La pertinence d'un nouveau DVD de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS laisse dubitatif au regard des nombreuses éditions dont le métrage bénéficie déjà. Dans le cas présent, Bach Film profite du 40ème anniversaire du film, et plus certainement de la sortie de DIARY OF THE DEAD, pour proposer un nouvel essai dans l'édition vidéo du film de George Romero. Le disque risque de surprendre ceux qui avaient déjà acheté le film chez l'éditeur puisque la première face reprend le même DVD paru en 2003. L'oeuvre est proposée dans sa version originale sous-titrée ou bien avec un doublage français. Les deux ne vont pas faire trembler vos murs mais sont d'une qualité acceptable. Pour l'image, il y a de quoi être un peu plus réservé. Il faut dire que le statut particulier de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, que tout le monde peut commercialiser à sa guise ou presque, n'aide pas à découvrir un transfert de très grande qualité. Pour ce film, nous avons déjà vu pire mais également bien mieux. Pas toujours super contrastée ou d'une grande netteté, l'image se laisse tout de même regarder. En fonction de votre indulgence, le noir et blanc, pas vraiment immaculé et tirant quelque peu sur le vert, ne devrait pas tellement poser de problème surtout si l'on veut disposer d'un sous-titrage français. Car, à l'heure actuelle, les éditions de qualité de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS sur le territoire français, et donc avec des options francophones, restent encore à sortir ! De fait, on retournera la galette pour passer au contenu additionnel…
Ce DVD est donc un disque double face et simple couche. L'éditeur a placé un petit sticker rouge au centre du disque lui donnant un côté 45T (ou 33T) miniature fort sympathique. La deuxième face nous mène donc à un contenu inédit… ou presque. Proposé en supplément, on trouve le WHITE ZOMBIE de Victor Halperin que l'on ne devrait plus présenter (en tout cas, nous l'avons déjà chroniqué). De même que LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, ce métrage issu des années 30 est généralement malmené par la liberté de ses droits. Ici, l'image est limite floue et approximative. On retrouve le même souci pénalisant une image noir et blanc où s'invitent des couleurs moins clairement définies alors que les défauts de pellicule vont et viennent. Le film est présenté en version originale avec des sous-titrages français incrustés directement sur l'image. Il y a de fortes chances que ce soit la même source, et donc la même qualité d'image, que sur le disque sorti auparavant chez le même éditeur. D'ailleurs, il est très probable que ce soit la même chose pour tous les éditeurs ayant très certainement utilisé la même source pour sortir le film en France et un peu partout ailleurs. A l'instar de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, une édition sérieuse de WHITE ZOMBIE est encore à produire sur le marché français mais, il faut être réaliste, le potentiel commercial du film de Victor Halperin est probablement nul dans nos contrées.
Cela nous mène donc à la partie totalement inédite de cette édition DVD. A savoir un documentaire titré «Fan of the Dead» qui nous est annoncé comme un pèlerinage d'un fou furieux du film sur les lieux de tournage de la trilogie de George Romero. Le premier contact risque de rebuter si l'on s'attend à découvrir un véritable documentaire. Nous avons plutôt affaire à un reportage, voire à un film très personnel. De facture résolument amateur, durant une cinquantaine de minutes, nous allons donc suivre Nicolas Garreau durant son périple aux Etats-Unis. Il s'exprime assez souvent devant la caméra pour partager ses états d'âme, ses joies et frustrations dans sa recherche. Une approche parfois très gênante surtout lorsqu'il cherche à dynamiser son documentaire avec des blagues entre potes. Car s'il entreprend son voyage seul, l'une de ses étapes va le conduire à un événement marquant le 25ème anniversaire de ZOMBIE et où les fans du monde entier vont se réunir. C'est là où Nicolas Garreau va retrouver des amis que l'on imagine être des correspondants allemands. Durant cet événement, ils ont donc l'occasion d'approcher certains acteurs du film, dont Ken Foree et David Emge, ainsi qu'une partie des figurants devenus célèbres pour s'être pris une machette dans la tête, avoir arraché une gorge ou déambulé en infirmière dans ZOMBIE. Séance d'autographes et mots échangés avec les « vedettes » seront suivis d'une visite du centre commercial en pleine nuit avec comme guide Ken Foree et les autres acteurs dispensant leurs souvenirs. On peut d'ailleurs y voir subrepticement Greg Nicotero qui ne dit rien de pertinent devant