HALLOWEEN III, très mal reçu par la critique américaine lors de sa sortie en 1982, recueille des recettes inférieures à celles de HALLOWEEN II. Déçus que cette tentative de renouveler la série ne marche pas, John Carpenter et Debra Hill abandonnent alors la saga, tout comme Dino De Laurentiis dont la compagnie produisit HALLOWEEN II et HALLOWEEN III. Les années passent, durant lesquelles les aventures sanglantes des VENDREDI 13, cycle lancé avec succès dans le sillon du premier HALLOWEEN, rencontrent un confortable succès comme ses suites se multiplient (1988 est marqué par la septième livraison !). Qui plus est, sur le front du slasher, un petit nouveau, Freddy Krueger, casse la baraque avec LES GRIFFES DE LA NUIT, puis avec ses trois premières "sequel".
Paul Freeman, producteur avisé, juge pertinent de relancer la saga HALLOWEEN, en ramenant sur le devant de la scène le serial killer Michael Myers. Moustapha Akkad, homme de cinéma d'origine syrienne, co-producteur des trois premiers HALLOWEEN et seul détenteur des droits de la série à ce moment, se laisse tenter par le projet. Dwight H. Little, un metteur en scène ayant derrière lui quelques films d'action, se voit attribuer sa réalisation tandis que, de la distribution des deux premiers films, seul subsiste Donald Pleasence, interprète du docteur Loomis, personnage qui est à Michael Myers ce que Van Helsing est à Dracula ! George P. Wilbur, un cascadeur de formation, devient le troisième interprète du tueur au masque blanc.
Dans la seconde moitié des années 80, la commission de classification américaine se montre d'une sévérité inflexible quant aux films d'horreur. Les titres de la série VENDREDI 13 doivent subir de nombreuses coupures pour bénéficier du label "Restricted". Pour éviter de tels ennuis, les producteurs de HALLOWEEN 4 réclame à Little un film relativement peu violent. Néanmoins, ils sont déçus par le résultat final qu'ils jugent excessivement timide. Ils demandent alors à John Carl Buechler, spécialiste des effets spéciaux (FROM BEYOND…), de tourner en vitesse quelques plans gore afin de les insérer au métrage.
Michael Myers a survécu au terrible incendie qui dévasta l'hôpital d'Haddonfield la nuit d'Halloween au cours de laquelle il massacra une dizaine de personnes. Mais son état est maintenant celui d'un grand brûlé plongé dans un état végétatif. Au cours d'un trajet en ambulance, il se réveille et parvient à s'évader. Désormais, le maniaque dédie son existence à l'accomplissement d'un seul objectif : retrouver et tuer sa nièce Jamie Lloyd, la fille de sa soeur Laurie Strode. Aussitôt prévenu de l'évasion, le docteur Loomis part à la recherche du dangereux fugitif.
A la fin de HALLOWEEN II, une énorme boule de feu ravage la pièce dans laquelle s'affrontent Michael Myers et le docteur Loomis, ce métrage s'achevant ainsi sur un dénouement apocalyptique ne laissant guère d'espoir quant à la survie de ses deux principaux protagonistes. Et pourtant, dans cet HALLOWEEN 4, nous les retrouvons, bien vivants, quelques années plus tard. Myers, plongé dans le coma est considéré perdu, alors que Loomis s'en est sorti avec quelques cicatrices et séquelles. Bien décidé à ne pas décevoir les amateurs du premier volet, les auteurs de ce nouvel épisode reprennent avec fidélité quelques uns de ses plus célèbres éléments. Michael, une fois en cavale, s'empresse de se trouver une belle combinaison de garagiste, un long couteau bien tranchant et un masque de William Shatner. Puis il retourne à Haddonfield pour la nuit d'Halloween. Là-bas, il va harceler Rachel alors que celle-ci joue la baby-sitter pour la petite Jamie (laquelle revêt, pour cette fête, un costume identique à celui que Michael portait le jour où il poignarda sa soeur aînée). Pendant ce temps, Loomis tente désespérément de localiser et d'arrêter le maniaque dans la ville.
