Header Critique : OBLONG BOX, THE (LE CERCUEIL VIVANT)

Critique du film et du DVD Zone 1
THE OBLONG BOX 1969

LE CERCUEIL VIVANT 

Lorsque sont évoqués la firme AIP et Edgar Poe, les huit adaptations réalisées par Roger Corman entre 1960 (LA CHUTE DE LA MAISON USHER) et 1964 (LA TOMBE DE LIGEIA) viennent aussitôt à l'esprit. Pourtant, la compagnie de production américaine n'a pas dit son dernier mot après ce cycle puisque, malgré l'abandon du metteur en scène, elle continue de tourner, en Grande-Bretagne (comme c'était le cas pour les deux derniers "Poe-Corman") d'autres œuvres, plus ou moins fidèles aux écrits du maître de Baltimore, mettant toujours en vedette Vincent Price. Dès 1965, le vétéran Jacques Tourneur signe, dans ce cadre, THE CITY UNDER THE SEA. Puis, après un passage à vide de trois années, ce cycle "AIP-Poe" reprend avec LE GRAND INQUISITEUR du jeune Michael Reeves, qui rencontre un grand succès public et un accueil critique enthousiaste. On voit en Reeves un nouveau Terence Fisher, capable de relancer la qualité artistique de la production fantastique britannique.

American International Pictures veut battre le fer tandis qu'il est chaud et lance rapidement la production d'une nouvelle adaptation d'Edgar Poe, supposée s'inspirer de la nouvelle "La boîte oblongue". Pourtant, à part le titre, on ne retrouve pour ainsi dire rien du texte en question, lequel relatait une croisière tournant au naufrage, naufrage au cours duquel un homme se noie en s'agrippant désespérément à une caisse contenant le corps embaumé de son épouse. Outre l'incontournable Vincent Price, AIP s'offre les services d'une autres vedette de l'épouvante british, à savoir Christopher Lee en personne, qui n'a jusqu'alors jamais tourné avec l'acteur américain. Hilary Heath, qui vient de jouer dans LE GRAND INQUISITEUR, est aussi de la fête. Le tournage commence avec, comme metteur en scène, Michael Reeves, mais celui-ci décède d'une surdose de barbiturique à seulement vingt-cinq ans. Pour reprendre la production, Cy Endfield (L'ILE MYSTERIEUSE) est envisagé, puis on se tourne finalement vers Gordon Hessler, alors surtout spécialisé dans la télévision et le documentaire, et dont c'était le premier film d'épouvante.

Sir Julian Markham garde un lourd secret : son frère Edward, défiguré suite à une mystérieuse tragédie s'étant déroulée en Afrique, est séquestré dans une pièce sinistre de la demeure familiale ! Lorsqu'il est retrouvé mort dans sa chambre-cellule, Julian organise, avec un certain soulagement, les funérailles du pauvre homme. Après avoir exposé aux habitants du village le cadavre d'une autre personne, non défigurée, sir Markham fait enterrer, dans un cercueil soigneusement scellé, le véritable corps difforme d'Edward. Ce qu'il ignore, c'est que celui-ci est encore en vie et s'est volontairement fait administrer une drogue donnant temporairement à son corps l'apparence de la mort physique. Il comptait ainsi échapper à la vigilance de Julian et, ainsi, pouvoir s'échapper de la demeure familiale alors que tout le monde le croit mort…

Si cette histoire n'a rien à voir avec la nouvelle dont elle se prétend une adaptation, elle reprend tout de même des thèmes fantastiques classiques dont certains, comme l'enterrement vivant, sont typiques d'Edgar Poe. L'intrigue va, dans un premier temps, brasser très astucieusement une histoire de zombification, dans la tradition du VAUDOU de Tourneur, et les méfaits de profanateurs de sépulture, des vauriens payés par le docteur Neuhart (Christopher Lee en personne) pour lui fournir des cadavres qu'il utilise à des fins expérimentales. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il découvre, dans un cercueil fraîchement déterré par ses lugubres "fournisseurs", un homme, vivant, au visage hideux.

