Header Critique : BLACK CHRISTMAS

Critique du film et du DVD Zone 1
BLACK CHRISTMAS 1974

 

Dans la maison qui héberge une fraternité, les étudiantes s'apprêtent s'éclipser pour les vacances d'hiver. Mais avant de partir (n'oublie pas de te couvrir), elles vont être stoppées net dans leurs préparatifs par un tueur qui rôde dans le bâtiment…

Les racines du Slasher restent difficilement discernables. Pour certains, HALLOWEEN de John Carpenter a imposé les règles du genre. Pour d'autres, il faut remonter quelques années en arrière pour s'intéresser à BLACK CHRISTMAS. Mais, en réalité, le genre prend déjà ses racines autant dans le «Whodunit» que le «Psycho-killer». Ainsi, on peut remonter à des œuvres telles que LA BAIE SANGLANTE de Mario Bava ou bien le méconnu THE GHASTLY ONES d'Andy Milligan pour y trouver les véritables prémices d'un genre qui allait exploser à l'aube des années 80. Toutefois, BLACK CHRISTMAS va moderniser (voire professionnaliser dans le cas d'Andy Milligan) son sujet en l'orientant vers les jeunes adultes et un cadre quotidien. Les victimes potentielles du tueur de BLACK CHRISTMAS sont des étudiantes confrontées à leurs problèmes existentiels : petits copains, chamailleries, alcool et rébellion contre des parents symboles d'une société coincée. La recette sera poussée à l'extrême avec les VENDREDI 13 peuplés d'ados insouciants. Carrément plus adulte dans son approche, BLACK CHRISTMAS présente de jeunes femmes qui ont souvent la tête déjà bien sur les épaules. Le film aborde, par exemple, le choix cornélien entre l'envie de fonder une famille ou celui de s'accomplir de manière professionnelle. Même le tueur du film semble avoir justement un gros problème avec la notion de famille. Le plus intéressant, sur ce sujet, reste l'intrusion du père de l'une des étudiantes qui entre en contact avec la maison où séjourne les jeunes femmes. Il se retrouve alors confronté directement à l'univers de sa fille qui expose au mur des mamies qui font des gestes obscènes ou bien le message graphique très explicite du «Faites l'amour mais pas la guerre». Le bon père de famille tombe donc un peu des nues en découvrant la fraternité dans laquelle vit sa petite fille. Ce contraste générationnel est ainsi particulièrement bien esquissé avec beaucoup d'humour. Enfin, l'insouciance des étudiantes qui sont sur le point d'entrer dans l'univers des adultes se trouve confronté à un monde particulièrement violent entre meurtre de jeunes filles mobilisant la police et, bien évidemment, un tueur siphonné. Le cocon rassurant de la maison d'étudiants y étant finalement mis à mal.

Mais BLACK CHRISTMAS n'est pas un drame sociologique sur les relations entre parents et enfants. C'est avant tout un film d'épouvante qui tient toujours la route plus de trente ans après sa réalisation. Un exploit ! Partant d'un sujet inspiré d'un fait réel, d'après le scénariste Roy Moore, le film va être transcendé par la mise en scène particulièrement inspirée de Bob Clark. Quelques temps auparavant, le cinéaste américain va s'installer au Canada de façon à bénéficier des avantages mis en place par le gouvernement pour l'expansion de son industrie cinématographique. C'est donc là qu'il va réaliser et produire BLACK CHRISTMAS en utilisant quelques comédiens américains mais aussi et surtout des acteurs locaux : Margot Kidder, Art Hindle, Lynne Griffin, Doug McGrath ou Marian Waldman. Pour donner un peu plus de cachet à l'entreprise, on fait aussi appel à des noms plus prestigieux comme Olivia Hussey, qui tourna auparavant pour Franco Zeffirelli, et Keir Dullea, l'acteur principal de 2001 L'ODYSSEE DE L'ESPACE. Une pointure hollywoodienne sur le déclin doit aussi assurer le rôle de l'inspecteur de police mais Edmond O'Brien se voit remplacé au pied levé par John Saxon pour cause d'Alzheimer. Particulièrement solide, le casting va donner du corps à une intrigue simpliste mais finement portée à l'écran. Grande réussite du film, son tueur apparaît comme un personnage fantomatique rodant impunément dans la maison. Lorsqu'il ne tue pas de manière brutale les résidentes, il passe des coups de fils très angoissants ne laissant planer que peu de doute sur sa santé mentale. Le personnage est d'ailleurs souvent incarné par la caméra nous offrant ainsi un pétage de plomb à la première personne franchement inquiétant. Contrairement aux slashers des années 80, BLACK CHRISTMAS va rester d'une grande sobriété en ce qui concerne la violence graphique. Les effusions sanglantes sont surtout remplacées par une violence froide et brutale largement plus efficace. Le film fait ainsi figure de montagnes russes en alternant des scènes d'angoisses ou de meurtres avec des passages plus légers flirtant même avec le comique grâce au personnage de madame Mac.

