La femme de Jamie meurt de façon atroce après qu'il ait reçu une marionnette d'un expéditeur anonyme. Ces deux faits lui rappellent la légende entourant Mary Shaw, une ventriloque ayant vécu dans sa ville natale de Ravens Fair et qui était mêlée à une série de disparitions d'enfants. Il y retourne pour y enterrer sa femme et pour tenter de démêler le mystère entourant son décès, mais le spectre de Mary Shaw continue de hanter la petite ville…
Trois ans après SAW, James Wan nous confirme le talent que l'on avait deviné dans son premier long métrage, réussi mais perfectible. Pour le deuxième et troisième opus de la franchise, il était passé producteur exécutif tandis que son partner in crime Leigh Whannell était resté à son poste initial de scénariste. Ici, les deux comparses s'associent de nouveau pour nous livrer une histoire de revenant plutôt classique sur le fond mais terriblement efficace sur la forme. Visuellement sublime et techniquement irréprochable, Wan se sert de nombreux procédés ayant déjà fait leurs preuves au département frayeurs et l'on ne peut que constater que tout cela fonctionne à merveille.
Pour sa première œuvre, Wan avait placé la majeure partie de l'action dans un endroit réduit (une salle de bains crasseuse que l'on n'est pas près d'oublier). Cette fois, il agrandit son décor pour englober une petite ville mais le côté claustrophobe n'est pas pour autant délaissé – bien au contraire. De la ville, on n'en voit pas grand chose, d'ailleurs, si ce n'est le cimetière – terrifiant avec toutes ces tombes d'enfants ; la maison familiale de Jamie – une bâtisse victorienne sombre, froide et sans joie à l'image de son enfance ; la morgue – habitée par un vieillard superstitieux et sa femme qui garde un corbeau empaillé avec elle et enfin, l'ancienne demeure de Mary Shaw, un endroit aussi immense que lugubre situé sur une île. L'action se déroule essentiellement entre ces quatre lieux dont chacun comporte sa propre histoire individuelle chargée d'émotions en grande partie négatives.
L'ambiance est oppressante dans ce lieu isolé fait de secrets, de rumeurs et de faux semblants où tout le monde vit replié sur lui-même et semble protéger quelque chose ou quelqu'un jusqu'à en devenir suspect. Jamie cherche une vérité que les habitants connaissent mais dont ils refusent de parler, une vérité qui n'a de cesse de les poursuivre et dont tous n'échapperont pas indemnes. En effet, dans cette petite ville s'est déroulé un drame dont tous sont responsables et comme toute victime qui se respecte, Mary Shaw n'entend pas reposer en paix avant d'avoir accompli sa vengeance.
Bien qu'il soit le seul suspect du meurtre de sa femme, la police laisse Jamie partir. Cependant, un flic mou mais persistant va le suivre à la trace bien que sa présence ne soit pas d'un grand secours au jeune homme. Le policier est campé par Donnie Wahlberg, un revenant de la franchise SAW. Mis à part un rasoir électrique qu'il emmène partout, le personnage n'est pas caractérisé par grand chose mais il a au moins le mérite de laisser le bénéfice du doute à Jamie. Du côté de sa famille, nous trouvons son père, Edward, joué par Bob Gunton (Les séries télé NIP/TUCK ou DESPERATE HOUSEWIVES), un homme affaibli par une attaque cérébrale et réduit à passer sa vie en fauteuil roulant sous la supervision de sa nouvelle femme, la jeune et belle Ella. Très bien interprétée par l'ex-mannequin Amber Valletta (LE TRANSPORTEUR 2…), elle accueille son beau-fils de façon curieusement chaleureuse et comme c'était à prévoir, elle n'est pas tout ce qu'elle paraît.
Dans le rôle de Mary Shaw, il fallait une femme très particulière, autant physiquement qu'au niveau de son jeu. C'est chose faite avec Judith Roberts (la série télé NEW YORK DISTRICT), une actrice envoûtante et menaçante tout à la fois. Elle a bien sûr les maquilleurs à remercier pour ce design absolument terrifiant mais dans les passages où elle est au naturel, elle possède un côté très classieux et n'a même pas besoin de parler pour faire passer toutes les émotions de cette artiste ventriloque drôlement perturbée. A noter que l'actrice participe également au prochain film de James Wan, le très attendu DEATH SENTENCE.
