En 2691, le monde entier a été redéfini autour de l'héritage musical du groupe de rock de Bill et Ted, Wild Stallyns. A l'université Bill et Ted, en Californie, les élèves se préparent à suivre un cours sur la réverbération acoustique par Johann Sébastien Bach, Thomas Edison et Jim Martin du groupe Faith No More. Merci la cabine téléphonique à voyager dans le temps ! A peine commencé, le cours est interrompu par Chuck De Nomolos, qui souhaite faire oublier Bill et Ted et rétablir la peur, la discipline et l'ordre. S'emparant de la cabine, il envoie dans le passé Evil Bill et Evil Ted, des robots répliques de Bill et Ted. Ces derniers ont pour mission d'éliminer Bill et Ted, prendre leur place et les empêcher ainsi de remporter le concours de groupe Battle Of The Bands, qui marqua le début de leur ascension. A peine arrivés, les robots expédient vite Bill et Ted en enfer, mais ces derniers vont tout faire pour revenir à la vie et retrouver leur place !
BILL AND TED'S BOGUS JOURNEY fait suite à BILL AND TED'S EXCELLENT ADVENTURE. Le premier film racontait le périple dans le temps de Bill et Ted à bord d'une cabine téléphonique afin de ramener des figures historiques pour réussir un exposé d'histoire (et ainsi préserver l'avenir de leur groupe de rock en évitant à Ted de s'engager dans l'armée). Film éducatif décérébré (!), gentiment déviant et rock'n roll, BILL AND TED'S EXCELLENT ADVENTURE fait partie des succès surprises de 1989 aux Etats-Unis. Ce film n'a jamais été distribué en France, même pas en vidéo, ce qui est bien dommage dans la mesure où sa suite est, elle, sortie en VHS il y a quelques années et récemment en DVD dans nos contrées, alors que ces deux films ne sont pas vraiment dissociables.
BILL AND TED'S EXCELLENT ADVENTURE était caractérisé par un enchaînement de séquences véritablement sorties de nulle part. C'est le principal aspect repris du premier film, dans des proportions telles que le scénario tout entier semble écrit dans cet objectif. L'occasion de voir Bill et Ted aller en enfer, rencontrer en personne leurs phobies (un colonel, un lapin géant, une grand-mère poilue), asservir la mort après une partie de touché coulé, aller au Paradis récupérer «les scientifiques les plus brillants de l'univers», soit deux martiens hideux, pour créer des robots capables de combattre Evil Bill et Evil Ted, revenir à la vie, etc... Une seule de ces scènes pourrait sauver (ou couler, c'est selon) beaucoup de films, et BILL AND TED'S BOGUS JOURNEY se paye le luxe de les enchaîner du début à la fin ! Le final au Battle Of The Bands est particulièrement corsé dans tout les sens du terme : tellement riche en rebondissements et en n'importe quoi que c'en est indigeste pour quiconque n'accrochera pas un tant soit peu à l'ambiance.
Ce second volet des aventures de Bill et Ted n'est pas très loin de LITTLE NICKY pour ce qui est de son rapport avec l'enfer, le paradis, le diable, la mort et tout ce qui tourne autour. BILL AND TED'S BOGUS JOURNEY est presque aussi irrévérencieux vis-à-vis de tout cela que le film de Adam Sandler. Voir Bill et Ted asservir la mort en enchaînant les jeux de société (Touché Coulé, Twister…) ne manque pas de piquant !
Cette suite est donc plus délirante et plus immédiatement jouissive que le premier volet. La formule est devenue plus efficace, mais a perdu au passage quelques petites choses qui faisaient de BILL AND TED'S EXCELLENT ADVENTURE un peu plus qu'un simple film à voir entre potes avec des bières : le mélange improbable film éducatif et un peu subversif n'est plus là. C'est aussi moins eighties, on est ici clairement au début des années 90s, plus PARKER LEWIS que LES ANNEES COLLEGE donc, on a même droit à une séance de spiritisme New Age… Cela dit, sponsorisé par les guitares Gibson, BILL & TED'S BOGUS JOURNEY n'a pas oublié l'esprit rock du premier : voir le cameo de Steve Martin, la présence de Primus au Battle Of The Bands, la bande originale où se retrouvent Megadeth, Steve Vai et Kiss. Tout cela rattrape quelque peu le final, où Wild Stallyns offre une prestation vraiment très n'importe quoi pour ce qui est du rock. Ce deuxième volet en rajoute aussi une couche pour ce qui est des tics de langage en mettant le mot «Station» à toutes les sauces… oui, ça ressemble de plus en plus à WAYNE'S WORLD ! En version pour préados toutefois.
La redéfinition de la formule du premier a aussi fait évoluer l'univers de Bill et Ted vers quelque chose de plus manichéen, on a donc de vrais méchants. Soit un De Nomolos très Dark Vador incarné par Joss Ackland, des Evil Bill et Evil Ted, encore plus stupides que les originaux, écraseurs de chats ou jouant au basket avec leurs têtes d'androïdes pendant leur temps libre et enfin une incarnation de la Mort par William Sadler avec un côté dépité, groupie (!) et même une sorte de fragilité (!!) qui en font l'une des principales réussites du film.
C'est le premier long-métrage de Peter Hewitt dont le travail de réalisation donne un certain nombre de plans nettement plus dynamiques que dans le premier. Les effets spéciaux et les décors ont pris un méchant coup de vieux : certains plans du paradis ont atrocement vieilli… à ce niveau, le premier volet s'en sort mieux que sa suite.
BILL AND TED'S BOGUS JOURNEY est sorti chez MGM en France dans une édition à bas prix sous le titre LES AVENTURES DE BILL ET TED. La qualité de l'image est assez moyenne, régulièrement trop sombre et laissant souvent apparaître trop de grain et pas mal de défauts de compression. Dommage, d'autant que le film n'aura sûrement pas droit à une autre édition. La VF mono ne vaut pas grand-chose et dénature beaucoup les dialogues, rendant le film encore plus débile. Pour ce qui est des bonus, rien à signaler si ce n'est une bande annonce franchement vendeuse, avec une scène en enfer qui n'apparaît pas dans le film.
BILL & TED'S BOGUS JOURNEY est donc assez différent du premier film, qui parait tout de suite assez pépère en comparaison, mais dont le projet était quand même plus riche. Reste un bouillonnement permanent de conneries à la bonne humeur communicative, qui en fait un délire régressif parfait pour quiconque a été ado et fan de heavy métal au début des années 90.