Header Critique : FANTOME DE L'OPERA, LE (PHANTOM OF THE OPERA) - KVP

Critique du film et du DVD Zone 0
LE FANTOME DE L'OPERA 1925

PHANTOM OF THE OPERA 

Erik, être difforme au caractère lunatique, vit en marge de la société et occupe secrètement les sous-sols l'Opéra Garnier. De là, il fait régner la terreur et entend bien imposer ses goûts musicaux par la menace… Tombé amoureux de la cantatrice Christine Daaé, le «Fantôme» tente donc de lui obtenir un premier rôle avant bien évidemment de lui déclarer sa flamme. Malheureusement, l'avenir sentimental de Christine est déjà tout tracé, de même que le triste destin du Fantôme de l'opéra…

Déjà évoquées lors d'une précédente chronique, les nombreuses qualités cinématographiques du chef d'œuvre de Rupert Julian ne seront pas re-traitées dans ces lignes. Nous nous proposons en revanche de réaliser un rapide compte-rendu de la genèse pour le moins chaotique de ce projet d'où découlera un minimum de quatre montages distincts… Universal tente de renouer avec le succès que rencontra LE BOSSU DE NOTRE DAME en 1923. Pour cela, elle table une fois encore sur un scénario tiré d'un roman français mettant à nouveau en vedette l'un des plus célèbres monuments parisiens. Gaston Leroux succède donc à Victor Hugo et l'opéra Garnier prend la relève de la cathédrale Notre-Dame de Paris. L'ingrédient majeur du succès de 1923 s'avérait par ailleurs être l'incroyable interprète du fameux bossu : Lon Chaney. L'acteur au mille visages est donc recontacté pour donner vie une fois encore à un monstrueux individu épris d'une jeune et charmante demoiselle... Fort de cette base ayant déjà fait ses preuves, le tournage débute en octobre 1924 sous la direction de Rupert Julian. A cette époque, l'homme se fait de plus en plus rare en tant qu'acteur et préfère conforter sa carrière de réalisateur. L'arrière de la caméra lui siée du reste à ravir et les films s'enchaînent à un rythme pour le moins soutenu. LE FANTOME DE L'OPERA sera pour sa part tourné en deux mois et sera présenté à deux reprises les 7 et 26 janvier 1925 à Los Angeles. Pour cette première version, ce ne sont pas moins de 17 minutes qui seront tournées en couleur via différents procédés dont le Technicolor et le Prizmacolor. Bien entendu, il s'agit des scènes «clef» comme celle de la représentation de «Faust» ou celle du bal. La séquence dévoilant pour la première fois le visage difforme du Fantôme est elle aussi envisagée en couleur mais très vite, Lon Chaney s'y oppose et souhaite que l'on conserve un judicieux noir et blanc... Bien que le film se présente sous les meilleurs auspices et dispose d'arguments artistiques indiscutables, le succès n'est pas au rendez-vous. L'accueil réservé au film à l'issue des deux représentations est donc des plus froids. Universal décide aussitôt de réagir et contacte à nouveau Rupert Julian afin qu'il retourne de nombreuses séquences. L'homme s'atèle au travail mais bien vite, les désaccords avec l'équipe s'accumulent et il décide de claquer la porte.

Réalisateur de quelques métrages dix ans plus tôt, Lon Chaney prend sur lui de tourner quelques plans. La nature de ces plans reste toutefois inconnue et il semble impossible aujourd'hui de savoir s'ils subsistent dans les versions dites «définitives» du métrage… Quoiqu'il en soit, la relève arrive bien vite en la personne de Edward Sedgwick, un homme là encore très prolifique qui réalisera par la suite onze métrages en compagnie de l'acteur Buster Keaton. Sedgwick tourne donc quelques scènes supplémentaires, essentiellement dans le but d'étoffer l'histoire de différentes sous-intrigues. Cette seconde version du métrage n'aura guère plus de succès que la première et sa projection à San Francisco le 26 avril 1925 se soldera par une série de critiques bien peu flatteuses…

Bien décidée à ne pas laisser tomber l'affaire, la société de production Universal Studios tente un ultime remodelage de l'œuvre. L'histoire est donc cette fois épurée et nombre de traits d'humour ajoutés lors du second montage sont supprimés. Mais ce n'est pas tout puisque ce second remontage, comme les précédents, fait disparaître quantité de passages en couleur. Au final, il ne restera donc plus qu'une seule séquence, forcément marquante, qui est celle du bal auquel s'invite le Fantôme vêtu de rouge. La bande sonore est elle aussi modifiée et la partition de Gustave Hinrichs succède à celle de Joseph Carl Breil. Cette fois-ci, le résultat est applaudi et les projections faites à New York (6 septembre 1925) puis Hollywood (17 octobre 1925) sont de véritables succès. Ce montage sera donc la version définitive de 1925. N'allons pas croire cependant qu'elle est seule puisqu'en réalité, il existe deux déclinaisons de ce même montage. L'une en noir et blanc et l'autre tour à tour teintée en orange (séquences dans l'opéra), vert (dans les sous-sols), bleu (scènes extérieures de nuit) et même rouge pour un final des plus «chauds».

