Dans le futur, lorsqu'une grande entreprise privée prend le contrôle des forces de police de la ville de Détroit, c'est pour trouver une solution plus efficace au problème du crime avant d'entamer la construction de Delta City. Pour cela, rien de mieux qu'un policier actif en continu, doté d'une force et d'une puissance de feu supérieure et servant la loi de manière stricte ! Ce policier, ce sera Robocop, un cyborg moitié homme et moitié machine…
Paul Verhoeven se forge une réputation dans son pays d'origine avec des œuvres qui sont très éloignées des standards hollywoodiens. Drame, romance, étude de mœurs ou encore thriller étrange sont tournés au Pays-Bas, en néerlandais, avec une approche très crue de la violence et des séquences charnelles. LA CHAIR ET LE SANG va être alors un film amenant une transition surprenante dans la carrière de Paul Verhoeven. Financée en partie par des fonds américains et tournée en Europe, cette violente fresque historique ne va pas rencontrer le succès. Le cinéaste aurait pu dès lors rester au Pays-Bas pour continuer d'y tourner ses films. C'est pourtant l'inverse qui va se produire puisqu'il va quitter l'Europe, ce qu'il ne voulait pas faire auparavant, pour aller s'installer aux Etats-Unis où on lui confiera un film d'action et de science-fiction qui ne ressemble pas vraiment à son TURKISH DELIGHT, nominé aux Oscars, pas plus qu'à son SOLDIER OF ORANGE. A vrai dire, le cinéaste néerlandais n'a pas spécialement l'envie de réaliser un film dont le titre, ROBOCOP, lui paraît ridicule. Heureusement persuadé à la lecture du scénario, il va mettre en boîte l'un des plus mémorables films de science-fiction des années 80.
Et pour cause car si ROBOCOP aurait pu n'être qu'un film d'action de plus, l'histoire écrite par Ed Neumeier et Michael Miner ressemble à une bande dessinée aux accents acerbes et corrosifs. Le futur vu par les deux scénaristes est ainsi une caricature des années 80 aussi intelligente que parfaitement intégrée à son spectacle divertissant. L'intrigue, plutôt classique, prend des circonvolutions inattendues, à l'époque, que ce soit dans sa construction, l'approche de son héros ou encore la vue satirique d'un avenir quelque peu nihiliste. Les ingrédients seront d'ailleurs repris en l'état pour grossir encore plus le trait dans la suite réalisée un peu plus tard par Irvin Kershner. Entrecoupé de flashs d'information, de publicités et d'émissions crétino-humoristiques, ROBOCOP constate la place de plus en plus envahissante de la télévision et l'utilise pour mieux dynamiser son récit tout en montrant les dérives d'un merveilleux médium perverti. Ed Neumeier et Paul Verhoeven réutiliseront ce truc dans STARSHIP TROOPERS en utilisant, non sans humour, les nouveaux médias directement comme des outils de propagande. De même, ROBOCOP approche notre future vie au travers de services sociaux gérés par de gigantesques entreprises dont le seul intérêt réside dans le profit. Un milieu où les golden boys se battent pour tirer la couverture à eux avec une moralité toute relative entre drogue ou lien avec le grand banditisme. En soit, cela s'avère plutôt manichéen mais tout est correctement intégré dans une simple histoire criminelle avec vengeance à la clef.
Alliant un spectacle bourrin et un sous-texte relativement astucieux, ROBOCOP met ainsi en scène un héros gagnant son statut à partir du moment où il se retrouve désincarné et déshumanisé sous la forme d'une machine suivant un programme strict. Mais le bras armé de la loi, aussi froid que l'acier qui le recouvre, n'a pourtant pas, et heureusement, perdu totalement sa conscience. Une parcelle d'humanité, qui assurera la différence dans un monde uniformisé, avant de s'affirmer totalement lorsque le robot répond à une dernière question avant le générique final. Belle réussite dans le genre, ROBOCOP a bénéficié aussi, à l'époque, de plusieurs talents qui finiront de lui donner sa patine plutôt indémodable. Privé d'images de synthèse, Rob Bottin et Phil Tippett assurent des effets spéciaux souvent impressionnants alors que de son côté, Basil Poledouris signe une partition musicale remarquable. Les acteurs ne sont pas en reste avec Peter Weller, dans le rôle titre, Ronny Cox, Kurtwood Smith, Miguel Ferrer, Dan O'Herlihy, Nancy Allen et même Ray Wise dans un petit rôle. Toute la troupe, dirigée par Verhoeven, joue le jeu flirtant parfois à la limite du second degré et terminant de donner au film son apparence de bande dessinée satirique.
