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Critique du film
BLADE 1998

 

Le société de production Marvel Films est fondée en 1993, avec à sa tête Avi Arad. L'objectif est de collaborer avec des Major Company pour porter sur grand écran les aventures des principaux héros des Comics Marvel. Comme Spider-Man, les X-Men ou les 4 Fantastiques.

Jusque là, les œuvres de la Maison des Idées n'ont donné lieu qu'à des adaptations peu ambitieuses : Serials aujourd'hui oubliés, séries télévisées répétitives (la plus populaire étant «L'INCROYABLE HULK» avec Lou Ferrigno datant des années soixante-dix), dessins animés rudimentaires, pilotes de feuilletons sans lendemain...  

DC Comics, le concurrent éditorial de Marvel, fait passer très tôt les super-héros dans l'âge du Blockbuster avec le triomphe du SUPERMAN de Richard Donner dès 1978. Après trois suites, cette saga s'arrête avec SUPERMAN IV de 1987, produite au rabais par la société indépendante Cannon, alors en pleine déconfiture.

Au milieu de cette même décennie, George Lucas produit HOWARD, film mettant en vedette Howard The Duck, héros de second plan de la galaxie Marvel. Mais ce projet aboutit à un gros échec public ! Au même moment, James Cameron, auréolé des succès de TERMINATOR et ALIENS, annonce travailler sur une adaptation de «Spider-Man», un projet serpent de mer dont on ne cessera vraiment d'entendre parler qu'à la fin des années quatre-vingt-dix, lorsque Sam Raimi se voit confier la réalisation de SPIDER-MAN.

En 1986, le studio indépendant New World Entertainment rachète carrément Marvel dans son ensemble, ouvrant la voie à des adaptations cinématographiques. Mais un seul film sort de cette association : PUNISHER de Mark Goldblatt, film à moyen budget de 1989 surfant sur la mode des gros bras et mettant en vedette Dolph Lundgren. Cette aventure reste sans lendemain et New World revend Marvel la même année...

A la fin des années quatre-vingts, DC Comics rebondit avec Warner grâce au succès du BATMAN de Tim Burton, lequel lance une mode des super-héros «Dark». Celle-ci engendre dans les années quatre-vingt-dix des titres comme THE CROW ou SPAWN.

Côté Marvel, des grands studios posent des options pour transposer ses personnages sur grand écran. Mais rien ne se concrétise, à part deux mini-productions roublardement sorties par des indépendants : CAPTAIN AMERICA de 1990 d'Albert Pyun, produit par Menahem Golan, ancien dirigeant de la Cannon ; et THE FANTASTIC FOUR de 1994 porté par Roger Corman.

Marvel Films, devenus Marvel studios en 1996, se démène tout de même et des projets de films plus classiques se concrétisent, notamment chez la Fox qui s'active pour lancer le X-MEN que va réaliser Bryan Singer. Surtout, New Line, filiale de Warner spécialisée dans les petits et moyens budgets, coiffe tout le monde au poteau avec BLADE. Ce projet remonte au début des années quatre-vingt-dix et a vu se succéder divers réalisateurs comme Sam Raimi (EVIL DEAD), Ernest R. Dickerson (QUE LA CHASSE COMMENCE !) ou David Fincher (SEVEN).

Basé sur un scénario de David Goyer (futur scénariste de BATMAN BEGINS), le projet échoit à Stephen Norrington, jeune réalisateur anglais ayant à son actif un seul long-métrage : la petite production de science-fiction DEATH MACHINE interprétée par Brad Dourif.

Le personnage de Blade est loin d'être le plus fameux du panthéon Marvel. Ce chasseur de vampires, Noir de peau, apparaît au début des années soixante-dix sous la plume expressionniste de Gene Colan, dans le Comics horrifique «Tomb of Dracula». Il vole ensuite de ses propres ailes. Puis tombe dans un certain oubli au cours de la décennie suivante. Le film BLADE respecte son matériel original en affichant son caractère de film d'horreur violent (classé «R» aux USA).

