Header Critique : PEUPLE DES TENEBRES, LE (WES CRAVEN PRESENTS : THEY)

Critique du film et du DVD Zone 2
LE PEUPLE DES TENEBRES 2002

THEY 

Julia, étudiante en psychologie, est rattrapée par son passé le soir où Billy lui demande de la rejoindre. Durant leur enfance, les deux jeunes gens souffraient de phobies et de cauchemars ayant trait à l'obscurité. Très perturbé, Billy se suicide devant Julia après lui avoir tenu un discours abracadabrant…

L'obscurité et ce qui s'y cache fait partie des peurs enfantines qui disparaissent, plus ou moins, en grandissant. Le cinéma d'horreur et d'épouvante l'exploite allégrement en tirant partie de l'aspect suggestif des zones d'ombres depuis les débuts du cinéma. Le cinéma d'épouvante compte ainsi de nombreux enfants qui ont peur de ce qui se trouve sous leur lit ou dans leur placard une fois la nuit venue. Les studios Pixar s'en sont même amusés récemment avec le dessin animé en images de synthèse MONSTRES ET CO. Le sujet du PEUPLE DES TENEBRES se concentre donc intégralement sur les terreurs nocturnes enfantines en partant du principe qu'il ne s'agit pas seulement de phobie ou d'une imagination galopante.

Le premier scénario de Brendan Hood qui deviendra LE PEUPLE DES TENEBRES était fort différent. Il n'était pas question de monstres habitant les ténèbres mais de créatures capables d'effacer la mémoire des êtres humains après qu'ils leur ont substitué des parties du corps ou enlevé des cobayes. Le personnage principal se rendait compte de leur existence alors que les bestioles organiques et métalliques continuaient d'effacer toutes traces de leur passage auprès de ceux qu'il côtoyait. Au bout du compte, le héros disparaissait des souvenirs de ceux qu'il connaissait jusque-là pour se retrouver dans la réalité des créatures ! Une histoire assez éloignée de celle qui se retrouve finalement sur les écrans dans LE PEUPLE DES TENEBRES.

Radar Pictures fait l'acquisition du scénario de Brendan Hood qui porte le titre THEY. Il est probable que le scénario ait déjà été modifié pour intégrer les terreurs nocturnes lorsque le projet échoue entre les mains de Robert Harmon. Le réalisateur, tombé un peu dans l'oubli, est alors intéressé en se disant qu'il tient là de quoi faire un nouveau film susceptible de faire peur au public. Un genre que Robert Harmon n'a pas côtoyé depuis son terrifiant et premier film, HITCHER ! Malheureusement, pour lui et le scénariste, tout ne va pas se faire comme prévu. Le scénario est remanié dans l'ombre à plusieurs reprises par les producteurs sans que Brendan Hood ne soit consulté, et ce y compris pendant le tournage. Une mésaventure que Robert Harmon a déjà connue dans une moindre mesure en réalisant CAVALE SANS ISSUE au début des années 90 avec Jean-Claude Van Damme.

Robert Harmon fait en tout cas de son mieux pour livrer un film «techniquement» au point. Quant au fameux peuple des ténèbres, dont le design est dû à Patrick Tatopoulos (STARGATE, INDEPENDENCE DAY, PITCH BLACK…), on n'en verra finalement pas grand chose à l'écran, ce qui pourra paraître normal pour des créatures qui vivent dans l'obscurité. De quoi se demander où est passée la créature grandeur nature et toutes celles qui devaient être animées en images de synthèse… Toutefois, LE PEUPLE DES TENEBRES privilégie l'ambiance et la suggestion plutôt que d'étaler largement ses effets spéciaux ! Aux jeux des ombres et lumières, le film re-pompe d'ailleurs à sa sauce une séquence de baignade de LA FELINE de Jacques Tourneur tournée soixante ans auparavant. Et lorsque dans la même soirée, vous regardez coup sur coup LE PEUPLE DES TENEBRES et le remake de LA FELINE de Paul Schrader, cet emprunt apparaît aussi évident que difficile à reproduire avec succès !

Pavé de bonnes intentions de la part de son réalisateur, LE PEUPLE DES TENEBRES se voit en plus tripatouillé sévère en salle de montage. Ainsi, plusieurs versions du film existent à travers le monde en fonction du pays où vous avez pu le voir au cinéma ou à la télévision. Voilà qui devient complexe pour juger de la qualité du film, surtout que les trois fins tournées pour LE PEUPLE DES TENEBRES ont été exploitées de la même façon. Les Américains ayant découvert la version que nous trouvons sur le DVD français, les Anglais ont eu le bonheur de découvrir une fin plus heureuse alors que la fin alternative présentée dans les suppléments aurait été montée pour le marché japonais.

En l'état, LE PEUPLE DES TENEBRES n'est pas le film d'épouvante ou d'horreur à même de nous faire dresser les cheveux sur la tête. La faute en incombe à une histoire un peu vide et bien trop simpliste, qui de surcroît n'amène aucune réponse à l'issue du métrage. Ce qui finit de nous frustrer une fois le film terminé ! Certaines séquences fonctionnent assez bien, celle avec l'enfant au tout début du film par exemple, ou l'utilisation d'ombres prenant des formes inquiétantes. Mais tout cela ne fonctionne qu'assez mal et ne réussit pas à tisser une ambiance angoissante ou une action trépidante. Le personnage joué par Laura Regan enquête mollement sur ses «hallucinations» mais ne fait absolument rien de plus, ne serait-ce que pour en réchapper. D'ailleurs, Billy résume bien en une seule phrase la situation de tout le film avant de se suicider au début du film.

