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Critique du film et du DVD Zone 2
AENIGMA 1987

 

A la suite d'une plaisanterie stupide de ses camarades de classe, Kathy est victime d'un grave accident qui la laisse dans le coma. De son lit d'hôpital, elle va orchestrer sa vengeance terrible, en prenant possession de l'esprit d'Eva, une nouvelle élève...

Le tandem formé par le réalisateur Lucio Fulci et son producteur Fabrizio De Angelis avait offert, depuis 1979, quelques classiques de l'épouvante : L'ENFER DES ZOMBIES, L'AU-DELA, LA MAISON PRES DU CIMETIERE et L'EVENTREUR DE NEW YORK. En 1982, MANHATTAN BABY (titre vidéo : LA MALEDICTION DU PHARAON), affligé d'un budget limité, est leur dernière collaboration. Puis, le maestro du macabre se disperse dans des projets hétérogènes : 2072, LES MERCENAIRES DU FUTUR, un sous-ROLLERBALL ; CONQUEST, un sous-CONAN ; MURDEROCK, une tentative de retour au giallo. Suite à une grave maladie, marquant le début de problèmes de santé qui empoisonneront sa carrière et son existence jusqu'à la fin de sa vie, Fulci doit s'arrêter de travailler quelques temps. En 1986, il revient à la réalisation avec le film érotique PLAISIRS PERVERS (LE MIEL DU DIABLE), puis, il fait son retour à l'épouvante, avec AENIGMA. Cette production italo-yougoslave est censée se dérouler à Boston, où l'équipe se rend pour tourner quelques extérieurs. Le reste est filmé en Europe, avec un casting et une équipe brassant italiens et yougoslaves. Le docteur Anderson est interprété par Jared Martin, acteur américain rencontré dans MURDER A LA MOD de De Palma et vedette de 2072, LES MERCENAIRES DU FUTUR. Lara Naszinsky (LA MAISON DE LA TERREUR de Lamberto Bava) incarne Eva, la possédée. Fulci lui-même fait une apparition dans le rôle d'un inspecteur de police.

Dans une luxueuse école pour jeunes filles de Boston, les élèves font une très mauvaise blague à Kathy. Ils l'habillent de façon ridicule et lui organisent une romantique entrevue en tête à tête avec le professeur de gymnastique. A l'aide d'un micro, ils pourront tout espionner et se moquer à volonté de la jeune fille. Lorsque celle-ci découvre la supercherie, elle s'enfuit dans la nuit et se fait renverser par une voiture. Elle plonge alors dans le coma, puis meurt peu après. Pourtant, quelques instants après son décès, son esprit, assoiffé de vengeance, réintègre son corps dans sa chambre d'hôpital, d'où elle va orchestrer, à l'aide de pouvoirs surnaturels, sa très sanglante vengeance. Kathy commence par prendre possession de l'esprit d'Eva Gordon, une nouvelle élève psychologiquement fragile...

L'argument d'AENIGMA sent le déjà-vu. La jeune fille alitée et malfaisante, douée de pouvoirs surnaturels, rappelle evidemment PATRICK. La vengeance sanglante de l'adolescente, cruellement humiliée par les élèves de sa classe, évoque indiscutablement CARRIE, et s'inscrit dans la tradition de slashers du style LE BAL DE L'HORREUR ou du premier VENDREDI 13. A ce catalogue d'influences, on est tenté de rajouter les films d'Argento se déroulant dans des écoles de jeunes filles, tels SUSPIRIA et, surtout, PHENOMENA, dont on retrouve les éclairages bleus nuit.

Ce catalogue de référence est heureusement rehaussé de quelques originalités dans l'accomplissement de la vengeance de Kathy. Certains meurtres font relativement mouche. Une élève se fait ainsi dévorer par des escargots dans une séquence, certes un peu ridicule et invraisemblable, mais néanmoins rendue authentiquement répugnante par les cadrages serrés sur des masses grouillantes de gastéropodes baveux, ainsi que par des bruitages ignobles. Fulci se montre encore maître de sa technique et propose des éclairages élégants, des mouvements de caméra élaborés (la révélation du fantôme de Kathy à sa mère) et un usage intéressant d'objectifs à courte focale (le final dans la morgue). Malgré un manque de moyens évident, il tente quelques belles idées, comme l'envol de l'esprit de Kathy à travers les étages de l'hôpital.

Une autre séquence assez intéressante est le calvaire d'une jeune fille explorant, la nuit, un musée. Elley est confrontée à des reproductions de classiques de l'histoire de l'art, qui se transforment monstrueusement. Du sang suinte du tableau "Le massacre des innocents" de Guido Reni ; le "Persée" de Cellini brandit une véritable tête coupée ; le serpent Érichthonios d'Athéna s'anime sur un marbre de cette déesse ; une statue du pugiliste prend vie pour mettre fin aux jours de l'adolescente épouvantée. Ce jeu de référence à la culture picturale classique reprend l'approche de nombreux films italiens angoissants qui aiment à mettre une oeuvre d'art ambigüe au coeur d'une intrigue insolite (L'OISEAU AU PLUMAGE DE CRISTAL d'Argento, EMILIE, L'ENFANT DES TENEBRES de Massimo Dallamano, LA MAISON AUX FENETRES QUI RIENT de Pupi Avati, L'AU-DELA de Fulci...). Qui plus est, il annonce le vertigineux SYNDROME DE STENDHAL d'Argento, et plus particulièrement sa stupéfiante ouverture, au Musée des Offices de Florence.

