Plutôt que de prendre l'avion, les frères Thomas retournent
chez eux en voiture. Un long trajet qu'ils épicent en s'amusant
avec une CB. Pris par le jeu, ils font une blague à un camionneur
qui n'a pas beaucoup d'humour !
John Dahl débute sa carrière de réalisateur en signant trois thrillers de haute volée que l'on pourrait qualifier de néo-film noir. Mais passée la surprise de KILL ME AGAIN, RED ROCK WEST et LAST SEDUCTION, le cinéaste se perd un peu dans un autre thriller tourné vers le fantastique (MEMOIRES SUSPECTES) puis dans une vague histoire d'arnaqueur et de joueurs de poker (ROUNDERS). Une carrière qui s'essouffle artistiquement et dont UNE VIREE EN ENFER ne marquera pas le renouveau, même si son visionnage est loin d'être déplaisant ! La faute essentiellement à l'ombre qui plane au-dessus du film. Celle du DUEL de Steven Spielberg, film produit pour la télévision et finalement distribué en salles, où un homme est pris en chasse par un camion après une petite incartade ! DUEL allait droit à l'essentiel et se débarrassait du superflu alors que le film de John Dahl ne peut s'empêcher de donner un peu plus de corps à son camionneur, tirant son récit vers une approche plus réaliste et donc moins fantastique. Ainsi, après une première victime dont l'état aurait plutôt laissé à penser que le camionneur d'UNE VIREE EN ENFER était bien plus qu'un chauffeur routier, la suite du métrage se cale bien plus sur un jeu du chat et de la souris plus ou moins horrifique. Dès ce moment, le camionneur du film perd un peu de son aura bien qu'il ne nous soit jamais vraiment donné l'occasion de le voir totalement.
De l'idée de départ, UNE VIREE EN ENFER brode donc un récit où tel est pris qui croyait prendre. Les initiateurs d'un canular de mauvais goût se retrouvent la cible d'un timbré ! Ainsi, Rusty Nail (Clou rouillé en version française), le camionneur, joue des tours plus ou moins amusants (nos deux héros à poil dans un restau) ou attente carrément à la vie de ceux qui se sont foutu de sa gueule. Prise d'otage, plan machiavélique et poursuites en tous genres sont donc le lot d'UNE VIREE EN ENFER sans que l'on frissonne totalement. La faute peut-être à l'inconstance du crescendo des actions menées par le camionneur et surtout à l'impression que le danger pour nos héros n'est pas aussi concret que ce que l'on serait en droit d'attendre.
La production d'UNE VIREE EN ENFER n'a pas du être de tout repos et il suffit pour s'en convaincre de jeter un il aux suppléments et aux scènes coupées pour l'exemple plus impressionnant. A force de réécriture, l'une des séquences prend une tournure différente par rapport à la version finale, donnant presque l'impression de voir une version alternative du film. A ce niveau-là, presque trente minutes, on ne peut même plus parler de scènes coupées mais carrément d'une version alternative d'UNE VIREE EN ENFER ! Une autre fin s'est vue reconstituée avec l'ajout de quelques planches de story-boards au milieu de séquences déjà vues dans le film. Au passage, il est possible de visionner les scènes coupées tout en regardant le film mais cette option est, comme souvent, plus gênante qu'utile puisque la qualité audio/vidéo est très différente sans compter la redondance de séquences que cela engendre.
Toutes les questions de réécriture sont abordées par les scénaristes dans le commentaire audio sur le film mais aussi dans celui associé aux scènes coupées. On peut en effet les visionner normalement ou avec un commentaire du réalisateur ou bien des scénaristes accompagnés de l'actrice principale. Puisque l'on parle des commentaires audio, sur le film, un autre donne la parole aux acteurs ce qui n'est pas spécialement passionnant. Bien plus intéressant, le commentaire audio de John Dahl, bien que le monsieur ne soit pas très bavard, permet d'obtenir pas mal d'informations supplémentaires. Pas moins de trois commentaires audio qui sont tous présentés avec des sous-titrages en français !
La Featurette promotionnelle ne vous apprendra pas grand chose, se contentant de donner la parole au réalisateur et aux acteurs pour des discours policés. La bande-annonce fait son petit effet mais le dernier supplément est déjà plus amusant. Avant de choisir un acteur pour la voix du camionneur, la production a testé deux autres acteurs (Eric Roberts et Stephen Shellen) dont on peut entendre les essais en comparaison avec celle de Ted Levine (LE SILENCE DES AGNEAUX).
En amorce du disque, l'éditeur a placé trois bandes-annonces pour d'autres films sortis ou à sortir en DVD. C'est à dire celles de FROM HELL, EN TERRITOIRE ENNEMI et LE CHEVALIER BLACK. Il n'est possible d'y accéder qu'en plaçant le disque dans le lecteur. Ensuite, elles n'apparaissent à aucun endroit sur l'interactivité du DVD. Seule la bande-annonce d'UNE VIREE EN ENFER apparaît sur les menus des suppléments.
Pas la peine de s'étendre sur le transfert vidéo d'UNE VIREE EN ENFER puisque celui-ci présente le film dans son format cinéma respecté avec une qualité au-dessus de la moyenne des DVD sortis dernièrement. Le résultat est donc plus que satisfaisant bien qu'il soit toujours possible de pointer le doigt sur divers petits problèmes négligeables ! Le même constat peut être fait à propos des pistes sonores en Dolby Digital 5.1 qui sert à merveille le film à coup d'effets surround bien sentis et d'une dynamique épatante.
Nouveau thriller routier, UNE VIREE EN ENFER essaye de rouler sur les traces de pneus de DUEL. Une route un peu glissante dont le film arrive tout de même à négocier le parcours dans la durée du métrage sans éviter quelques dérapages contrôlés par la production. Le spectateur se laisse ainsi conduire gentiment dans une intrigue bien huilée mais au résultat un peu trop pèpère niveau "stress".