Header Critique : CARNOSAUR 3

Critique du film et du DVD Zone 2
CARNOSAUR 3 1996

 

Les films novateurs à grand budget ont souvent ouvert la voie à une multitude d'avatars plus ou moins réussis. Dans le cas des dino-movies, on ne sait pas trop si on doit remercier Steven Spielberg pour son JURASSIC PARK ou le coller au coin avec un bonnet d'âne sur la tête. Les métrages où batifolent des bébêtes à écailles de tout genre et de toute taille existent depuis des lustres mais le genre s'est quand même pris une injection survitaminée suite aux aventures affolantes dans le parc d'attraction précité. Les résultats non exhaustifs vont de sympathique (KOMODO) aux ridicules mais amusants CARNOSAUR et RAPTOR, pour enfin se planter en beauté suprême avec la dernière addition en date, l'insauvable PTERODACTYLES.

Ici, point de reptiles volants en vue. Comme son titre l'indique, nous avons droit aux espèces carnivores sous forme de deux velociraptors et d'un T-Rex. Enfin, c'est ce qu'une illustre femme docteur nous dit et on veut bien la croire si au moins on avait le droit de voir les-dites créatures de temps en temps. Mais résumons d'abord la chose. Un convoi de l'armée est attaqué par des terroristes qui aimeraient voler l'uranium transporté. Mais saperlipopette, voilà-t-il pas que le gouvernement a menti à tout le monde ! Au lieu d'uranium, le convoi cachait des dinosaures génétiquement modifiés et cryogénisés (tout de suite, les grands mots !). Les bestioles vont alors dégeler à la vitesse de l'éclair et bien sûr, elles ont faim.

La jaquette proclame fièrement que ce «CARNOSAUR 3 clôt avec brio la fantastique saga produite par Roger Corman». Tout amateur du genre qui se respecte aura sans doute la même réaction que nous à la lecture de cette phrase pondue par une équipe publicitaire de choc : Le fou-rire suivi par une consternation complète. Dans nos souvenirs lointains, les deux premiers opus n'ont jamais atteint le même niveau brillant que d'autres sagas plus connues, au hasard celle d'ALIEN, mais passons. Si ça se trouve, nous serons surpris du résultat et on ne demande que ça, d'ailleurs. Au diable, les préjugés infondés !

Sauf que… Qui dit Roger Corman dit également petit budget pour un tournage dont le nombre de jours se compte sur les doigts des deux mains (voire parfois une seule). Et force est de constater que certains réalisateurs ne sont vraiment pas inspirés par le manque de moyens, j'ai nommé Jonathan Winfrey, un ancien de l'écurie Corman avec beaucoup de séries TV à son actif. Bon, Jonathan, on s'excuse mais franchement, tu devrais te trouver un autre métier. Tes cadrages sont inexistants et le fait de tilter la caméra de quelques degrés ne provoque pas un effet boeuf plein de suspense mais juste un torticolis au spectateur qui se demande pourquoi personne n'a remarqué que le pied de l'appareil était défectueux. Tu as des enfants ? Non parce qu'on dirait que ta technique a été apprise en étudiant scrupuleusement ces petits schémas que l'on retrouve dans ces oeufs surprise en chocolat dont les petits raffolent. Nous sommes désolés de t'imposer cette dure épreuve mais tu sais, parfois les mauvaises intentions peuvent en cacher de bonnes et nous aimerions juste te voir réussir quelque chose dans ta vie. En dehors d'un plateau de tournage, s'entend.

Et pourquoi as-tu choisi des acteurs dont il est impossible de différencier les hommes des femmes ? Evidemment, vu le niveau des dialogues qui, de toute évidence, ont été improvisés sur place, nous pouvons comprendre certaines de leurs difficultés à exprimer la bonne émotion mais cela n'excuse pas tout. Par contre, pour ton héros, t'as fait mouche avec Scott Valentine ! Les plus perspicaces des spectateurs l'auront peut-être vu dans l'un de ses nombreux téléfilms ou alors dans THE UNBORN II (alias NE POUR TUER en vidéo) mais si le bellâtre ne vous a pas laissé de souvenir impérissable, jetez un coup d'oeil à sa performance ici. Sa photo mériterait de figurer dans le dictionnaire sous la définition du «Héros Américain» : Droit, fier de servir son pays sans sourciller ni poser de questions et prêt à se sacrifier pour le devoir. Scott devient le colonel Rance Higgins, véritablement habité par ce rôle intense d'homme dont la constipation chronique lui a ôté toute capacité à sourire ou se détendre (enfin, c'est ce qu'on dirait, nous ne présumons pas savoir quoi que ce soit sur sa vie privée). Et au cas où on l'aurait oublié, le colonel nous rappelle à l'ordre toutes les cinq minutes avec ses paroles tonitruantes concernant «l'extrême danger de la mission et de ces créatures». Ouf !