Hélas, ces quelques idées intéressantes sont noyées dans un scénario informe et très peu captivant. Tous les traits qui auraient pu donner un peu d'épaisseur aux personnages (Kathy rejetée par les autres élèves, fragilité d'Eva...) sont totalement sous-exploités, ou expédiés dans des séquences aux dialogues débiles. Les personnages finissent par paraître inintéressants et détestables, tandis que les scènes de parlote et les digressions s'accumulent. Certaines idées horrifiques sont assez médiocrement exécutées (la découverte de tous les corps décapités) et, surtout, l'interprétation relève de la catastrophe. Jared Martin est inexistant tandis que Lara Naszinsky, au demeurant ravissante, est constamment inexpressive. A tout cela s'ajoutent quelques touches d'humour (volontaire ?) pas forcément bienvenues (l'escargot rampant sur l'affiche de ROCKY, ou le fantôme se matérialisant devant un poster de Tom Cruise...), ainsi qu'une certaine fadeur dans le rendu des meurtres.

Bien qu'il considérait AENIGMA comme un de ses bons films, Fulci ne donne pas spécialement l'impression de s'y être beaucoup investi. Quelques bonnes idées par-ci par-là ne suffisent pas à sauver cette oeuvre très mineure dans la carrière de son réalisateur. AENIGMA sortira d'abord dans les salles françaises mais sans réel succès. Puis il sera distribué en Italie en 1988, en été, traditionnellement une très mauvaise période pour les cinémas de ce pays. Ce sera un échec commercial. Mais il fonctionnera correctement en vidéo un peu partout dans le monde.

Ce DVD est un petit évènement, puisqu'il s'agit du premier Fulci publié par un éditeur français ! Il propose une image au format 1.85 respecté (et non légèrement recadrée en 1.77, comme indiqué sur la jaquette), avec une qualité passable bien que bénéficiant d'une option 16/9. Les couleurs et les contrastes sont assez fades, tandis que l'étalonnage change parfois légèrement d'un plan à l'autre. La copie est à peu près propre, à part quelques saletés ponctuelles, et la compression n'est vraiment trahie que dans les scènes très sombres qui tournent un peu à la bouillie. Un léger bruit vidéo, plus ou moins gênant selon les plans, est à regretter. On est donc loin de la perfection, même si le résultat est globalement regardable, et doit être rapproché du prix assez dérisoire auquel est lancé ce titre.

Ce DVD a l'excellente idée de proposer les versions française, italienne et anglaise de la bande-son. Il nous semble que ce choix devrait être proposé pour tout titre de cinéma populaire italien de cette époque publié en DVD en France. Tout ce petit monde est en mono d'origine, et les sous-titres français (calés sur la version anglaise) sont amovibles. Bravo !

On sent toutefois que les éléments utilisés ne sont pas de première main. Le (ridicule) doublage français semble pris sur une piste optique assez dure, mais néanmoins acceptable, tout comme la piste italienne. La bande-son anglaise, peu dynamique et souffrant d'un souffle de bande magnétique très audible, est techniquement la moins satisfaisante. Encore une fois, au prix auquel ce titre est proposé, ne soyons pas trop sévères. A ce tarif, d'autres éditeurs moins scrupuleux ne se donneraient même pas le mal de proposer autre chose que la version française.

Quant aux bonus, on trouve une bande-annonce non sous-titrée, avec titres en anglais et dialogues en italien, ainsi que quelques filmographies sélectives et une petite biographie de Fulci. Encore, une fois, au vu du prix, on ne pouvait guère espérer plus.

Jusqu'alors, le DVD le plus intéressant d'AENIGMA était celui publié en Italie, qui incluait un master 16/9, plusieurs bandes-son (dont l'italienne remixée en 5.1 et la française mono) et des sous-titres anglais. Cette édition étant, semble-t-il épuisée, l'édition française est actuellement, malgré ses défauts, la plus intéressante disponible. Au prix auquel elle est proposée, il s'agit donc d'une affaire. Toutefois, vu la qualité assez médiocre du film en question, il faut quand même le réserver aux fans les plus avertis de Fulci.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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Une édition à petit prix assez complète
On n'aime pas
Un Fulci passable
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L'édition vidéo
AENIGMA DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
1.85 (16/9)
Audio
Italian Dolby Digital Mono
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Bande-annonce
    • Bio/Filmographie de Lucio Fulci
      • Filmographies
      • Milijana Zirojevic
      • Sophie D'Aulan
      • Lara Naszinsky
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