Il y a beaucoup de clichés et de référence dans LE PEUPLE DES TENEBRES. Si Robert Harmon cite clairement Jacques Tourneur dans sa réalisation, on sera étonné de retrouver des détails moins prestigieux comme des effets faciles pour faire sursauter le public ou des références bien moins prestigieuses, comme lors d'une séquence dans une salle de bain dont l'idée a déjà été exploitée dans le sympathique HOUSE. On citera aussi entre autre la série télévisée X-FILES ou SIXIEME SENS. Tout cela ne s'imbriquant pas forcément avec beaucoup de bonheur.

Reste à savoir ce que peut bien venir faire le nom de Wes Craven sur les affiches du PEUPLE DES TENEBRES et au générique. Le réalisateur et créateur du croquemitaine nocturne des GRIFFES DE LA NUIT n'a pourtant pas produit le film comme il l'a déjà fait par le passé sur WISHMASTER, DRACULA 2001, ACROPHOBIE, LE CARNAVAL DES AMES remake du film de Herk Harvey ou le très mauvais PEUR PANIQUE. En fait, c'est le distributeur Dimension Films qui a simplement placé là le nom du réalisateur, histoire d'améliorer l'attrait marketing du film !

M6 Vidéo se retrouve à commercialiser LE PEUPLE DES TENEBRES en DVD. Quelle que soit la qualité du film, l'éditeur a en tout cas bien fait les choses et propose une image très réussie. Ce qui n'était pas évident étant donné qu'une grande partie du film se déroule dans la pénombre. Le transfert en format cinéma respecté (la jaquette indique 1.85 mais il s'agit bel et bien d'un format large 2.35) donne en tout cas des noirs profonds et un contraste réussi, à l'exception de quelques rares plans qui sont probablement dûs aux effets spéciaux. La version originale anglaise et le doublage français sont logés à la même enseigne. Dolby Digital 5.1 pour les deux pistes sonores qui tirent parti des possibilités multi-canaux. On préférera toutefois la version originale qui est légèrement plus spectaculaire au niveau des ambiances.

Malgré ce qui est indiqué sur la jaquette, il n'y a pas d'interview du réalisateur sur le DVD. Robert Harmon n'a d'ailleurs pas vraiment participé à la promotion du film car tout ce qui se retrouve dans les suppléments en est tiré. A commencer par la bande-annonce, logique, mais aussi les interviews réalisées pendant le tournage pour constituer l'inévitable Featurette promotionnelle. Elle nous est épargnée et l'on peut découvrir quatre des acteurs ainsi que le producteur dans des interviews plus ou moins longues. Les acteurs sont un peu comme les passagers d'un bateau et, bien entendu, ils font tout pour qu'il continue sa croisière au mieux en ne tarissant par d'éloges sur le réalisateur et les autres acteurs ! Le producteur quant à lui confirme qu'il a amené l'idée des terreurs nocturnes dans un scénario qu'il juge comme étant à la croisée de L'ECHELLE DE JACOB et de ROSEMARY'S BABY. On se demande dès lors pourquoi il a organisé autant de réécriture ! Il rapproche au passage l'actrice principale de Mia Farrow ce qui n'est certainement pas innocent puisque cette dernière était la tête d'affiche du film de Roman Polanski.

Concernant les bandes-annonces, M6 Vidéo oblige à regarder celle de GANGS OF NEW YORK et BASIC sans qu'il soit possible de les zapper, à moins de faire une avance rapide. Nous apprécions les bandes-annonces mais de là à nous obliger à les regarder à chaque insertion du disque, c'est un peu beaucoup ! Dans la section des suppléments, on retrouvera en plus de celle du PEUPLE DES TENEBRES, les bandes-annonces de WISHCRAFT et LA PROPHETIE DES OMBRES.

Enfin, le dernier supplément est l'une des trois fins tournées pour LE PEUPLE DES TENEBRES. Il s'agit de celle qui aurait été utilisée au Japon. Il est amusant que le producteur cite L'ECHELLE DE JACOB car, toutes proportions gardées, elle donne justement un revirement de situation plus ou moins inattendu au film, comme le faisait le film d'Adrian Lyne d'une façon différente. Dès lors, certaines scènes du film prennent un autre sens, voire sont un peu plus logiques (?). Par exemple, l'apparition de Billy après sa mort peut dès lors s'expliquer, alors que la fin originale ne donnait aucune explication «cohérente» à quoi que ce soit ! Dommage que la fin heureuse ne fasse pas partie du lot tout comme les nombreuses scènes coupées existantes.

La peur du noir n'est certainement pas illustrée de la meilleure façon dans LE PEUPLE DES TENEBRES qui s'avère être un film artistiquement sabordé par des producteurs qui s'évertuent à trouver la recette du produit miracle. Comme dans pas mal de films ayant subi le même traîtement, on distinguera dès lors des qualités sous-jacentes dans LE PEUPLE DES TENEBRES qui auraient sûrement été bien mieux exploitées si le réalisateur et le scénariste avaient eu les mains libres.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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L'édition vidéo
WES CRAVEN PRESENTS : THEY DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Fin alternative (3mn42)
      • Interviews
      • Marc Blucas (6mn44)
      • Dagmara Dominczyk (3mn08)
      • Laura Regan (6mn12)
      • Ethan Embry (2mn16)
      • Tom Engelman (4mn50)
      • Bandes-annonces
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