A Hong-Kong, Une femme envoie sa fillette dehors le temps de faire quelques pirouettes rapides avec Kai, l'employé de son mari. Malheureusement, ils ne vont pas encore assez vite et le mari revient sur ces entrefaites. Ils les surprend et rentre dans une colère folle. Aidé par l'ami qui l'accompagnait, il bat violemment, Kai, le fait s'agenouiller à ses pieds, et s'apprête à le castrer avec un sécateur. Kai, en larmes, le supplie de ne pas couper trop court, prétextant que son sexe est déjà trop petit. Il lui demande le sécateur pour le faire lui-même. Quand le mari le lui donne, il s'en sert pour tuer tout le monde. La petite fille, qui s'était cachée dans la pièce à côté, est terrorisée. Il la voit et s'apprête à l'immoler par le feu, quand arrive quelqu'un qui le surprend. Il s'enfuit avant d'avoir achevé le travail. Dix ans plus tard, alors qu'il travaille dans un restaurant asiatique en Afrique du Sud, exploité par des patrons qui le payent une misère, il viole une femme mourante, sans savoir qu'elle va lui transmettre le virus Ebola. L'épidémie va se propager par son intermédiaire.
Kai est affreux, sale et méchant. Son personnage, incarné par Anthony Wong, qui s'était déjà distingué dans THE UNTOLD STORY, du même réalisateur, est répugnant tant sur le plan physique que moral. Il pue, il est sale, limite débile, et très, très dangereux. Il n'a aucun scrupule, ne pense qu'au sexe, tue comme il respire ou presque. Bref, c'est une erreur de la Nature. Serveur dans un restaurant, il prend un malin plaisir à cracher dans le thé des clients, ou pire, à cuire un morceau de viande dans lequel il s'est satisfait la veille. Bref, âmes sensibles s'abstenir. Ce film est vraiment dégueulasse. Je passe les viols commis par notre anti-héros, et je ne vais pas rentrer dans le détail de son "African Bun", sachez seulement que EBOLA SYNDROME risque de vous filer la nausée. Mais si vous avez les tripes biens accrochées, vous allez vous régaler, si je puis m'exprimer ainsi. Fans de gore et adeptes du mauvais goût ce film est vraiment fait pour vous, l'humour étant très porté en dessous de la ceinture, et souvent pipi-caca, bien que le film, en général, n'oublie pas d'être sanglant et extrêmement violent.
Herman Yau, qui avait déjà commis quelques années plus tôt THE UNTOLD STORY, revient à la charge pour nous raconter encore la folie meurtrière teintée de cannibalisme de Anthony Wong, l'un de ses acteurs fétiches. Celui-ci avait d'ailleurs terrifié le public hong-kongais dans le rôle de psycho-killer qu'il interprétait dans ce film. Déjà, on y trouvait les ingrédients de EBOLA SYNDROME, à savoir un humour très particulier et du gore, encore du gore. L'acteur, très présent dans la production made in Hong-Kong, puisqu'on a pu le voir dans des films tels que STORMRIDERS, dans l'un des rares rôles où il n'incarne pas un vilain ou encore dans BLACK MASK, où il apparaît comme un gangster, adepte des pratiques sado-masochistes. On l'aura aussi vu dans HARD BOILED, toujours dans le rôle du méchant, et dans d'autres nombreuses, trop nombreuses productions HK pour qu'on les cite ici. Il faut bien avouer que ces rôles semblent lui aller comme une seconde peau, son physique se rapprochant plus de celui d'un demeuré mais non moins inquiétant personnage, plutôt que de celui d'un gentil défenseur de la veuve et de l'orphelin. Ainsi, dans TAXI HUNTER, encore de Herman Yau, il incarne un homme qui décide pour occuper son temps libre de tuer les chauffeurs de taxi, qu'il juge tous responsables de la mort de sa femme, renversée par un des leurs.
