La fin du monde est proche ! Le noyau externe de la Terre s'est arrêté de tourner, amorçant ainsi la disparition progressive du champ électromagnétique qui protége la planète contre de dangereuses radiations cosmiques... Une équipe de scientifiques et d'astronautes va alors tenter l'impossible : rejoindre le cœur du globe terrestre afin de le "réparer" !
C'est le scénariste Cooper Layne qui a, à l'origine, l'idée d'un film mettant en scène le voyage d'un vaisseau habité dans la lave d'un volcan. Il soumet ce projet au producteur vétéran David Foster (GUET-APENS de Sam Peckinpah, THE THING de John Carpenter...), qui, de son côté, le propose au réalisateur Jon Amiel (COPYCAT). On envisage dans un premier temps, d'en faire une production moyenne, et Amiel sélectionne plusieurs acteurs reconnus pour leur talent, sans être pour autant des stars onéreuses : Aaron Eckhart (THE PLEDGE de Sean Penn), Hilary Schwank (BOYS DON'T CRY), Stanley Tucci (INCIDENT DE PARCOURS de George Romero), Delroy Lindo (LE SANG DES HEROS)... et même Tchéky Kario (DOBERMANN, CRYING FREEMAN...). Le tournage principal commence en décembre 2001, au Canada, tandis que diverses équipes se rendent aux USA et en Europe pour y capter divers extérieurs pittoresques. Finalement, FUSION se verra accorder un budget de grosse production (75 millions de dollars)...
D'étranges phénomènes se produisent à divers endroits de la planète Terre. A Boston, des porteurs de pacemaker s'effondrent simultanément, raides morts. A Londres, les célèbres pigeons de Trafalgar Square deviennent fous et sèment la panique parmi les badauds et les touristes. A Los Angeles, l'équipage d'une navette spatiale américaine doit improviser un atterrissage en catastrophe suite à des problèmes techniques imprévus. Selon le professeur Keyes, spécialiste en géophysique, tous ces signes annoncent une catastrophe imminente : le noyau externe du centre de la Terre, qui joue un rôle crucial dans la stabilité du champ électromagnétique enveloppant la planète, s'est arrêté de tourner, provoquant ainsi des phénomènes insolites (multiplication des orages...) appelés à devenir de plus en plus dramatiques, jusqu'à conduire à la fin de l'humanité ! Il ne reste qu'un seul espoir : un groupe d'humains (composé de scientifiques et de cosmonautes) doit se rendre au centre de la Terre à bord d'un vaisseau-fouisseur, appelé le Virgile, et "relancer" la rotation du noyau externe grâce à une explosion atomique de suffisamment grande envergure...
Traditionnellement, les voyages dans les entrailles de la planète Terre sont représentés au cinéma par des périple pédestres à travers des réseaux de cavernes toujours plus profondes et mystérieuses. C'est évidemment "la faute à Jules Verne" et à son roman "Voyage au centre de la Terre", qui donna lieu à plusieurs adaptations, parmi lesquelles la plus célèbre reste VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE de Henry Levin. Dans CENTRE TERRE : SEPTIÈME CONTINENT (d'après "Au cœur de la Terre" d'Edgar Rice Burroughs), le réalisateur britannique Kevin Connor affine le concept en faisant voyager Peter Cushing à bord d'un engin-fouisseur qui lui permet d'atteindre le centre du globe, à nouveau assimilé à une zone creuse, peuplée de formes de vie préhistoriques.
FUSION se singularise en approchant ce style de voyage de façon plus réaliste, tout du moins par rapport à l'état actuel des connaissances scientifiques concernant la constitution de notre planète. Afin d'atteindre le noyau terrestre, un équipage va voyager à bord d'un "vaisseau" qui, une fois la croûte terrestre traversée, navigue, comme un espèce de sous-marin, dans des tonnes de matière en fusion... Indéniablement, cette approche d'un thème classique de la science-fiction, relativement peu abordé au cinéma, est tout à fait originale, d'autant plus qu'elle exige, pour être reconstituée de façon crédible, la mise en oeuvre de moyens importants, voire Hollywoodiens !
Si l'idée de départ est originale, on ne peut pas en dire autant de son traitement. A la base, FUSION s'inscrit dans la vague des films catastrophe ayant fait fureur au cours de la seconde moitié des années 1990 (INDEPEDENCE DAY, TWISTER, ARMAGGEDON...), jusqu'à ce que les images trop réelles de l'effondrement des Twin Towers de New York créent une certaine polémique quant à la pertinence de ce style de spectacle. Tout du moins, le public semble ne plus trop avoir le cœur à aller voir des villes tomber en ruines dans des fracas d'explosions !
