Le docteur Rossiter, un spécialiste de la chirurgie esthétique, doit fuir l'Angleterre après qu'une de ses opérations a mal tourné. Il se réfugie en France, où il reprend un cirque misérable qu'il transforme rapidement en un prestigieux spectacle, de réputation internationale. Toutefois, ses méthodes de gestion du personnel sont peu orthodoxes...
Le cinéma fantastique anglais conquiert une place de choix au cours des années 1950, notamment grâce aux succès de la Hammer, que ce soit dans le domaine de la science-fiction (LE MONSTRE) ou de l'épouvante gothique (FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE !). C'est particulièrement le succès foudroyant des films d'horreur en couleurs de cette firme qui va donner un coup de fouet à cette production locale. Baker et Berman produisent ainsi JACK L'EVENTREUR (qu'ils réalisent eux-mêmes), puis L'IMPASSE AUX VIOLENCES, inspirés par de célèbres faits divers du XIXème siècle. L'américain Herman Cohen (producteur du succès I WAS A TEENAGE FRANKENSTEIN en 1957) traverse l'Atlantique et fait réaliser au Royaume-Uni des films fantastiques (par exemple : CRIMES AU MUSEE DES HORREURS d'Arthur Crabtree, puis KONGA de John Lemont, tous deux interprétés par Michael Gough). Le financement du CIRQUE DES HORREURS résulte d'un accord entre un autre américain, Samuel Z. Arkoff, co-directeur de l'American International Pictures, et des producteurs anglais.
La réalisation en est confiée à Sidney Hayers, qui n'avait que deux films derrière lui, bien qu'il ait oeuvré à divers autres postes depuis les années 1940. Dans le rôle du sinistre docteur Rossiter, on reconnaît le comédien d'origine germanique Anton Diffring. C'est l'équipe de la Hammer qui a eu l'idée de le lancer dans le domaine de l'horreur, en lui faisant interpréter le docteur Frankenstein dans TALES OF FRANKENSTEIN, premier épisode d'une série télévisée supposée exploiter le succès du film FRANKENSTEIN S'EST ECHAPPE ! Toutefois, ce pilote ne trouvera pas preneur et l'on renoncera à tourner les épisodes suivants. La Hammer persiste pourtant en lui donnant le rôle-titre de THE MAN WHO COULD CHEAT DEATH de Terence Fisher, dans lequel il est un savant qui découvre un sérum lui permettant de prolonger son existence... au prix de quelques vies humaines.
Ici, Diffring affronte l'inspecteur Arthur Desmond, interprété par Conrad Philips (LE SPECTRE DU CHAT de John Gilling), qui venait de jouer dans THE WHITE TRAP de Hayers. Surtout, Donald Pleasance (L'IMPASSE AUX VIOLENCES) signe une apparition mémorable, comme toujours, en directeur de cirque français et alcoolique. Ces comédiens sont entourés par de charmantes actrices, comme la française Yvonne Monlaur, qui interprète Nicole (on l'a vue aussi dans les Hammer LES MAITRESSES DE DRACULA et L'EMPREINTE DU DRAGON ROUGE), ou Yvonne Romain (elle aussi apparue dans des films Hammer, comme LA NUIT DU LOUP-GAROU, LE FASCINANT CAPITAINE CLEGG...).
Le docteur Rossiter, un spécialiste de la chirurgie plastique, doit fuir en catastrophe la Grande-Bretagne, après avoir raté lamentablement l'opération du visage d'Evelyn Morley. En compagnie de ses amis Angela et Martin, il se rend en France, où il envisage de se cacher au sein d'un cirque dirigé par Davet, un poivrot notoire. Ce dernier meurt, tué par l'ours de la ménagerie, sous les yeux de Rossiter qui ne fait rien pour lui venir en aide. Sous le pseudonyme de Schueler, le chirurgien prend le cirque en main et recrute des artistes de façon très particulière. Il repère des voleurs, des assassins et des prostituées défigurés, et leur rend, à l'aide de son scalpel, un visage normal. Ils lui sont alors, en principe, dévoués corps et âmes, d'autant plus que Rossiter conserve précieusement des informations concernant leurs passés tortueux. Malgré ce chantage, certains tentent de quitter sa troupe. Ils sont alors victimes de "malheureux" accidents dans le cadre du spectacle...