Et comme un problème ne vient jamais seul, on t'a également imposé John Carl Buechler aux effets spéciaux. Mais, Jonathan, enfin, une vue subjective des dinosaures en négatif n'est pas crédible pour un sou. On ne pense pas à PREDATOR en voyant ça, on se dit juste que l'équipe s'est amusée avec les filtres du logiciel. Et quand un dinosaure attaque – oui, bon, on n'a pas la possibilité d'avoir des exemples concrets sous les yeux vu qu'ils se sont éteints mais on connaît quand même la taille de leurs dents – donc quand une telle bestiole a faim, les dégâts sont affreusement salissants. Les membres seraient violemment arrachés et le sang giclerait en geysers jouissifs alors pourquoi ne voit-on rien d'autre qu'une ou deux flaques par terre et une jambe en plastique coupée net ? Les dinosaures génétiquement modifiés auraient-ils appris à se servir de couteaux tranchants et à manger proprement ? Ou encore à asperger les murs de sang contenu dans un pistolet à eau ? Ah mais non, ce ne sont pas des vrais dinos mais juste des volontaires en costume, ha ha ! Il aurait mieux valu durcir la mousse, alors, parce que quand l'une des bestioles se fait coincer dans une porte, on s'attend à l'entendre couiner comme un jouet pour chien. Il faudrait aussi expliquer à Buechler qu'un T-Rex, c'est grand dans le sens énorme.

Les braves soldats passent le temps comme ils peuvent à rechercher les dinosaures. Et ils cherchent… et cherchent… et cherchent encore un peu. Le spectateur ne peut qu'assister ébahi à son propre ennui autant qu'à leur niveau d'intelligence collectif qui ne doit pas dépasser le quotient intellectuel d'une larve. Le plus étonnant est qu'ils ont l'air de n'avoir jamais pris de leçons de tir ce qui est tout à fait incompréhensible lorsqu'on manie des lance-grenades. La menace des Casimirs ne devait pas être bien convaincante sur le plateau.

Tout ceci ne présage rien de bon pour ceux de nos lecteurs bienheureux qui n'ont pas encore découvert cette fantastique saga, nous en sommes conscients, mais parfois, nous nous devons aussi de les mettre en garde. Alors, si ces quelques mots sur le fond ne vous ont pas encore persuadés d'éviter ce film comme la peste, enfonçons le clou avec la forme. L'image est présentée dans un 4/3 d'une laideur exemplaire. Elle ne comporte pas de défauts notables (normal, nous avons eu l'honneur de l'édition Prestige avec restauration numérique !) mais elle n'a absolument aucune saveur. Les couleurs sont ternes, la profondeur de champ n'existe pas et aucun décor n'est exploité de façon juste décente.

Les pistes sonores sont au nombre de deux, doublage français ou anglais sous-titré, et rivalisent de platitude avec les dialogues. Les sous-titres ont l'air d'appartenir à un film différent quand ils ne sont pas simplement manquants. Parfois, la traduction frise carrément le surnaturel – ainsi, le colonel Rance devient Hans (…) et «a lizard on steroids» devient «un lézard astéroïde»… Le plus grave est que ces erreurs n'ajoutent même pas quelques grammes d'humour dans ce film qui n'en possède aucun.

La section suppléments est tout un programme également puisque nous avons droit à une bande annonce et une interview de Roger Corman. Ah, chouette, qu'on se dit, c'est toujours sympa d'entendre parler le producteur légendaire de près de 400 films et encore en pleine forme cinématographique. Nous cliquons sur le menu et là, hallucination totale devant un texte déroulant étant paru dans Les Années Laser. Cruelle déception et on n'apprend absolument rien que l'on ne savait pas déjà, les questions étant même souvent plus longues que les réponses. Heureusement, il reste encore la bande annonce d'ATTACK OF THE CRAB MONSTERS dont les 2 minutes en N/B sont bien plus sympathiques que CARNOSAUR 3 en entier.

Nous aurions aimé terminer en beauté en vous encourageant malgré tout à investir dans cette galette sans prétentions, mais malheureusement, ce n'est pas possible. Vous voilà prévenus.

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
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L'édition vidéo
CARNOSAUR 3 : PRIMAL SPECIES DVD Zone 2 (France)
Editeur
Bach
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h18
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Interview sous forme de texte de Roger Corman
    • Bande-annonce
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