En 1988, William Wesley réalise SCARECROWS, une petite production dans laquelle des bandits en cavale affrontaient des épouvantails vivants. Il lui aura fallu plus de dix ans pour pouvoir diriger son second film, produit par la firme indépendante canadienne Lions Gate. Tourné en Californie, dans le parc naturel de Joshua Tree, il propose une histoire d'épouvante ayant pour cadre, bien entendu, la mythique "Route 66", qui traverse les USA d'Est en Ouest, de Chicago à Los Angeles. Même si ROUTE 666 est fait avec peu d'argent, il se paie la présence de quelques visages connus, voire de quelques stars. Ainsi, on reconnaît Dick Miller (IT CONQUERED THE WORLD...) en barman, Gary Farmer (DEAD MAN...) dans le rôle d'un shaman indien, ou bien on retrouve, en shérif, L.Q. Jones, un comédien qui peut se vanter d'être apparu dans cinq westerns de Sam Peckinpah, et qui a, par ailleurs, réalisé le film de science-fiction APOCALYPSE 2024. Surtout, le casting est dominé par le tandem Lori Petty (TANK GIRL...) - Lou Diamond Philips (LE PREMIER POUVOIR, LA NUIT DES CHAUVES-SOURIS...).
Jack La Roca, un agent du FBI, est chargé d'escorter jusqu'à Los Angeles Fred "Rabbit", un repenti qui doit témoigner au procès d'un caïd de la pègre. Pressé par le temps, le convoi choisit de passer par un tronçon désaffecté de la Route 66. Appelée la Route 666, il est abandonné depuis un tragique - et mystérieux - accident, lequel coûta la vie à quatre forçats qui y effectuaient des travaux de voirie. Les policiers, suivis de près par un tueur à la solde de la mafia, ignorent que cette voie "666" est hantée...
Mélanger, dans des proportions variables, le Western, l'épouvante, le road movie et le film policier contemporain, n'est pas, à proprement parler, une nouveauté. Cette formule a été employée, avec un certain succès, pour le VAMPIRES de Carpenter, UNE VIRÉE EN ENFER ou encore UNE NUIT EN ENFER et UNE NUIT EN ENFER 2. Comme le film de Robert Rodriguez, ROUTE 666 s'ouvre, a priori, comme un polar d'action classique, avec fusillades et poursuites en voitures. Puis, il bifurque brutalement, en son milieu, vers le domaine du fantastique. Celui-ci se manifeste sous la forme des fantômes de quatre forçats, morts dans un terrible accident de chantier. Si leur aspect évoque des zombies, et s'ils semblent, comme les vampires, puiser leur force dans le sang de leurs victimes, ces créatures sont en fait des spectres : ils se matérialisent à partir de l'air ambiant, ne peuvent se manifester ailleurs que sur un site bien précis, lié à leurs morts, et, surtout, cherchent à assouvir une vengeance précise.
Cet argument fantastique est toutefois assez mince. N'apparaissant que tardivement, il cède la place, dans un premier temps, à des séquences d'action assez banales et, surtout, qui n'aboutiront pas à grand chose, en fin de compte. Dès lors, entre les manifestations des fantômes, ROUTE 666 fait du sur-place, voire paraît chercher à gagner du temps en alignant des séquences de bavardage bien anecdotiques. Quant aux apparitions des terrassiers fantômes, elles laissent franchement à désirer : filmées en plein jour (pourquoi pas ?), elles souffrent de maquillages peu convaincants, et, surtout, de bricolages techniques extrêmement discutables (cadrages tremblotant, projection saccadée...) qui, plutôt que d'apporter de l'efficacité aux séquences d'épouvante, les rendent confuses, voire soulignent la pauvreté matérielle et technique de l'entreprise.
Heureusement, la sympathique troupe de comédiens réunie pour l'occasion réussit à donner du rythme et de l'énergie à un métrage qui, sans eux, aurait bien du mal à maintenir le spectateur éveillé. De même, la splendeur des paysages naturels américains, bien restituée par le format scope, offre à cette aventure un décor dont la photogénie n'est plus à démontrer.
Cela suffit-il à sauver ROUTE 666 ? Hélas non, le résultat laisse tout de même le spectateur sur sa faim et, sur la longueur, finit par laisser une impression de vacuité. Aux USA, il sort directement en vidéo dès 2001, tandis qu'en France, il faut attendre 2004 pour voir ce titre publié, en vidéo et en DVD, chez Metropolitan (Zone 2, PAL).
Ce DVD propose ROUTE 666 dans son cadrage scope d'origine 2.35 (avec option 16/9). La copie est d'une propreté absolument parfaite et le télécinéma est, lui aussi, inattaquable. La lumière et les couleurs sont restituées avec franchise, et la définition sait se faire suffisamment précise. Tout juste regrettera-t'on quelques traces de compression dans les plans nocturnes (très rares), mais c'est vraiment pour chipoter.
La bande-son est disponible en version originale anglaise (DD 5.1, avec sous-titres français imposés) ou dans son doublage français, plutôt correct (DD 5.1). Ces pistes se montrent convenables, sans soulever non plus l'enthousiasme. Les voix arrières sont pratiquement toujours discrètes, et il est permis de trouver que, dans ces conditions, Metropolitan aurait aussi bien pu nous laisser le mixage d'origine du film (Dolby stéréo classique), puisque ces remix ne semblent pas apporter grand chose par rapport à une telle piste.
En guise de bonus lié au film, il n'y a absolument rien à se mettre sous la dent ! Par contre, on trouve des bandes-annonces d'autres DVD Metropolitan parmi lesquelles celles de WILLARD et FREDDY CONTRE JASON.
Cette édition peut sembler radine en interactivité, mais au vu de son prix de lancement très doux, il n'y a pas de quoi se plaindre. De plus, les autres éditions internationales ont, au mieux, un contenu comparable.