Header Critique : SWORD AND SANDAL : SINS OF ROME (SPARTACUS)

Critique du film et du DVD Zone 0
SWORD AND SANDAL : SINS OF ROME 1952

SPARTACUS 

Spartacus frappe son supérieur lorsque celui-ci manque de respect à une jeune femme alors que les Romains viennent de réussir une nouvelle conquête. Cet affront ne passe pas inaperçu et Spartacus passe des légions romaines à l'esclavage où il deviendra bien vite gladiateur. La fille de Crassus le remarque et essaye de gagner ses faveurs…

Pour des raisons budgétaires, Hollywood délocalise la production de certains films en Italie tel que SAMSON ET DALILAH de Cecil B. DeMille ou QUO VADIS? de Mervyn LeRoy. De là naît un regain d'intérêt pour le cinéma antique en Italie et Riccardo Freda fait partie des premiers à se lancer sur le créneau. Passionné d'histoire, il s'intéresse au cas de la révolte des esclaves qui remonte à 73 avant Jésus Christ, relaté dans divers textes dont ceux de Plutarque ou Tite Live. L'histoire avait d'ailleurs déjà été adaptée en Italie pour le cinéma en 1909, puis en 1913, mais Riccardo Freda pense certainement qu'il est temps d'apporter sa propre vision de cette histoire. Il supervise l'écriture du scénario mais sera bloqué de manière inattendue. Responsable de la censure, déjà sous Mussolini, Nicolas de Piro met des bâtons dans les roues de Riccardo Freda en jugeant que l'Empire romain est perçu de manière bien trop négative dans son film ce qui apparaît inconcevable puisqu'il s'agit des origines mêmes de l'Italie… Le sujet lui-même pouvant être facilement assimilé comme une révolte communiste contre le joug d'une société fasciste n'ayant rien pour arranger les choses !

A l'arrivée, Riccardo Freda a toujours jugé son SPARTACUS comme raté puisqu'il n'a jamais pu réellement mettre en scène le film qu'il avait voulu. Certains des événements sont incohérents et la continuité de l'histoire n'est pas d'une grande logique d'après lui. Pourtant, ce SPARTACUS contient surtout un très grand nombre de qualités, qui en font un grand péplum. Et lorsque les Américains de la Bryna, maison de production de Kirk Douglas, mettent en chantier leur SPARTACUS, ils mettent tout en œuvre pour bloquer le film de Riccardo Freda. Achat de toutes les copies en circulation ainsi que du négatif original pour assurer la disparition du SPARTACUS italien. Le film aurait donc du disparaître à jamais mais la copie française du film a continué à circuler grâce aux coproducteurs français.

Ce SPARTACUS italien, qui précède de plusieurs années le film américain, ne dispose pas des énormes moyens mis en œuvres pour le métrage réalisé par Stanley Kubrick. Et pourtant, par certains côtés, il réussit à tenir la comparaison. Certes, la bataille finale est bien moins impressionnante, tout comme la révolte des esclaves. Mais c'est avant tout dans les scènes d'arènes que Riccardo Freda marque des points. Là où le film avec Kirk Douglas ne nous donnait que des combats dans une arène d'entraînement, Riccardo Freda se paye les arènes de Vérone. Mieux, il réalise une séquence complètement inédite avec une trirème au milieu des arènes remplies d'eau ! Une scène surprenante où la cruauté du personnage interprété par Gianna Maria Canale est le mieux mis en avant. Dans cette mise en scène, une vingtaine de lions sont lâchés sur des danseurs parmi lesquels se trouve la ballerine Ludmilla Tchérina !