Dans le rôle principal, nous trouvons Wesley Snipes, révélé au début des années quatre-vingt-dix dans des films comme NEW JACK CITY de Mario Van Peebles ou MO' BETTER BLUES de Spike Lee. Il devient ensuite une vedette du cinéma d'action, vue notamment aux côtés de Sylvester Stallone dans DEMOLITION MAN. Nous reconnaissons aussi dans BLADE Stephen Dorff (comédien enfant dans THE GATE de 1987), Kris Kristofferson (acteur fétiche de Sam Peckinpah et vedette de Country Music) et Traci Lords (Star du cinéma porno dans les années quatre-vingts). Dragonetti, dirigeant de l'aristocratie vampirique locale, est interprété par Udo Kier qui joua, entre autres, un mémorable vampire histrion dans DU SANG POUR DRACULA de Paul Morrissey.  

Eric est un être à part. Né d'une femme qui venait d'être mordue par un vampire, il est un membre de cette race, mais peut supporter la lumière du jour. Il devient un super-héros et voue sa vie à la destruction des vampires.

Lorsque BLADE sort sur les écrans, il se trouve à la croisée de plusieurs courants : le film de science-fiction d'action tel qu'imposé par James Cameron avec des titres comme TERMINATOR et TERMINATOR 2 ; le film de super-héros sombres comme BATMAN ou THE CROW ; et le film de vampires néo-gothique, alors à la mode avec des titres comme BRAM STOKER'S DRACULA, ENTRETIEN AVEC UN VAMPIRE, UNE NUIT EN ENFER ou VAMPIRES.

BLADE commence bien, avec des scènes d'action bien exécutées et des moments Gore sympathiques. Wesley Snipes campe un super-héros crédible. Avec Kris Kristofferson et N'Bushe Wright, ils forment un trio charismatique. La réalisation est dans l'ensemble réussie.

Le script modernise le mythe aux dents longues en utilisant des idées notamment héritées des romans d'Anne Rice. Parfois ça passe (le conseil des vampires), parfois ça casse (la boîte de nuit). Certains tics de réalisation "moderne" d'alors sont irritants (accélérés, musique Techno à fond les ballons).

L'influence des films d'action de Hong Kong des deux décennies précédentes a bien été assimilée. En cela, BLADE annonce l'arrivée de MATRIX un an plus tard. Et le film se laisse suivre sans déplaisir pendant ses deux premiers tiers. Malheureusement, le final, avec son sanctuaire de carton-pâte et ses éclairs électriques, sombre dans le Kitsch. Cela gâche l'ambiance urbaine réussie de BLADE qui s'effondre sous le poids de bagarres ennuyeuses.

Ce film vaut néanmoins le coup d'œil pour quelques scènes d'action énergiques et une première partie convaincante. Il connaît un bon succès commercial qui lui vaut deux suites réussies avec Wesley Snipes : BLADE II de Guillermo del Toro et BLADE : TRINITY de David S. Goyer. En 2006, une série télévisée «BLADE : LA MAISON DE CHTHON» sort pour une saison, accueillie dans l'indifférence.

Surtout, BLADE est le premier film de l'énorme vague de métrages inspirés des Comics Marvel qui va submerger le cinéma hollywoodien pour plusieurs décennies. Il est ainsi suivi par X-MEN puis SPIDER-MAN dont les succès amorcent une saga cinématographique qui à ce jour cumule 71 (!) longs-métrages sortis en salle sur 27 ans !

Dans le cadre du courant des films de multivers, sous-mode Marvel apparue dans les années 2020 avec le triomphe de SPIDER-MAN : NO WAY HOME, Wesley Snipes reviendra sous les traits de Blade pour une apparition épisodique dans DEADPOOL & WOLVERINE.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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