En plus d'une photographie quasi parfaite, un grand travail a également été réalisé sur la bande sonore. A chaque fois qu'un événement étrange survient, les sons alentours ralentissent jusqu'à s'arrêter complètement et ne reprendre brusquement qu'une fois le danger passé. Wan n'en abuse pas ce qui fait qu'on a tendance à l'oublier avant la prochaine utilisation, ce qui est franchement déroutant. A cela s'ajoute le score atmosphérique de Charlie Clouser, un autre revenant de la franchise SAW ayant également composé le score de RESIDENT EVIL : EXTINCTION.
Il va de soi que cette fois, les marionnettes ont une importance capitale dans l'histoire au lieu d'être juste un gimmick comme dans SAW (on aperçoit d'ailleurs la marionnette de la franchise vers la fin, dans la demeure de Mary Shaw, durant une longue séquence tétanisante). Pour ne pas trop en dévoiler, nous dirons juste que l'apparence a une importance primordiale dans DEAD SILENCE et qu'elle recouvre de nombreuses formes…
Le film vous est proposé dans son format 2.35 d'origine, avec un transfert 16/9 auquel nous n'avons pour ainsi dire rien à reprocher. Les noirs sont profonds et les couleurs sont sombres, restant dans les tons bleus-noirs avec toutefois de nombreuses touches de rouge, la couleur préférée de Wan.
Le son se présente en anglais et sur une seule piste avec un 5.1 dynamique et très efficace. Et bien que cette édition soit un Zone 1 (américain), le spectateur français sera ravi de savoir qu'elle contient un sous-titrage français (et aussi de l'espagnol pour les adeptes de cette jolie langue).
La partie suppléments est sympathiquement fournie sans être renversante et la première chose que l'on constate, c'est qu'il manque un commentaire audio des créateurs sur le film. Un commentaire aurait également été le bienvenu pour accompagner les trois premiers modules. Mais gageons que cela fera peut-être partie d'une éventuelle future édition…
La scène d'ouverture alternative dure un peu plus d'une minute trente et l'on voit une mère raconter la légende de Mary Shaw à son enfant un soir d'orage. Et après, on râle quand ils nous réveillent au milieu de la nuit après avoir fait un cauchemar ! La fin alternative est un peu plus longue et court sur presque quatre minutes. Elle fonctionne bien mais est beaucoup moins efficace que celle choisie pour le film. Passons aux scènes coupées qui sont au nombre de trois, sans titres ni cartons explicatifs et à regarder en continu sur près de quatre minutes. Nous ne saurons toutefois jamais pourquoi elles ont été coupées…
Le Making Of s'avère beaucoup plus intéressant et dure presque douze minutes. Il y a des interventions d'un grand nombre de participants, dont Wan, Whannell, les acteurs, les producteurs et les créateurs d'effets spéciaux. On se promène sur le tournage, dans les coulisses et sur les scènes en préparation et le résultat est un module bref mais plutôt complet.
Les secrets de Mary Shaw concerne juste ce personnage. Sur près de sept minutes, le module fait le tour de la légende fictive, du casting, de la préparation de l'actrice pour son rôle et du maquillage qui dura quatre heures quotidiennement. Ensuite, nous avons l'Evolution d'un effet visuel qui se concentre sur la progression d'une seule scène à partir du « brouillon » créé en 3D jusqu'aux images finales dans le film. Cela dure près de quatre minutes et s'avère très intéressant. Cette fois, les cartons explicatifs sont là pour nous donner plus d'explications. Et nous terminons cette édition par la vidéo musicale du groupe Aiden, « We sleep forever ».
Pour son deuxième film, point de doute, James Wan joue désormais dans la cour des réalisateurs sur qui il faudra compter pour insuffler un peu de renouveau dans le genre. Tout comme dans SAW, Wan et Whannell démontrent qu'ils ont tout compris des mécanismes de la frayeur et qu'ils savent exactement sur quels boutons appuyer pour infliger le pire aux spectateurs qui n'auront de cesse d'en redemander.