Header Critique : MONSTER MAN

Critique du film et du DVD Zone 2
MONSTER MAN 2003

 

Deux amis, Adam et Harley, traversent le fin fond des Etats-Unis en voiture. Soudain, ils sont poursuivis par un monster truck, conduit par un être hideux au possible. La chasse révélera bien des surprises à nos deux compères.

L'idée derrière MONSTER MAN était de réaliser un film d'horreur différent des sorties récentes. En effet, on se trouve ici en pleine comédie d'action horrifique, le métrage mêlant de façon très réussie ces trois éléments. Bien que Michael Davis soit un habitué des «Teen sex comedies» (EIGHT DAYS A WEEK, 100 GIRLS, GIRL FEVER inédits en France), ses premiers pas dans l'horreur sont tout à fait convaincants. Son expérience de la comédie "dramatique" donne une dimension supplémentaire au film qui développe quelques idées sérieuses comme la crainte de se déclarer ou l'acte amoureux avec toujours un petit clin d'oeil et sans verser dans le sentimental sirupeux.

Les toutes premières images nous montrent un homme dont la tête se fait écraser dans un étau. Mais au lieu d'embrayer sur un semblant d'explication, Davis nous emmène dans une voiture où deux amis se chamaillent gentiment. On se dit que le réalisateur ne sait pas lui-même où il va, mais restez avec nous, tout deviendra clair comme de l'eau de roche. La première tension se fait ressentir avec l'arrivée d'un corbillard. Le conducteur ne présente aucune hostilité apparente mais les vitres noires et sa façon de rouler à côté de la voiture d'Adam et Harley, comme pour les jauger, suffisent à nous replonger dans l'appréhension face à l'inconnu. Le véhicule fera d'autres apparitions plus subtiles, la menace planant alors de façon sous-jacente sur le métrage.

On pense tout de suite à d'autres films comme DUEL, JEEPERS CREEPERS ou encore UNE VIREE EN ENFER qui se basent sur la même idée du prédateur dissimulé à l'intérieur d'un véhicule mystérieux. Mais là où ces métrages se concentrent uniquement sur le suspense ou l'horreur, on reste ici dans un registre comique. Les bagarres enfantines, les jeux à se faire peur avec le masque de Michael Myers (HALLOWEEN) ou les blagues sous la ceinture sont légions. Puis, sans avertissement, on bascule dans l'épouvante avec un cadavre décapité ou une poursuite tétanisante. Mais ces constants revirements contribuent à accrocher le spectateur qui se demande sans cesse ce qui va se passer par la suite. Il ne sera pas déçu avec l'arrivée rutilante de la deuxième star du film, le fameux monster truck. Peu répandus en Europe, ces véhicules existent pour de vrai et font l'objet d'expositions, de courses affolantes ou encore de destruction publique aux Etats-Unis. A la base, c'est un véhicule tout terrain dont le moteur a été boosté et qui est surtout monté sur des roues gigantesques. Ces modifications extrêmes en font de véritables géants mécaniques, dont la simple vue est effrayante.

Ici, le design du monster truck a été basé sur des véhicules allemands de la Première Guerre Mondiale ce qui lui donne une présence quasi démoniaque dans sa neutralité. Le bruit assourdissant de son moteur surpuissant achèvent de lui donner un côté lourd et sinistre qui ne dépareillerait pas dans un MAD MAX sous acides. Le conducteur est bien sûr invisible sous la carapace en fer rouillé mais ses intentions sont claires : attenter à la vie d'Adam et Harley. Une tension palpable s'installe dès lors ponctuée de quelques moments de frousse quand le monstre motorisé passe à l'attaque.

Une jolie auto stoppeuse va dévier l'attention de nos deux amis mais une engueulade débile les fera passer leur chemin pour l'instant. Elle finira cependant par les rejoindre après une rencontre flippante avec le Monster Man du titre, en chair et en os. Son apparition sera brève mais efficace et se déroulera dans un lieu des plus crasseux mais finalement assez approprié, le réalisateur jouant encore une fois sur l'humour.

Adam va tout de suite tomber amoureux de l'autostoppeuse. Mais sa maladresse avec les filles se répercute bien sûr dans ses dialogues, donnant lieu à un charmant «Tes yeux… Tes yeux ont la couleur de la bière…» On aura entendu mieux mais la belle Sarah ne semble pas s'en offusquer le moins du monde. Sa présence servira à installer une sorte de triangle amoureux où les deux compères vont s'abaisser à une humiliation mutuelle. Sarah va profiter de la situation pour donner quelques leçons de comportement à Harley, l'obsédé de service.

Le film va continuer son petit bonhomme de chemin entre l'humour et l'horreur, installant des gags bien graveleux (le chat écrasé…) ou en nous présentant ce bar perdu au milieu de nulle part, fréquenté par des estropiés. On devine les origines de leur handicap collectif mais malheureusement, cette idée n'est pas exploitée davantage laissant libre cours à l'imagination des spectateurs. Au lieu d'installer une ambiance pesante, Davis préfère exploiter un gag concernant l'obsession d'Adam avec le velcro. C'est très drôle mais quand même dommage en vue de la suite. Car la présence de ces estropiés n'a de toute évidence pas d'autre but que servir d'excuse à une scène gore du plus bel effet. A ce niveau, le réalisateur n'hésite pas à mettre le paquet mais uniquement lorsque cela sert à son histoire. Ceux qui s'attendent à un bain de sang et de tripes seront forcément déçus mais leur relative rareté rendent ces scènes d'autant plus efficaces qu'elles sont très bien réalisées. La compagnie d'effets spéciaux, Masters FX, s'est occupée entre autre de la confection des cadavres pour la série SIX FEET UNDER. Le résultat de leurs efforts est ici très convaincant jusque dans un final grand-guignolesque comme on les aime.

