z était passé par là, et c'est cet esprit qui vient percuter l'univers de Romero. Et le centre commercial de se transformer en une vitrine éhontée de placements produits à destination d'une société de consommation naissante. Ou l'esprit de révolte du cinoche B retourné comme un gant !!

  4. SAITHAN

    Accro au cinoche indien tamoul, on finit invariablement par tomber sur le pire. Un type, hanté par une apparition aux cheveux longs "Ring-like", est possédé par l'une de ses précédentes incarnations, en quête de vengeance. Et c'est illustré par des idées et des bastons littéralement pompées à droite à gauche, de l'EQUALIZER de Antoine Fuqua au LUCY de Luc Besson (la référence ultime !!??). Un vrai bordel, incapable de proposer un semblant de cohérence, sinon le retour au pire du cinoche asiatique des 80's. L'affiche qui claque n'a aucun rapport avec le film, ça vous étonne ? les 80's je vous dis …

  5. SUICIDE SQUAD

    Je ne suis pas metteur en scène. Ni scénariste. Ni monteur. Ni chef-opérateur. Ni acteur. Simple spectateur, passionné de comics, ai-je le droit de dire que chacune des prestations offertes par les fonctions susnommées est indigne du grand écran, et du temps que j'y ai consacrée. Dont acte.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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