la caméra. Mais, à vrai dire, le montage du documentaire ne laisse pas vraiment les intervenants s'exprimer coupant parfois sans raison pour passer à autre chose. Le lendemain, une excursion similaire est organisée à l'aérodrome où les héros font le plein de carburant pour leur hélicoptère. Si cet événement particulier occupe la partie la plus intéressante de «Fan of the Dead», Nicolas Garreau s'est par contre promené seul pour retrouver d'autres lieux de tournage de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, l'original mais aussi le remake, ainsi que du JOUR DES MORTS-VIVANTS. Ayant planifié son odyssée, le globe-trotter français aura donc l'occasion de s'introduire discrètement dans la cave, localisée dans un immeuble en pleine ville, de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS pour découvrir que plusieurs dizaines d'années après, rien n'a changé. Le voyage le mènera aussi à visiter les souterrains du JOUR DES MORTS-VIVANTS, le cimetière des deux LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, etc…
Partant d'une bonne idée, la facture de ce documentaire laisse tout de même à désirer et il faudra surtout se raccrocher à la passion qui anime son créateur en oubliant les nombreux cafouillages. Après tout, c'est probablement le seul témoignage francophone concernant la convention qui a eu lieu à Monroeville en 2003. De plus, l'attitude de fan avide mène notre guide français à s'entêter pour redécouvrir les lieux de tournage même ceux, en apparence, inaccessibles. A ce propos, on flirte gentiment avec l'attitude très «Jackass» lorsque Nicolas Garreau entre dans l'ascenseur de ZOMBIE en exprimant l'idée qu'il pourrait ouvrir la trappe du haut pour monter sur le toit. «Est ce qu'il va oser le faire ?», l'interrogation devient alors un véritable suspense et nous ne répondrons pas ici à cette question pour vous en laisser la surprise. Un passage qui résume assez bien le comportement doux dingue de Nicolas Garreau auquel il est impossible de ne pas reconnaître une véritable passion pour les trois films de George Romero mais aussi le remake de Tom Savini.
La qualité de l'image est au niveau des cadrages et de la finition de «Fan of the Dead». Pas franchement exceptionnelle, la source étant une simple caméra vidéo que l'apprenti cinéaste n'hésite pas à faire tourner alors qu'il conduit une voiture sur les routes américaines. Etant donné que le voyage se déroule aux Etats-Unis, il est assez naturel que les interlocuteurs s'expriment en anglais. Manque de bol pour ceux qui ne comprennent pas cette langue, le sous-titrage français apparaît de façon très aléatoire et généralement là où c'est le moins intéressant. Par exemple, la visite guidée par Ken Foree du supermarché ne contient que très peu de sous-titrage et les traductions se posent généralement sur des tirades sans intérêt. Certes, les informations et bribes de conversations ne rendent pas simple le décryptage de ce qui se déroule à l'écran mais cela s'avère, au final, assez gênant. Mais, après tout, cela n'a que peu d'importance car le rendu brute donne plus de corps à ce qui ressemble plus, à l'arrivée, à un film de vacances que l'on montre à ses potes plutôt qu'à un véritable documentaire structuré. Nicolas Garreau s'étant borné à raconter un voyage qu'il a dû fantasmer avant d'en garder des souvenirs inoubliables qu'il nous fait partager à sa façon.
Après le documentaire, on peut prolonger l'expérience avec une galerie de photos prises par Nicolas Garreau. Enfin, quelques suppléments sont encore à découvrir dans une partie intitulée «Les extras qui tuent». Et c'est vrai qu'ils tuent par leur inutilité. En gros, si vous avez envie de voir un plan d'une pierre ramassée dans le cimetière de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, vous serez comblé. Mais une pierre, ça reste un caillou et, à l'image, ça n'a carrément rien de bandant. Trois de ces parties sont donc dédiées aux trois films de George Romero ainsi qu'au remake de Tom Savini avec, à chaque fois, des échantillons ou bien des story-boards et plans dessinés par Nicolas Garreau.
Proposée à tout petit prix sur son site internet, cette édition DVD devrait combler les fans givrés des zombies de George Romero tout en leur donnant deux longs métrages de qualité d'un point de vue artistique. Surtout que pour ceux qui planifient un voyage sur les lieux de tournage, le boîtier du DVD contient un livret de photos accompagnées d'une petite carte indiquant les emplacements et adresses. Nicolas Garreau vous a donc mâché le travail et on se demande s'il ne serait pas possible de voir débarquer un jour un «Guide du Routard de l'Horreur». Une idée à creuser (dans les cimetières) !