L'histoire du FANTOME DE L'OPERA ne s'arrête cependant pas à cette version muette d'un peu moins de 92 minutes puisque dès 1929, la Universal décide d'offrir la parole aux différents personnages du film. Un projet ambitieux qui nécessite là encore un remodelage global du métrage. C'est ainsi qu'on estime à plus de 40% la quantité de scènes qui seront retournées en version parlante ! Ceci n'est pas sans conséquence et, en fonction de la disponibilité des acteurs, certains rôles sont supprimés voire réinterprétés par d'autres. C'est ainsi que le personnage de Valentin, joué par John Miljan, disparaît totalement du film. Plus important, le Comte Philippe de Chagny ne sera plus incarné par John St. Polis mais par Edward Martindel. Mary Philbin reprendra même du service dans le rôle principal de Christine Daaé pour les besoins de quelques nouvelles scènes… Pour les 60% de métrage restant, c'est bien entendu la solution du doublage post-synchro qui sera retenue. Subsiste cependant un problème de taille : Lon Chaney, interprète du personnage central du film, n'est plus disponible puisqu'il est maintenant sous contrat d'exclusivité avec la MGM… La solution est donc radicale et la plupart des scènes montrant Lon Chaney bouger les lèvres seront supprimées. Pour les séquences où le Fantôme est hors champs, de dos ou n'est qu'une ombre, un doubleur se chargera de débiter les dialogues écrits pour l'occasion par Frank McCormack. Ajoutons pour finir que cette refonte de l'œuvre, plus longue de deux minutes environ, sera confiée aux bons soins de Ernst Laemmle qui n'est autre que le neveu de Carl Laemmle, grand ponte de la Universal et producteur dudit film…

Le disque ici est chroniqué est édité en France (et pays francophones) par KVP. Identique à la galette britannique éditée par Satanica, cette édition nous propose ne découvrir la copie «définitive» muette de 1925. Cependant, contrairement au disque Aventi chroniqué dans nos lignes, la copie ici offerte est teintée. Quatre teintes plutôt harmonieuses utilisées du reste à bon escient. Le contraste est aussi bon que sur l'édition Aventi et les défauts (griffures, brûlures etc.) sont les mêmes. En revanche, l'utilisation des couleurs rend par instants la lisibilité plus délicate. C'est le cas par exemple des séquences teintées en bleu sombres dans le but d'exprimer visuellement la nuit… Quoiqu'il en soit, difficile de trancher objectivement tant le choix entre le noir et blanc et le teinté relève de l'appréciation personnelle. La merveilleuse scène du bal nous permet en revanche trancher dans le vif. En effet, cette édition KVP enterre purement et simplement le disque Aventi via une définition très satisfaisante et des couleurs rendant clairement justice au travail de photographie réalisé par Charles Van Enger. Cette séquence du bal proposée par KVP ne souffre par ailleurs pas d'un changement de cadrage par rapport au reste du film comme constaté sur le disque Aventi

KVP
Aventi

Vous pensiez donc avoir l'édition française idéale ? Que nenni car d'autres soucis font leur apparition. Tout d'abord, l'image se trouve ici au centre d'un cadre noir plutôt imposant. Aucune perte d'image pas plus que de recadrage (le format original étant respecté) n'est à déplorer mais la sensation étrange de regarder le film par une fenêtre ne tarde pas à s'imposer.

Ajoutons par ailleurs que contrairement au disque Aventi, celui de KVP n'est pas sous-titré. Bien que les panneaux en anglais soient lisibles et rédigés dans un anglais simple, cela peut s'avérer pénalisant pour certains. La piste sonore est quant à elle proposée dans un mono clair qui, bien que daté, vous permettra de découvrir cette œuvre magnifique qu'est LE FANTOME DE L'OPERA… Sur le plan éditorial, KVP fait quelques efforts et nous gratifie de la filmographie des acteurs Lon Chaney, Mary Philbin et Norman Kerry ainsi que celle du réalisateur Rupert Julian. Ces filmographies, relativement complètes, se présentent sous la forme de pages fixes à faire défiler via des boutons «Previews» et «Next ». A cela s'ajoutent cinq galeries photos nous proposant de découvrir les différentes affiches et visuels associés au film, les photos d'exploitation du film, des photos de tournage, quelques images retraçant la construction des décors et pour finir quelques captures d'écran de la version teintée. Des bonus à vrai dire peu pertinents mais qui ont au moins le mérite d'exister. Pour en finir avec ce petit tour d'horizon, ajoutons que KVP fait très fort avec une jaquette bourrée de fautes de langage et d'orthographe. Pire encore, celle-ci annonce une salve de suppléments (scènes ajoutées entre autres) qui ne sont bien entendu pas présentes…

En conclusion, il semble bien difficile de se décider pour l'une ou l'autre des éditions françaises puisqu'elles sont toutes deux proposées à un prix dérisoire mais sont pénalisées par d'importants défauts... L'acheteur tranchera donc au regard des informations fournies dans ces quelques lignes.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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Un disque non adapté au marcher français
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L'édition vidéo
PHANTOM OF THE OPERA DVD Zone 0 (France)
Editeur
KVP
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 0)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.33 (4/3)
Audio
Silent Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
      • Filmographies
      • Lon Chaney
      • Mary Philbin
      • Norman Kerry
      • Rupert Julian
    • 5 galeries photos
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