Header Critique : CARRIE 2 : LA HAINE (THE RAGE : CARRIE 2)

Critique du film
CARRIE 2 : LA HAINE 1999

THE RAGE : CARRIE 2 

En 1976, le studio United Artists connaît un succès avec CARRIE de Brian De Palma, première adaptation au cinéma d'un roman de Stephen King. En 1981, mal en point après divers échecs commerciaux, cette même firme se voit rachetée par MGM. Cette dernière, ex plus grande Major Company de l'Âge d'Or d'Hollywood, a été rachetée et dépecée par l'homme d'affaire Kirk Kerkorian depuis 1969. United Artists et MGM sont désormais liés et traversent deux décennies difficiles, changeant plusieurs fois de mains avant de revenir dans celles de Kirk Kerkorian en 1996.

La même année, avec l'énorme succès de SCREAM, les films d'horreur mettant en scène des adolescents reviennent à la mode. Aux abois, l'entité MGM / United Artists a l'idée de donner une suite à son CARRIE, 22 ans après l'original - dont la conclusion n'appelait pas de nouvelles péripéties !

Ce projet est d'abord confié à Robert Mandel, metteur en scène de thrillers comme F.X. : EFFET DE CHOC ou THE SUBSTITUTE. Il est écarté peu après le début du tournage et le studio fait appel en catastrophe à la réalisatrice Katt Shea.

Celle-ci démarre dans le cinéma comme actrice (notamment dans PSYCHOSE III) avant de bifurquer vers la mise en scène de films à petits budgets, sous la houlette de Roger Corman. Elle tourne des thrillers comme STRIP KILLER ou FLEUR DE POISON, sortis en cassette vidéo en France.  

La comédienne Amy Irving (CARRIE et FURIE de Brian De Palma) reprend, vingt ans après, le personnage de Sue Snell, devenue assistante sociale au service des lycéens. Le rôle principal de Rachel est tenu par Emily Bergl, qui n'a jamais joué au cinéma auparavant.

Rachel, jeune fille mal dans sa peau, est douée de pouvoirs paranormaux. Elle assiste au suicide de sa meilleure amie, celle-ci ayant été manipulée par un garçon dans le cadre d'un jeu cruel.

En fait de suite, CARRIE 2 : LA HAINE évoque plutôt un remake de son illustre prédécesseur. Nous retrouvons une structure dramatique semblable. Comme Carrie White, Rachel peut déplacer des objets à distance, grâce à la seule force de sa volonté. Traumatisée par une mère bigote et folle, mal à l'aise dans sa famille d'accueil, elle peine à s'insérer dans la vie dans son collège.

Intègre et courageuse, elle dénonce les jeux cruels de garçons issus de la bourgeoisie locale. Ce qui lui vaut une animosité vivace de la part des élèves les plus en vue. Ils lui tendent alors un piège pour se venger. Télékinésie, problèmes familiaux, intrigues de collège, tout cela rappelle beaucoup de souvenirs aux spectateurs qui ont vu CARRIE.

Pourtant, CARRIE 2 : LA HAINE a aussi des qualités propres. Il traite avec délicatesse de l'égoïsme et de la fragilité des adolescents. Il stigmatise le conformisme, l'esprit de clan bête et borné, l'ambition et l'irresponsabilité de la jeunesse dorée de cette petite ville. Le métrage insiste sur les mœurs machistes et brutales de l'équipe de football de l'école. Les interprètes rendent attachants les personnages de ce récit. L'histoire se déploie à un rythme soutenu et se suit sans ennui.

Malgré tout, CARRIE 2 : LA HAINE ne se démarque pas assez de son modèle. Les points communs sont trop fréquents. L'insertion d'extraits de CARRIE sous forme de flashbacks renforce cette impression gênante.

Quant au final, il n'est qu'une copie grotesque des prouesses lyriques de Brian De Palma. Ici, l'étalage de violence et d'horreur est déplacé, à la limite du ridicule. Nous apprécions quelques passages gore vigoureux (une castration au harpon, explicite, vient venger Rachel et ses amies des brimades sexistes administrées par les machos de l'école !).

Mais l'ensemble est maladroit. Même l'épilogue en forme de cauchemar reprend sans imagination la conclusion inoubliable de CARRIE. Dans l'ensemble, la réalisation quelconque de Katt Shea ne supporte pas la comparaison avec l'élégance irréprochable du film original.

Malgré quelques tentatives intéressantes pour renouveler l'histoire de CARRIE, cette suite/remake ne parvient pas à convaincre, faute d'originalité et d'audace. La mise en place subtile des personnages est gâchée par un final peu réussi et par une réalisation trop anonyme.

À sa sortie, CARRIE 2 : LA HAINE se heurte à une réception indifférente. A peine trois ans après, MGM / United Artists s'empresse de sortir CARRIE, une nouvelle adaptation du roman pour la télévision, en 2002. Puis en 2013, une troisième transposition sort à nouveau avec CARRIE : LA VENGEANCE, pour le cinéma, sans grand succès.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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