L'eau dans les arènes était, entre autre, un moyen de canaliser le parcours des véritables lions sur les conseils du dompteur Dario Togni. Néanmoins, cela ne s'avéra pas des plus pertinents puisqu'une fois lâchés, les lions se sont jetés à l'eau pour rejoindre les caméramans ! Riccardo Freda et Mario Bava ont aussi eu droit à leur frayeur lorsque les deux hommes s'enferment dans une cage montée sur roulette qui permettait de filmer un travelling dans l'arène. Bien entendu, cela se déroula de manière imprévue puisqu'un lion se mit dans l'idée de monter sur la cage puis d'attraper son contenu alors que l'espace confinée où se trouvent les deux cinéastes se bloquent à mi-chemin ! Précisons d'ailleurs que pour toutes les séquences dans les arènes, c'est Mario Bava qui, collaborant pour la première fois avec Riccardo Freda, occupait le poste de directeur de la photographie en remplacement de Gàbor Pogàny.

Malgré le résultat à l'écran surtout en ce qui concerne les arènes, le film fut en fait tourné avec un budget relativement réduit. Cela ne fait qu'augmenter la surprise à la découverte de ce film où Massimo Girotti incarne à l'écran un Spartacus humain et emprunt de doute. C'est d'ailleurs l'une des grandes différences avec la version mettant en scène un Kirk Douglas sûr de lui, à la limite du messie ! Le traitement de l'histoire est aussi très différent quant aux relations avec Crassus puisque l'on intègre l'attirance de Sabina Crassus pour Spartacus. C'est, comme souvent, Gianna Maria Canale, la femme de Riccardo Freda, qui joue ce rôle de manipulatrice romaine.

VCI propose SPARTACUS sous son titre américain SINS OF ROME dans un double programme consacré au péplum. On peut donc retrouver aux côtés de SPARTACUS, un autre film réalisé par Riccardo Freda, LE GEANT DE THESSALIE. En guise de suppléments, la jaquette annonce des bandes-annonces ainsi qu'une galerie de photo. En effet, il y a bien une petite galerie de photos qui mélangent des clichés de SPARTACUS et du GEANT DE THESSALIE mais en ce qui concerne les bandes-annonces, c'est un peu exagéré. En fait, il s'agit d'une vidéo qui présente à renforts d'extraits les péplums disponibles chez VCI.

Le premier contact avec SPARTACUS est surprenant. Alors que d'après plusieurs sources, et Riccardo Freda lui-même, le film n'aurait subsisté que par l'entremise de la copie française, SPARTACUS s'ouvre sur un logo RKO qui laisse donc à penser que l'on a affaire ici à une copie américaine qui aurait survécu. Son état est très abîmé et l'on constate de nombreux défauts de pellicule ou une luminosité changeante qui pourraient laisser penser que le film est bien plus vieux que son âge véritable. Plus gênant, il manque des bouts de pellicule à certains endroits, ces absences étant facilement trahis par la bande sonore ou des mouvements surnaturels. Enfin, la copie du film est largement incomplète par rapport au montage français. Ces nombreux défauts n'entachent pourtant pas tant que cela la vision du film, ce qui apparaît comme paradoxal !

La bande sonore est limitée à un doublage anglais qui souffre de nombreuses limitations. Pendant toute la durée du film, il y a un souffle constant assez prononcé. Cela sature aussi alors que le rendu sonore n'est pas toujours d'une grande clarté. On y décèlera aussi des craquements sonores. Aucun sous-titrage d'aucune sorte n'apparaît sur ce DVD.

VCI est inconstant au niveau de la qualité de ces produits. On passe ainsi de transferts à peine regardables à des versions réellement remasterisées ou en tout cas plus en phase avec le DVD (CRIMES AU MUSEE DES HORREURS). Dans le cas de ce SWORD AND SANDAL : DOUBLE FEATURE, il faut bien avouer que la qualité laisse gravement à désirer. Pourtant, SPARTACUS vaut tout de même le coup d'œil et, à moins de réussir à localiser la VHS française qui se fait assez rare, cette édition DVD est à prendre en considération.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
SPARTACO DVD Zone 0 (USA)
Editeur
VCI
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h11
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • GIANTS OF THESSALY
      • SINS OF ROME (SPARTACUS)
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