Très efficace dans son déroulement, le film de Bob Clark prend le parti de garder dans l'ombre son tueur. Il en sera d'ailleurs de même pour le Michael Myers de HALLOWEEN auquel John Carpenter prêtait une présence surnaturelle en refusant d'expliquer complètement le personnage ou bien en ne montrant pas vraiment son visage. En cela, les deux métrages sont effectivement semblables tout en se déroulant chacun au moment de festivités particulières. On pourra trouver d'autres points communs entre les deux films mais il paraît tout de même un peu exagéré d'évoquer HALLOWEEN comme un remake de BLACK CHRISTMAS. Les deux métrages fort efficaces restent, de toutes façons, deux grandes dates dans le domaine de l'horreur au cinéma. Le film de Bob Clark connaîtra un certain succès dans les pays où il sera distribué, à l'exception des Etats-Unis, mais ne connaîtra pas la même renommée que le HALLOWEEN de John Carpenter. Plutôt injuste puisque BLACK CHRISTMAS s'impose comme un véritable classique du genre. Bob Clark tournera par la suite l'excellent MEURTRE PAR DECRET mais se tournera ensuite vers la comédie. Une reconversion assez étonnante mais qui donnera cependant l'occasion au cinéaste de renouer avec les fêtes de Noël grâce à l'amusant et mignon CHRISTMAS STORY.

Du côté de l'Amérique, BLACK CHRISTMAS a déjà connu quelques sorties successives en DVD. Après une édition oubliable, l'éditeur Critical Mass a produit une édition fournie avant de ressortir un nouveau disque plus complet encore. En France, Wild Side reprend une grande partie du matériel de l'éditeur nord-américain de manière à nous proposer une belle édition du film. Le double DVD sépare rapidement le film des suppléments. Le commentaire audio, pas forcément très intéressant, de l'édition américaine n'est pas repris et le film se voit donc proposer tout seul sur le premier disque. Le transfert 16/9 présente le film plus ou moins dans son format cinéma d'origine. Agé d'une bonne trentaine d'années, BLACK CHRISTMAS affiche une image qui rebutera les spectateurs habitués au rendu cristallin. En effet, le film se pare d'un grain cinéma très présent durant toute la durée du film lui donnant un côté un peu «roots». Hormis cette particularité, l'image ne présente pas de véritable défaut. On notera tout de même quelques petits soucis sur les contours lors de certaines séquences mais il s'agit probablement de petits problèmes d'origine.

La sonorisation se fait au choix avec le doublage français, avec un mixage mono d'origine, ou bien la version originale sous-titrée. Cette dernière est proposée en mono ou bien avec le mix 5.1 réalisé lors de la première édition DVD de Critical Mass. Cette piste sonore donne un peu plus de coffre à la bande sonore originale sans véritablement tirer parti complètement des possibilités du 5.1. Au moins, le rendu ne va pas dénaturer le film. Pour les puristes, l'éditeur offre donc la piste en mono ce qui devrait être toujours le cas.

Avant de passer au deuxième DVD, le premier disque contient un supplément accessible seulement si vous êtes équipé d'un lecteur DVD-Rom sur votre ordinateur. Il s'agit du scénario original, encore titré STOP ME, proposé dans sa version à moitié manuscrite et surtout annotée. Au menu du deuxième disque, il y a à boire et à manger. La première Featurette «Les 12 jours de Black Christmas» laisse un peu perplexe. Mais, en réalité, elle a été assemblée lors de la ressortie aux Etats-Unis, quatre ans après une première édition, très probablement pour donner l'impression d'avoir produit de nouveaux suppléments. On y trouve tout de même quelques passages intéressants mais, en réalité, le vrai documentaire est placé en second et il permet de retrouver les comédiens Lynne Griffin et Art Hindle sur les lieux du tournage original. Les deux acteurs se remémorent, de façon parfois humoristique, la production du film. Leurs interventions sont aussi entrecoupées d'interviews de Bob Clark, John Saxon, Olivia Hussey, Margot Kidder et quelques autres. La construction de ce documentaire paraît par endroit un peu chaotique mais sa vision est plutôt agréable. Il en sera de même de l'interview de Art Hindle nous présentant un comédien très sympathique. Dans les mêmes conditions, l'intervention d'Olivia Hussey paraît bien moins intéressante puisque l'actrice est moins généreuse en anecdote. Ces deux interviews sont en réalité des versions «intégrales» des mêmes interviews se retrouvant morcelées dans les deux documentaires.

Le reste du DVD devient ensuite un peu moins surprenant. Les scènes inédites sont en fait des parties audio retrouvées lors des recherches pour assembler le mixage Dolby Digital 5.1. ! Cela s'avère extrêmement anecdotique tout en ne concernant que deux passages du film. La galerie de photos est plutôt fournie, une fois n'est pas coutume, mais on n'y retrouve pas de visuel promotionnel (les affiches par exemple). Une sélection de bandes-annonces et spots TV plus tard, on pourra terminer avec la filmographie du réalisateur Bob Clark. Certains suppléments américains, pas toujours d'un grand intérêt il est vrai, ne sont pas repris mais, en l'état, cette édition francophone de BLACK CHRISTMAS permettra, on l'espère, de donner un regain de popularité à cet excellent métrage… Mais ce n'est pas gagné avec un visuel de jaquette particulièrement laid et une distribution de ce DVD dans la collection «Les Introuvables» qui n'est, à présent, disponible que dans les enseignes Fnac. Gênant pour les consommateurs qui n'ont pas forcément envie qu'on leur impose un revendeur !

Rédacteur : Antoine Rigaud
2025 ans
4 news
635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
On aime
Un vrai classique du genre
Des suppléments plutôt sympathique
On n'aime pas
Un visuel de jaquette assez laid
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Autres critiques
L'édition vidéo
BLACK CHRISTMAS DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Wild Side
Support
2 DVD
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Les 12 jours de Black Christmas (19mn46)
    • Black Christmas revisité (36mn23)
      • Interviews
      • Olivia Hussey (17mn20)
      • Art Hindle (23mn46)
    • Scènes supplémentaires (2mn59)
    • Bandes-annonces et TV Spot
    • Galerie photos
    • Filmographie de Bob Clark
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