Alors qu'elle était portée disparue depuis dix ans, une jeune fille réapparaît brutalement dans le quotidien de ses amis d'enfance. Désarçonnés, ces derniers s'occupent d'elle jusqu'à ce que la jeune fille tombe sérieusement malade. En voulant l'emmener dans un hôpital, le groupe se retrouve prisonnier d'une maison hantée labyrinthique où passé et présent se mélangent.
On espérait le réalisateur japonais Takashi Shimizu débarrassé des spectres japonais des JU-ON (THE GRUDGE), une série de deux films que l'homme a tourné rien de moins que trois fois : d'abord à la télévision japonaise, puis adapté au cinéma japonais et enfin «remaké» pour le marché américain. Terrifiants, les premiers JU-ON japonais constituent le haut du panier de la mode post-RING du film de fantômes à cheveux longs. Mode qui a montré depuis ses limites d'inspiration, notamment lors des piteux remakes américains de la franchise. Les JU-ON forment donc le meilleur et le pire du cinéma d'horreur à la sauce nippone. Se mettant à l'écart de sa célèbre série, c'est Toby Wilkins (SPLINTER) qui met en scène le troisième JU-ON américain, Takashi Shimizu semblait enfin disponible pour nous surprendre avec un nouveau film totalement original. Avec SHOCK CORRIDOR : EXTREME, il choisit pourtant de tourner à nouveau un film de fantômes japonais mais en 3D cette fois. «Ca change tout», semble nous dire le cinéaste ! Ou bien…
SHOCK CORRIDOR : EXTREME est aussi connu sous le titre THE SHOCK LABYRINTH. Mais c'est le titre original japonais, SENRITSU MEIKYU 3D, qui donne le plus d'indices quant à ce qui nous attend réellement. «Senritsu Meikyu» est à l'origine une attraction du Fuji-Q Highland Amusement Park, un gigantesque «train fantôme» mais à visiter à pied. Notée dans le Guinness Book des records comme étant la «maison hantée» la plus grande du monde (3000 m2), «Senritsu Meikyu» propose à ses visiteurs armés d'une simple lampe torche de parcourir un hôpital lugubre plongés dans le noir complet. Très célèbre auprès de la jeunesse japonaise, cette attraction est retranscrite au cinéma avec SHOCK CORRIDOR : EXTREME de la même manière que PIRATES DES CARAIBES adaptait l'attraction éponyme de Disneyland.
Que doit-on attendre d'un film tiré d'un parc d'attraction, marketé pour le public adolescent japonais et qui plus est réalisé par un mercenaire du fantôme à cheveux longs et gras ? SHOCK CORRIDOR : EXTREME est peu surprenant, simpliste mais aussi très élégant visuellement et assez efficace par moment. Le film a également la bonne idée de mettre en scène Yuya Yagira, ce jeune comédien qui avait remporté à 14 ans le prix d'interprétation à Cannes pour NOBODY KNOWS de Hirokazu Kore-Eda. Sa performance surnage sans peine au milieu d'une équipe de jeunes premiers aux talents très inégaux. Les personnages sont de toutes manières peu développés et servent de prétexte à une visite dans le véritable «Senritsu Meikyu», le film ayant été tourné dans l'attraction durant les heures de fermeture.
Un spot de pub géant pour le «Senritsu Meikyu», voilà à quoi pourrait être résumé SHOCK CORRIDOR : EXTREME. Shimizu et son scénariste tentent bien, par moment, de complexifier la narration en jouant sur les temporalités. Mais leurs efforts sont trop modestes pour nous sortir du schéma très routinier du film de fantôme ciblé pour le public adolescent. Il ne fait aucun doute que le groupe de jeunes doit faire face au retour surnaturel de leur amie décédée dans l'hôpital, le degré de responsabilité de chacun étant déterminé via une série de scénettes horrifiques à base de lapin en peluche flottant dans les airs. Le résultat, très carré, n'est pas déshonorant. Mais il arrive beaucoup trop tard dans un paysage fantastique balisé pour nous procurer de véritables frissons. De plus, le film est particulièrement soft dans l'horreur pour mieux s'adresser à un public particulièrement jeune. Adieu donc les détails tordus qui faisaient le sel des JU-ON, SHOCK CORRIDOR : EXTREME se repose plus sur une ambiance macabre sans être trop dérangeante.
Mais venons-en au cœur marketing du projet : la 3D et sa vision en relief ! Car s'il est fort à parier que la grande majorité de l'exploitation du film à l'étranger se fera en vidéo dans une version plate, découvrir un film de fantômes japonais en 3D permet d'ajouter un peu d'épices dans un plat aux abords bien fades. Si James Cameron a bouleversé le monde de la 3D avec AVATAR et ses perspectives très réfléchies, Shimizu ne s'embarrasse pas de grands dilemmes sur le support et enquille les effets faciles à base de profondeurs extrêmes et de jaillissement. Une aveugle tend son bras tellement loin dans l'image qu'elle nous caresse le nez, une jeune fille saute de deux étages pour nous tomber dessus ou encore un fantôme sortant littéralement de la couture ventrale du fameux petit lapin en peluche, les «effets» de profondeur sont nombreux, pas toujours bien calibrés, mais suffisamment fun pour nous donner l'impression d'être au milieu d'une attraction justement. Découvrir le film dans ces conditions permet d'expérimenter la technologie 3D dans un environnement que l'on attendait pas. Cela suffit à passer un bon moment qui ne sera malheureusement pas accessible à la majorité des spectateurs qui le découvriront sûrement sans le relief et qui risquent donc de s'ennuyer ferme devant un spectacle du coup très plat.