Traditionnellement, il a été reproché à des oeuvres comme ARMAGGEDON ou TWISTER de trop favoriser les séquences spectaculaires au détriment de la crédibilité et de la richesse de leurs protagonistes. A de nombreuses reprises, Jon Amiel a déclaré vouloir aller à rebours de cette tendance en accordant, au sein de FUSION, le plus de place possible au facteur humain. Faut-il en déduire que FUSION dépeint une galerie de personnalités aussi subtilement dépeintes que vraisemblables ? Ce serait faire une grossière erreur ! Certes, les relations entre les personnages, leurs conflits ou leurs amitiés, rythment une grande part du récit, mais leurs caractères sont tracés à très gros traits, jusqu'à aboutir à des caricatures assez grotesques. A ce titre, FUSION se rapproche plutôt de films catastrophe des années 1970, comme ceux produits par Sir Lew Grade (L'AVENTURE DU POSÉIDON, LA TOUR INFERNALE...), qui mettaient en scène un groupe de femmes et d'hommes, hauts en couleurs et d'origines hétérogènes, obligés de se serrer les coudes afin de survivre dans des conditions extrêmes.
Tout cela ne vole donc pas bien haut. Les psychologies sont appuyées jusqu'au ridicule, tandis que FUSION ploie sous la charge des multiples lourdeurs et clichés inhérents à ce genre de cinéma. Les situations "émouvantes" peuvent être d'une telle maladresse qu'elles provoquent parfois la franche hilarité du spectateur. Les invraisemblances les plus grosses se bousculent, particulièrement au cours du voyage sous-terrain. Nos explorateurs se livrent à des joutes verbales, à grands renforts de charabia pseudo-scientifique, afin de décider quelle mesure est la plus appropriée à la nouvelle situation périlleuse qu'ils doivent affronter, tandis que leurs aventures et les périls subis par la planète Terre sont illustrés par des visions parfois franchement kitsch (la destruction de Rome, la géode...).
Alors, oui, il ne s'agit pas d'un grand film, c'est le moins qu'on puisse dire. Et pourtant, il parvient à divertir efficacement, et même à faire passer ses plus de deux heures de métrage de manière tout à fait amusante. Mené par un casting bien choisi, réalisé sans trop d'esbroufe (par rapport aux réalisations Bay, De Bont ou Emmerich...), FUSION renoue même avec l'époque du VOYAGE FANTASTIQUE ou du SOUS-MARIN DE L'APOCALYPSE.
Rythmé, sympathique, peu ennuyeux, FUSION propose donc aux amateurs de films catastrophe de passer un moment de divertissement agréable. Ce n'est déjà pas si mal... Toutefois son exploitation dans les salles américaines s'est révélée être une affaire peu rentable, tandis que les spectateurs et les critiques français l'ont reçu avec une certaine indifférence. Sorti en DVD, d'abord aux USA, il débarque en zone 2 français, dans une édition très proche de celle proposée en zone 1.
La qualité de l'image (2.35 avec option 16/9) est tout à fait du niveau de ce qu'on est en droit d'attendre pour une grosse production américaine récente. La compression est très peu perceptible, couleurs et contrastes sont d'un grand naturel, et la pellicule est d'une propreté très satisfaisante. Bref, il n'y a pas grand chose à dire à ce sujet !
Au rayon des bandes-son, on trouve les pistes originales anglaise et française mixées en Dolby Digital 5.1 (alors que le zone 1 ne proposait la seconde qu'en 2.0). Là aussi, les qualités techniques et spectaculaires sont irréprochables. Le film peut être consulté avec des sous-titrages anglais ou français (ce dernier était absent du zone 1) amovibles.
L'interactivité est entièrement sous-titrée en français, contrairement au zone 1 qui ne proposait aucune option de ce style. En bonus, on trouve donc un petit "Making Of" de 10 minutes (plutôt vague et promotionnel), ainsi qu'une sélection de cinq petits sujets (17 minutes en tout) dédiés aux effets spéciaux. Un petit quart d'heure de scènes coupées peut être consulté avec ou sans des commentaires du réalisateur Jon Amiel. Le DVD inclut, en plus, un commentaire du film par ce dernier : assez soigné, contenant relativement peu de blancs, il n'est pas spécialement riche en informations ou en anecdotes, mais Amiel y défend avec beaucoup de conviction son film, soulignant avec un certain enthousiasme ses points forts. En fait, on retrouve exactement les mêmes bonus que pour l'édition américaine, à l'exception des quelques bandes-annonces pour d'autres DVD Paramount qui n'ont pas été conservées.
Cette édition semble un peu limitée par une interactivité relativement "radine" par rapport à l'envergure financière originale du film. Toutefois, ce DVD, techniquement irréprochable, reste un bon moyen de donner sa chance à ce titre passé un peu inaperçu à sa sortie en salles.