Bien que déjà sorti en France en DVD dans une édition plutôt fournie, l'arrivée d'un Blu-ray aurait pu sonner l'inévitable moment de mettre à jour en haute définition le métrage dans nos vidéothèques. Mais cette édition ne surprend pas agréablement à plusieurs égards. Alors qu'il existait déjà un commentaire audio, un documentaire, des scènes coupées et autres babioles supplémentaires commercialisées en DVD depuis quelques années, on ne retrouve ici quasiment rien en marge du film. Les seuls suppléments proposés sont en fait trois bandes annonces qui sont, heureusement, proposées en haute définition. Celle de ROBOCOP paraît inévitable alors que celles de ROCKY ou LA PLANETE DES SINGES auraient pu être remplacées avantageusement par celles de ROBOCOP 2 et ROBOCOP 3. Surtout que sur le visuel de la jaquette dont nous disposons, ce sont plusieurs photos de ROBOCOP 2 qui sont affichées. Tant pis, il faudra donc se contenter de ces clichés du film de Irvin Kershner à défaut de sa bande-annonce.
Pauvre du côté des suppléments, il reste au moins le film qui est présenté ici dans sa version intégrale et donc allongée de quelques petits plans «gores» supplémentaires. Proposé dans un transfert en haute définition (1080p/24), ROBOCOP accuse autant son âge. Non pas que l'image soit constellée de défauts de pellicule mais plutôt parce que la qualité de l'image est souvent inégale. On pourrait penser à un mauvais transfert vidéo mais de nombreux soucis constatés sont surtout le reflet des limitations techniques de l'époque en matière d'effets spéciaux. L'incrustation du robot ED-209 animé image par image donne un contraste évident entre les prises de vues avec les acteurs et celles de la maquette. Il faut aussi se souvenir que ROBOCOP n'est pas non plus une superproduction, ce qui se ressent inévitablement sur le rendu final des prises de vues. Le grain appuyé visible tout du long est ainsi très certainement d'origine. Le transfert n'est pas une catastrophe et amène un niveau de détail évident là où l'édition DVD précédente ne faisait, en comparaison, que dans l'approximatif. Néanmoins, il apparaît aussi clair que l'on pourrait faire mieux au niveau du contraste ou en hormanisant un peu mieux les teintes de certaines séquences mais, en l'état, redécouvrir ROBOCOP en Blu-ray s'avère plutôt très agréable ! Enfin, il est important de noter que de nombreux passages du film sont sciemment dégradés pour leur donner un aspect télévisuel où offrir une vue subjective du héros robotisé.
Trois pistes sonores sont disponibles et seules deux d'entres-elles risquent d'intéresser le consommateur français. On retrouve bien entendu le doublage français d'époque via le même mixage 5.1 entendu auparavant sur le DVD. Opter pour la nostalgie permettra donc de retrouver les voix françaises mais nous obligera à supporter un placement très artificiel des dialogues. La version originale s'en sort mieux mais elle n'impressionne pas pour autant. Bien que proposée en DTS HD Master, nous n'avons pu tirer parti que du DTS de base puisque le disque a été chroniqué sur une Playstation3 branché sur un écran Full HD. La console de Sony ne permet en effet pas pour l'instant de sortir du DTS autrement que dans sa version classique. Mais, même avec une limitation, cela paraît peu percutant surtout si l'on compare avec les pistes sonores très démonstratives des films d'aujourd'hui. Au moins, ce mixage a le mérite de ne pas sur-dimensionner n'importe comment l'environnement sonore. L'écoute reste donc, comme l'image, somme toutes très agréable. Bien évidemment des sous-titrages en français sont disponibles.