1921, en Egypte, une petite troupe d'archéologues déterre
un coffret et un sarcophage contenant la momie d'un certain Imhotep.
Cette dernière disparaît emportant du même coup le
contenu du coffre. Le seul témoin de la scène sombre dans
la folie et une dizaine d'années s'écoulent
Une
autre expédition qui s'ennuie ferme reçoit la visite d'un
mystérieux Ardath Bey. Après leur avoir indiqué
où creuser, il disparaît, laissant les archéologues
face à un tombeau inviolé depuis des millénaires.
Dans les années 20, le tombeau de Toutankhamon est découvert intact. Une importante découverte archéologique qui se verra auréolée d'une macabre légende. En effet, une inscription d'avertissement se trouvait à l'entrée, ce qui n'arrêta pas les chercheurs. Par la suite, plusieurs personnes ayant participé aux fouilles ou aux recherches sur les découvertes décèdent les unes après les autres. Une bonne quinzaine de personnes liées d'une manière ou d'une autre au tombeau du pharaon succombent ainsi en plusieurs mois. Il n'en faut pas plus pour obtenir une malédiction des pharaons reléguée par la presse. Une légende qui croît au long des années et toujours aussi tenace lorsque l'idée de produire un film sur le sujet germe dans les esprits. D'ailleurs, le scénario contient quelques points communs par rapport à l'histoire originale comme le début du film dans les années 20, avec la découverte d'une momie ou la fameuse mise en garde sur l'entrée du tombeau de la princesse.
LA MOMIE, version Karl Freund, n'est pas pour autant le premier film à s'inspirer des divers mystères de l'Egypte ancienne. Mais il sera celui qui lancera la momie comme un personnage à part entière du cinéma fantastique. Ne serait-ce qu'à la Universal, plusieurs suites seront données avec LA MAIN DE LA MOMIE, LA TOMBE DE LA MOMIE, LE FANTOME DE LA MOMIE, LA MALEDICTION DE LA MOMIE, DEUX NIGAUDS ET LA MOMIE. Et, plus de soixante ans plus tard, LA MOMIE de Stephen Sommers ainsi que LE RETOUR DE LA MOMIE. Entre les deux, les revenants égyptiens momifiés se sont promenés en grand nombre sur les écrans dans diverses adaptations plus ou moins réussies dont quelques-unes produites par la Hammer (LA MALEDICTION DES PHARAONS, LES MALEFICES DE LA MOMIE, DANS LES GRIFFES DE LA MOMIE et BLOOD FROM THE MUMMY'S TOMB).
Pourtant, la momie interprétée par Boris Karloff est assez différente du folklore habituel. Ce n'est pas la méthode d'embaumement qui est mise en cause, les égyptiens du film seront tellement zélés qu'ils appliqueront le processus à Imhotep alors que celui-ci est encore vivant ! Bel et bien recouvert de bandelettes, Boris Karloff traverse les âges. Mais une fois la résurrection accomplie, il se débarrasse bien vite de cet accoutrement pour incarner un personnage tour à tour maléfique et dramatique. Impossible de ne pas penser au personnage de DRACULA qui, après avoir traversé les âges, cherche à retrouver sa bien aimée. L'un des scénaristes de LA MOMIE a d'ailleurs travaillé sur l'adaptation théâtrale de DRACULA qui inspira le film du même nom avec Bela Lugosi. Dans LA MOMIE, contrairement aux autres films de la Universal, le personnage ne se promène donc pas enrubanné de bandelettes. Dans le remake de Stephen Sommers, cette idée est plus ou moins reprise tout comme une partie de l'intrigue mais dans une version remplie d'effets spéciaux de toutes sortes !
Avant de devenir réalisateur,
Karl Freund travaillait
en tant que chef opérateur pour les plus grands noms du cinéma
allemand. Avant de s'envoler pour les Etats-Unis où la Universal
lui propose un contrat, il assiste donc F.
W. Murnau sur plusieurs films, uvre à la mise en image
du METROPOLIS de Fritz
Lang ou met au point une drôle de caméra camouflée
dans une valise pour les besoins de prises de vue discrètes de
Berlin. Toujours chef opérateur, il est rapidement mis à
contribution sur le DRACULA
de Todd Browning
ou DOUBLE
ASSASSINAT DANS LA RUE MORGUE de Robert
Florey. C'est alors qu'il a l'opportunité de diriger Boris
Karloff dans LA MOMIE.
Si le remake utilisait l'intrigue comme prétexte à de nombreuses séquences spectaculaires, l'original tend plutôt vers un récit romantique et dramatique. Le personnage de la momie est dévoré par l'amour infini qu'il porte à une femme et il est prêt à abattre tous les obstacles qui l'en séparent. Pour cela, il use de différents pouvoirs plutôt sobres. Avant les effets spéciaux, ce sont avant tout Boris Karloff ainsi que la mise en image de Karl Freund qui assurent le spectacle tel que les plans sur le visage de l'acteur donnant l'impression que ses yeux s'illuminent de façon inquiétante.
LA MOMIE date des années 30 et son transfert en DVD ne doit certainement pas s'évaluer sur la même échelle que les dernières productions à gros budgets du cinéma. Le temps a fait son uvre et l'image n'est donc pas exempte de différents petits défauts sur la pellicule. Pourtant, l'image du DVD est particulièrement jolie. Il en va de même en ce qui concerne la seule et unique piste sonore en anglais. En mono d'origine, il ne faut pas s'attendre à retrouver les débordements sonores des pistes actuelles.
Le documentaire d'une trentaine de minutes retrace la genèse du film et évoque au passage les suites plus ou moins directes données à celui-ci par la Universal entre les années 30 et 40. Plusieurs historiens du cinéma apportent des anecdotes telles que le comportement de Karl Freund envers l'actrice Zita Johann ou encore les longues heures de maquillage de Boris Karloff, dont la transformation la plus éprouvante pour l'acteur n'apparaît que partiellement dans le film. De même, il y est question de scènes coupées dont on nous présente des photos à défaut d'extraits couvrant plusieurs époques entre l'Egypte des pharaons et les années 30 où se déroule l'action.
L'historien a qui l'on a donné la parole dans le commentaire audio nous décortique le film en nous expliquant les partis pris des cadrages ou des déplacements de caméra. Au départ, cela peut paraître rébarbatif mais en insistant, une évidence s'impose. Un film ne se fait pas au petit bonheur la chance en posant la caméra au hasard ! Toutefois, cette approche est surtout utilisée au début du film, par la suite, des informations plus générale sur le film nous sont données. L'écoute de ce commentaire ne démarre donc pas d'une façon très attractive. Ceux qui voudront absolument tout savoir sur le film se lanceront dans son écoute alors que les autres se contenteront du documentaire déjà rudement bien fourni !
Par rapport au DVD américain, les notes de production ainsi que les filmographies ont disparu. Reste donc la bande-annonce et une galerie de photos ainsi que d'affiches d'époques qui sont bien fades en comparaison du documentaire et du commentaire.
Entre romance et épouvante, LA MOMIE est une variation réussie sur les thèmes abordés dans quasiment tous les classiques de la Universal. Mais le film marque aussi le lancement d'une série de films qui établira le personnage comme l'un des mythes du cinéma fantastique repris à maintes reprises depuis !