EBOLA SYNDROME ne s'encombre d'aucun scrupule. Si le spectateur n'est pas en mesure de faire abstraction du fait qu'il ne s'agit que de cinéma extrême, je ne saurai que trop lui recommander de s'abstenir de le visionner. Il est évident que le parti pris du réalisateur est d'aller à fond dans le mauvais goût. Il n'hésite pas à mettre en image des situations que le cinéma se contente toujours d'éluder. On y voit tout ce qu'on ne voit pas ailleurs : le tout premier plan de la vie africaine de Kai le montre en train de découper des grenouilles pour le restaurant où il travaille, des indigènes tranchent la tête de poulets, les enfants ne sont pas épargnés, les actes sexuels sont bestiaux… On sent presque l'odeur du sang, du sperme, de la sueur et de l'urine de Kai. C'est à ce niveau-là exceptionnel, et il faut une bonne dose de 50ème degré pour l'accepter. A partir de là, on peut comprendre qu'il s'agit d'un film de catégorie III, classification qui concerne essentiellement les films pour adultes à Hong-Kong. Par exemple, EROTIC GHOST STORY 2, où l'on retrouve une nouvelle fois Anthony Wong en tête d'affiche, est classé CIII, alors que ce film fait bien pâle figure par rapport à des films tels que CALIGULA de Tinto Brass, et je ne parlerai même pas de la version de Joe d'Amato. Si vous choisissez de voir un film de cette catégorie, ne vous attendez pas à des AUTANT EN EMPORTE LE VENT et autres TITANIC. En somme, c'est à un public très averti qu'il s'adresse.
On n'est pas loin de l'univers de la bande dessinée pour adultes, avec des personnages caricaturés à l'extrême et une fâcheuse tendance à donner dans l'outrance. Kai, c'est presque une incarnation d'un personnage de Vuillemin, avec sa dégaine pas propre sur lui. On s'attend toujours à le voir sortir une crotte de son nez, et ça finit par arriver ! L'humour asiatique se délecte pas mal de ce genre de blagues. Souvenez-vous à ce propos de KING OF COMEDY, où l'acteur qui cherche à se faire embaucher pleure plus vrai que nature, laissant dégouliner de son nez une morve gigantesque et menaçante au-dessus du visage de la star féminine du film, un grand moment ! Il faut dire que la plupart des blagues ont souvent trait à des choses sales, racistes ou sexuelles. Que celui qui n'a jamais ri à une blague de ce genre me jette la première boulette verte (quoique non !). Ainsi, je dirai de EBOLA SYNDROME que c'est un film drôle, trash, mais qui utilise tout ce qui fait rire les collègues de bureau, ou les compagnons de biture. Alors mince, qu'on ne me dise pas que pour apprécier et cautionner ce film, il faut être tordu, je répondrai juste qu'il ne faut pas être hypocrite et jouer les vierges effarouchées.
Se risquant sur plusieurs tableaux, EBOLA SYNDROME ne se contente pas d'exploiter le registre comique, l'horreur bénéficiant aussi d'une très large part. Les scènes de meurtres et de viols y sont très éprouvantes. Ce flot ininterrompu d'horreurs est tout de même très éloigné des abominations d'un film comme CAMP 731, si cette précision peut rassurer certains candidats rendus hésitants pour l'achat de ce disque par quelques langues au discours alarmiste.
Sachez que cette édition, sortie en Hollande, chez Japan Shock, sous le label Mo Asia, est la seule visible actuellement par les anglophones, puisqu'elle dispose d'un sous-titrage anglais, en plus du néerlandais. Seule ombre au tableau, ces sous-titres blancs sont parfois illisibles sur des fonds clairs. La première édition, sortie au Japon, n'était visible qu'en version originale sous-titrée en japonais. L'édition de Japan Shock propose une image de bonne qualité (à relativiser pour ce type de film), et le son stéréo est très acceptable. Rien à dire de plus, sur le plan technique, si ce n'est que l'image étant en NTSC, il faut être équipé d'un téléviseur capable d'afficher du NTSC ou alors d'un lecteur apte à le convertir en PAL.
Côté bonus, la jaquette indique un booklet, qui n'est rien de plus qu'un feuillet contenant les chapitrages. Une bande-annonce du film en version originale non sous-titrée et c'est tout. Le menu du DVD propose en plus une mini bio de Herman Yau, et une galerie de dix photos.
On ne peut s'empêcher de voir un rapport entre EBOLA SYNDROME et ALERTE ! qui traitait aussi d'une épidémie du redoutable virus. Ici, la caméra subjective s'embarque dans la bouche du pestiféré, et on a le privilège de suivre ses vilains postillons vers la bouche de la prochaine victime, tout comme dans ALERTE !, où le virus était matérialisé sous la même forme. Vous aurez compris que la comparaison s'arrête là. Car ensuite, on tombe dans le cinéma d'exploitation avec EBOLA SYNDROME tandis que ALERTE ! reste un blockbuster américain. Pour la suite du programme, on serait plus proche d'un film comme STREET TRASH pour le côté dégueu-gore ou encore dans une production trash de John Waters, si on s'en tient à examiner la typologie des personnages.