L'année 1960 va être un excellent cru pour les tueurs maniaques et pervers en tous genres. On voit en effet sortir deux immenses classiques de ce type de films. D'une part, aux USA, Hitchcock réalise et produit, avec peu de moyens, son mythique PSYCHOSE, un véritable film d'horreur, qui connaîtra un énorme succès international. D'autre part, en Grande-Bretagne, le réalisateur Michael Powell prend un risque semblable en dirigeant et en produisant LE VOYEUR. Powell, qui n'avait guère l'image d'un dangereux subversif, signe ici une oeuvre dont le caractère malsain provoquera un violent rejet à sa sortie, coulant ainsi la carrière de son réalisateur. Moins influent, mais néanmoins admirable, le très bon L'IMPASSE AUX VIOLENCES de John Gilling, met en scène les authentiques méfaits de Burke et Hare, qui pourvoyaient l'université de médecine de Glasgow en cadavres trop frais pour être honnêtes.
La quatrième roue du carosse est donc ce CIRQUE DES HORREURS. Comme son nom l'indique, il se déroule dans le cadre, insolite par excellence, d'un cirque, dirigé par le chirurgien Rossiter sous une fausse identité. Toutefois, ce médecin ne se contente pas de gérer au jour le jour son spectacle. Il veut à tout prix tenir sa troupe d'une main de fer, afin d'en faire des artistes accomplis, qui resteront toujours à ses côtés. Pour ce faire, il utilise des méthodes peu ragoûtantes, comme la menace ou le chantage. Et lorsqu'une personne trouve le cran de fuir son emprise, il préfère provoquer sa mort "accidentelle" plutôt que de la voir lui échapper. Cette histoire assez abracadabrante n'est en fait qu'un alibi pour étaler sous les yeux du public des images horrifiantes, notamment des visages scarifiés ou brulés à l'acide, ou encore des mises à mort aussi sanglantes que spectaculaires.
LE CIRQUE DES HORREURS est aussi connu pour son érotisme. Douche, changements de costumes, tenue d'acrobates... Tous les alibis sont bons pour nous montrer les jeunes et belles actrices du film dans des tenues aussi légères que possible. Qui plus est, les femmes du cirque se disputent apparement les faveurs du fascinant Rossiter, ce qui permet de multiplier les situations plus ou moins scabreuses. Seule la jeune Nicole innocente, mais néanmoins sensuelle, échappera à la séduction macabre du chirurgien en se réfugiant auprès du viril et rassurant inspecteur Desmond.
Hélas, l'argument du CIRQUE DES HORREURS est tout de même bien maigre. La situation est assez rapidement mise en place et ne semble plus guère évoluer jusqu'à la fin du métrage, les juvéniles beautés se contentant de se faire successivement dévêtir, puis trucider, sans réelle surprise. Les scènes horrifiques sont efficaces, mais elles sont aussi assez rares, le métrage donnant souvent une impression de remplissage, en alignant de nombreux numéros de cirque et d'ennuyeux bavardages sans réel suspens.
Dominé par l'interprétation glaçante de Diffring, bénéficiant de l'ambiance colorée et fascinante du milieu forain dans lequel il se déroule, LE CIRQUE DES HORREURS reste néanmoins un film sympathiquement racoleur. Diffring reprendra d'ailleurs un rôle assez semblable au cours des années 1980, dans LES PREDATEURS DE LA NUIT (remake des YEUX SANS VISAGE), où il croise L'HORRIBLE DOCTEUR ORLOF (Howard Vernon), autre spécialiste de la chirurgie esthétique aux méthodes douteuses.
CIRCUS OF HORRORS est sorti en DVD aux USA chez Anchor Bay (zone 1, NTSC). Il est présenté en format 1.77 (avec option 16/9) avec une image tout à fait remarquable. Un léger grain ou des noirs manquant parfois un peu de profondeur sont complètement négligeables au vu du naturel de la restitution de l'ensemble, marquant surtout des points grâce à ses couleurs magnifiques et à une définition impeccable, jamais trahie par une compression invisible.
la bande-son est proposée en mono en version anglaise et, surprise, en version française ! Les deux pistes sont techniquement très réussies, le doublage français étant, en plus, très sympathique. Que demander de plus à un DVD NTSC zone 1 ? Des sous-titres anglais et /ou français peut-être...
L'interactivité propose une bande-annonce et trois spots télévisés, ainsi que, surtout, des galeries de photographies de plateau, d'exploitation, complétées par de nombreuses affiches et reproductions de documents promotionnels. Tout y est... sauf le jeu de photographies d'exploitation français consultable ici ! Notons au passage que la bande-dessinée promotionnelle apparaissant parmi ces suppléments peut être consultée plus confortablement à la page 33 du "Mad Movies" numéro 41. Enfin, on trouve une biographie détaillée d'Anton Diffring. L'air de rien, il s'agit de bonus tout à fait sympathiques...
Quand bien même le logo Studio Canal orne la jaquette et apparaît au lancement du film, il ne semble pas qu'une édition Zone 2 soit prévue pour le moment. Ce bon DVD Anchor Bay reste donc la seule solution de se procurer LE CIRQUE DES HORREURS à la date d'aujourd'hui.