Il s'agit bien sûr d'Edward, que ses complices ont laissé choir, le condamnant à se faire enterrer tout vif ! Cachant désormais son visage sous une inquiétante cagoule rouge, il est bien décidé à faire payer ses anciens "associés". Cette histoire de vengeance aurait sans doute dû être la partie la plus intéressante du film, qui mettrait en scène ce personnage sinistre, motivé par des pulsions homicides. Mais, l'intrigue, déjà bien tarabiscotée, se disperse curieusement dans des directions sans réel rapport avec cette vendetta. Ainsi, Edward s'implique dans des aventures hors sujets, lorsqu'il se rend dans une auberge interlope ou lorsqu'il vit une aventure sexuelle avec la bonne du docteur Neuhart. Pendant ce temps-là, sir Markham - Vincent Price se promène dans la campagne, au bras de sa fiancée, sans réellement nous interpeller plus que cela.

Ce scénario, faible et étalé sur une durée trop longue de presque cent minutes, empêche LE CERCUEIL VIVANT de concrétiser son potentiel pourtant intéressant. Heureusement, il bénéficie aussi d'éléments de qualité. Le casting est impeccable, les décors sont suffisamment variés et étoffés, et la réalisation, un peu banale, est suffisamment solide pour rendre ce film d'épouvante intéressant à regarder. Son ambiance gothique, soignée et particulièrement sensible à travers la présence de l'étrange vengeur masqué, saura, de toutes façons, satisfaire les amateurs de fantastique classique.

Sans être un chef-d'œuvre de son époque, LE CERCUEIL VIVANT s'avère une curiosité inégale, mais non dénué de qualités, particulièrement dans sa première moitié. A la grande déception d'AIP, il ne connaîtra pas vraiment un grand succès. Pourtant, la firme persévèrera en confiant, à Gordon Hessler, dès 1969, la réalisation d'un autre film inspirée par Poe : LES CROCS DE SATAN (titre vidéo), marchant très nettement sur les traces du GRAND INQUISITEUR. Entre-Temps, le réalisateur signe une autre production AIP interprétée par Vincent Price : LACHEZ LES MONSTRES, sans aucun rapport avec l'auteur de "La chute de la maison Usher".

LE CERCUEIL VIVANT est sorti en DVD en 2002, dans la collection "Midnite Movies" de MGM (zone 1, NTSC). Le film est présenté dans son format panoramique d'origine (1.85), dans un télécinéma 16/9. Celui-ci est loin d'être parfait. Outre une définition plutôt grossière, on regrette des contrastes manquant de franchise et une compression franchement sensible dans les scènes sombres. Néanmoins, la propreté satisfaisante de la copie utilisée et le rendu correct des couleurs permettent de consulter ce film avec un certain confort, même si on pouvait s'attendre à un peu mieux.

La bande-son n'est disponible qu'en anglais, en mono d'origine codé sur deux canaux. Cette piste, bien propre, fait preuve d'une puissance plutôt confortable et d'un rendu assez doux, surtout si on le compare à la plupart des films de la même période. Une batterie de sous-titrages espagnol, anglais et français l'accompagne avec bonheur.

En guise de bonus lié au film, il faut se contenter d'une simple bande-annonce d'époque. Heureusement, au verso du DVD, on trouve un autre film, à savoir LACHEZ LES MONSTRES de Gordon Hessler, qui forme un judicieux complément de programme pour LE CERCUEIL VIVANT !

Bref, ce DVD est plutôt une aubaine pour les amateurs de ce film. Certaines éditions alternatives ont été publiées en zone 2 (Japon, Allemagne...), mais toutes souffrent de l'absence du sous-titrage français ici disponible.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
THE OBLONG BOX DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Double face - simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h36
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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