Film culte par excellence, BAD TASTE n'a pourtant pas encore
connu les honneurs d'un DVD digne de ce nom. Tout du moins, c'est ce
que l'on croyait jusqu'à maintenant. En effet, vous n'êtes pas sans
savoir qu'il existe une version du film sur DVD au Canada. Il s'agit
d'un disque Zone 1 ce qui peut poser un problème à ceux qui n'ont pas
un lecteur capable de lire autre chose que des disques de la seconde
zone. Ensuite, le disque en question ne présente rien de plus que le
film sans aucun sous-titrage et aucune autre langue que la version originale.
Ce qui rebutera une bonne poignée des autres candidats en lice pour
l'acquisition de ce film. Enfin, de notoriété publique, l'image de ce
disque est assez moyenne. En attendant une éventuelle sortie française,
voici donc le moyen de patienter avec la deuxième édition du film existante
sur DVD !
C'est en Espagne que l'on peut mettre la main sur une édition fort honnête de BAD TASTE. Le prix étant très abordable si l'on excepte les frais de port que nous avons payés en passant par DVD GO. Si l'image y est présentée de manière plein cadre, il faut se souvenir que le film a été rarement (jamais ?) diffusé en vidéo dans son format d'origine (1.66). Pour mémoire, le film a été réalisé dans des conditions pour le moins amateur par Peter Jackson. Tournant le film au gré de ses week-ends et jours de congés en compagnie de ses amis, le réalisateur utilisa une caméra 16mm. Pour sa projection en salles, la copie finale fut gonflée en 35mm. Ces petites précisions pour bien comprendre qu'il serait un peu stupide d'attendre une image cristalline. L'image délivrée par le DVD espagnol est, en fait, assez surprenante sans être géniale. Certains plans ont un léger grain mais l'ensemble est assez bien défini.
Malgré l'indication de la jaquette, les deux bandes sonores présentées sont en Mono et non pas en Stéréo. Le son n'a pas été retouché et présente un léger souffle ainsi qu'un rendu plus ou moins criard. Le sous-titrage n'aidera pas forcément dans le sens où pas mal d'expressions utilisées n'ont pas un sens évident si vous avez appris l'anglais avec une méthode traditionnelle. De plus, certaines d'entre elles sont d'ailleurs typiques du pays d'origine du film : la Nouvelle Zélande.
Le disque propose des suppléments
qui sont tous en espagnol. Il s'agit en fait de notes succinctes sur
le film, d'une biographie du réalisateur et d'une galerie de photos
se résumant à une page ! Cette dernière présentant des pochettes vidéos
et CD audio du film mais sans aucune possibilité d'agrandissement.
Le DVD, c'est bien mais BAD TASTE, c'est quoi ? Simplement le tout premier film de Peter Jackson. Réalisé comme nous l'avons déjà vu avec des bouts de ficelle. A l'origine, il s'agissait simplement de tourner un court métrage et puis, en raison de l'enthousiasme, l'aventure continua pour aboutir à un long métrage. Même à présent, pas mal d'effets gore, fabriqués par le réalisateur, n'ont rien à envier aux productions d'aujourd'hui. Autofinancé (ou presque), l'auteur et ses copains ont bricolé un film sans se soucier des limites. Chacun cumulant les postes et les rôles (le réalisateur en tient deux). Le résultat, BAD TASTE, ne ressemblait alors à rien de connu. Mélangeant des gags hilarants et des séquences gore outrancières, on suit les aventures improbables et parodiques d'une équipe gouvernementale secrète qui enquête sur un débarquement d'extraterrestres dans une petite ville côtière. La population a disparu et seule une bande de dégénérés arpente les rues en quête des derniers êtres humains. Bien vite nos héros découvriront la raison de la présence de ces êtres d'une autre planète mais nous n'en dirons pas plus. Pendant quelques temps, BAD TASTE était devenu le film le plus gore et innovateur dans le genre jusqu'à ce que son réalisateur ne signe l'oeuvre ultime : BRAINDEAD... Après laquelle il était impossible d'aller plus loin (?). En tout cas dans la surenchère puisqu'il s'agit dans les deux cas de véritables comédies qui s'affranchissent des limites du gore par l'humour. Les mêmes débordements traités avec sérieux donneraient des films assez insupportables ! Pour prendre un exemple, même avec l'âge et sans véritables effets gore, un film comme MASSACRE A LA TRONCONNEUSE met plus mal à l'aise que BAD TASTE. Ce dernier rend d'ailleurs un vibrant hommage à Leatherface, le décérébré à la tronçonneuse, dans une scène finale où Derek se fait un costume à base de peau extraterrestre.
En fin d'année, LE SEIGNEUR DES ANNEAUX sortira sur nos écrans et devrait normalement consacrer Peter Jackson. Un décalage énorme avec ses premières amours. Il y a fort à parier que la promotion de la grande fresque de Tolkien ne se basera pas sur un passé aussi délirant et crade. Au contraire, nous, on se délecte de voir qu'à force de volonté et, en marge du système, un type peut réaliser des choses aussi différentes et réussies que MEET THE FEEBLES, CREATURES CELESTES ou LE SEIGNEUR DES ANNEAUX.