Suzy, une jeune américaine, s'est inscrite à l'Académie de Danse de
Fribourg. Elle arrive au pensionnat par un violent orage et y croise
une jeune femme terrorisée qui s'enfuit dans la nuit.
Dario Argento s'avère être un véritable esthète, un artiste qui traite l'image de façon quasi obsessionnelle : aucun détail du film n'est laissé au hasard. Tout a été chorégraphié, orchestré, mis en scène, pour faire de SUSPIRIA une uvre d'art digne de ce nom. Une tenture, un bibelot, un simple objet de décor trouvent ici une dimension nouvelle, caressés ou brutalisés par la caméra., qui tantôt effleure délicatement, tantôt blesse sauvagement. Le choix des matières lui-même semble avoir été soumis à une intense réflexion : des voiles richement brodés dissimulent Suzy, dans la scène où elle franchit la porte, alors que de simples voiles transparents auraient pu faire l'affaire. Idem pour le couloir rouge, paré d'une panne de velours grenat ou encore la corde à linge, où les bas accrochés de part et d'autre d'une nuisette apportent une certaine sensualité à une scène pourtant particulièrement inquiétante.
Ce film est oppressant, aussi bien dans les scènes de meurtre que dans les scènes les plus anodines. Cela tient en grande partie, je pense, au choix des acteurs. Outre des physiques peu communs pour ce qui concerne le corps enseignant et le personnel, les jeunes femmes excellent dans l'art de jouer la frayeur absolue. Même dans des séquences intermédiaires, leurs visages sont torturés, hantés semble t'il par ce qu'elles osent à peine imaginer.
Le vernis s'écaille au fur et à mesure, laissant peu à peu la place à la véritable identité des membres de l'équipe pédagogique. Pa exemple le professeur de danse, une femme d'allure austère dont l'irascibilité explose sans qu'on s'y attende à l'égard de l'aveugle. A cet instant précis, tout son venin, toute sa violence contenue font d'elle une espèce de furie qui s'oublie devant ses élèves. Elle se ressaisira rapidement mais on n'oubliera pas cette rage contenue.
L'angoisse est permanente, décuplée par des morceaux de musique contemporaine assortis de chants parfois lyriques mais le plus souvent cacophoniques, évoquant davantage des cris de souffrance ou de désespoir. Tout au long du film, cette musique va et vient de façon anarchique. Elle démarre de façon inatendue, pour s'arrêter subitement, ajoutant à l'inquiétude du spectateur, qui de ce fait ne peut pas réellement prévoir les scènes violentes. En effet, la logique du cinéma d'épouvante veut que la musique amène progressivement la scène de meurtre, prédisposant le public au drame. Ici par contre, on n'a aucun repère.
Le disque édité en Grande Bretagne présente la version anglaise en Stéréo du film. Toutefois, l'image est de loin inférieure à celle de l'édition française. Il s'agit d'un transfert 4/3 (en 2.35) qui semble sortir d'une cassette VHS. La version française, quant à elle, ne présente que quelques imperfections relatives aux arrières plans, qui fourmillent de détails.