Bref, les vieilles recettes répondent "présent" à ce rendez-vous de l'horreur. Tout en respectant un canevas traditionnel, HALLOWEEN 4 parvient aussi à apporter quelques renouvellements intéressants. Alors que, dans HALLOWEEN II, nous apprenions que Laurie Strode est la soeur de Michael et que celui-ci tient absolument à la tuer, le maniaque revient ici pour poignarder Jamie, la fille de Laurie Strode, cette dernière étant décédée prématurément et n'apparaissant pas dans ce quatrième épisode. Contrairement au Jason Voorhes de base, Myers bénéficie donc de motivations, d'un objectif, certes simple, autour duquel peut s'articuler un minimum du suspense. En ce qui concerne l'action elle-même, quelques variantes intéressantes viennent enrichir les péripéties classiques. Nous repérons ainsi une intéressante poursuite sur le toit d'une maison, ou encore l'organisation, par les citoyens en colère, d'une milice anti-Myers.
HALLOWEEN n'était pas seulement une simple histoire d'épouvante. Il s'agissait aussi d'un admirable exercice de mise en scène, se distinguant particulièrement par l'usage du format scope, par une inquiétante photographie nocturne et par l'emploi du système Panaglide. Or, HALLOWEEN 4, tourné dans un format panoramique 1.85 tristounet, s'avère visuellement assez morne. La réalisation, certes appliquée, donne trop souvent dans la banalité et dans l'effet de surprise éventé. S'il paraît un peu léger de reprocher à ce film son absence de gore (quasiment absent du premier volet, rappelons-le), sa mollesse ennuie tout de même, tout comme la fadeur générale de l'interprétation (excepté Pleasence incarnant un Loomis toujours aussi inefficace, mais de plus en plus illuminé !).
Respectueux de la saga, HALLOWEEN 4 est donc un slasher convenable, n'ayant pas d'autre prétention que d'offrir un divertissement horrifique honnête aux amateurs de ce genre. En fin de compte, lors de sa sortie américaine en 1988, HALLOWEEN 4 rencontre un petit succès, même s'il est loin d'atteindre les résultats obtenus par un LE CAUCHEMAR DE FREDDY distribué à la même époque. Sur les écrans français, il arrive un peu en retard, au cours de l'année 1990. Entre-temps, Moustapha Akkad a eu le temps de produire un HALLOWEEN 5…
Pour HALLOWEEN 4, le DVD le plus prestigieux a été publié par Anchor Bay, aussi bien aux USA (zone 1, NTSC, notamment dans une édition collector présentée sous la forme d'une boîte métallique) qu'en Grande-Bretagne (zone 2, PAL). Malheureusement, aucun de ces disques ne propose de sous-titres ou de pistes en français.
En France, Opening a sorti un DVD de HALLOWEEN 4 aujourd'hui disponible à très bas prix, individuellement ou au sein d'un coffret regroupant les cinq premiers films de la série.
Ici, HALLOWEEN 4 bénéficie ici d'une copie acceptable, retranscrivant fidèlement le format 1.85 dans lequel il doit être projeté (et avec option 16/9). Difficile, toutefois, de ne pas remarquer quelques poinçons de fin de bobine ou des scènes sombres aux contrastes grossiers, bien que cela ne s'avère, en pratique, jamais très gênant.
Pour les options sonores, nous trouvons une piste anglaise "ultra-stéréo" d'origine, assez réussie, et une piste française mono codée sur deux canaux, acceptable. Un sous-titrage français amovible accompagne le tout.
Les suppléments se limitent à un texte consacré aux vrais "serial killers" (amusant…) et à une sélection d'extraits nommée "La saga d'Halloween", sélection accompagnant les cinq disques de la saga chez Opening.
Moins complète que les dernières éditions Anchor Bay (qui contiennent une bande-annonce et un petit documentaire sur le film), cette édition n'en est pas moins une manière économique et francophone de découvrir la quatrième partie des méfaits du tueur d'Halloween.