Ce qui nous amène de façon logique au look du Monster Man lui-même. On voit souvent des comparaisons du style «Plus terrifiant que Leatherface !» sur une affiche ou une jaquette mais à la vue du résultat, on rigole gentiment. Sauf qu'ici, cette expression galvaudée pourrait presque sonner juste tant le Monster Man est vraiment immonde et repoussant. Toute sa tête est de traviole, la peau recousue et agrafée pour ne pas se barrer dans tous les sens, les yeux bleu vitreux ont l'air d'avoir été enfoncés là où il y avait de place, les quelques touffes de cheveux graisseux pendent mollement et la démarche boîteuse et traînante donnent l'impression de membres disloqués qui peuvent se briser à tout moment. Une vision véritablement grotesque et épouvantable parfaitement reflétée par son véhicule tout aussi hideux.

Sous le lourd maquillage du Monster Man se trouve l'acteur Michael Bailey Smith, déjà un habitué des films d'horreur et autre (MEN IN BLACK 2, IN HELL de Ringo Lam). Il tiendra par ailleurs le rôle de Pluto dans le remake de LA COLLINE A DES YEUX.

Les autres acteurs principaux sont de relatifs inconnus par chez nous, mais néanmoins tous crédibles sans exception. Eric Jungmann (CONFESSIONS OF A DANGEROUS MIND, THE FACULTY) interprète Adam, un jeune homme pragmatique et réservé qui met son clignotant pour contourner un animal écrasé sur la route. Il va se transformer tout au long du film, passant du gars qui garde précieusement la photo d'une fille qui l'ignore à notre héros du jour. En contrepartie, nous avons Harley, obsédé du cul décomplexé et blagueur de bas étage (Justin Urich, qui a fait des apparitions dans CARRIE 2 : LA HAINE ou LA FAMILLE FOLDINGUE). L'alchimie parfaite entre les deux acteurs hors plateau se fait agréablement ressentir dans le film où on les imagine sans problèmes potes depuis l'enfance.

Dans le rôle de l'irrésistible donzelle en détresse, nous trouvons Aimee Brooks, qui a surtout fait des séries télé américaines et dont la seule apparition ciné qui pourrait nous intéresser jusqu'ici (…) s'avère être dans CRITTERS 3. Elle est blonde et très sexy en mini-jupe / bottes montantes, mais possède surtout un charme naturel imparable. Ce côté «Girl next door» façon Kirsten Dunst élève sa présence au-delà de la simple bimbo insipide dont le concept est si vieux qu'il avance à l'aide de béquilles. Elle aura droit à une scène d'amour touchante et amusante avec le timide Adam (qui eut cru que STAR WARS pourrait à ce point déchaîner les libidos ?) mais, désolée pour les curieux, on n'en verra pas plus de ses jolies formes, une clause de non nudité étant sans doute inscrite dans son contrat.

Sur le DVD, les bonus sont peu nombreux, en fait, ils se limitent à seulement deux : Une bande annonce et un Making Of d'une vingtaine de minutes. Mais ne boudez pas, le Making Of est excellent ! Il couvre le métrage en entier, de la genèse aux effets spéciaux en passant par un petit commentaire des différents participants. Michael Davis est de toute évidence un homme passionné et impliqué dans son travail jusqu'au bout. Et tout le monde l'adore, voir le passage très amusant où les compliments fusent de toutes parts, sans que l'on puisse y déceler la langue de bois habituelle. C'est drôle, c'est intéressant et le montage équilibré d'images du film, du tournage et d'interviews en font une featurette très satisfaisante malgré sa brièveté.
Il y a de quoi, tout de même, regretter l'absence d'une galerie de photos, des bouts de story-boards animés présents sur les éditions allemande et américaine tout comme l'absence du commentaire audio du réalisateur accompagné des deux acteurs principaux disponibles aux Etats-Unis.

Deux pistes audio en Dolby Digital 5.1 sont proposées pour le doublage français et la version originale mais on retrouve aussi une piste en simple stéréo uniquement pour la version française. cette dernière ayant cependant moins d'ampleur que les deux pistes en 5.1 au son impeccable et identique au niveau de la qualité. La bande originale aide à souligner de façon efficace les moments de frousse, et l'utilité des sons graves prennent toute leur signification lors des apparitions vrombissantes du monster truck. Le doublage est très bien fait et pour une fois, ne dénature pas les blagues douteuses.
A noter que l'on peut passer d'une piste audio à une autre en cours de visionnage et que les sous-titres sont debrayables à volonté, tant sur la version originale que le doublage français (donc, utilisable pour les malentendants). Toutefois, lors du visionnage en version originale, on sera surpris de voir apparaître un sous-titrage français sur un autre sous-titrage dans la même langue !

DVD allemand
DVD français

L'image en 4/3 manque un peu de définition et souffre surtout d'un emploi inutile de filtres oranges mais on ne peut pas imputer cela au transfert qui respecte à l'arrivée la vision du realisateur. Mais un grand effort a été fait au niveau de l'éclairage et des couleurs, surtout durant la dernière partie. Seul petits hics, le blocage d'image récurrent lors du passage d'une couche à l'autre (on peut difficilement le noter comme un défaut) mais aussi le non respect du format voulu par le réalisateur. Le film ayant été tourné dans l'optique d'une diffusion en 1.85 (dixit le réalisateur lui-même). Ici, nous avons donc un transfert plein cadre révélant plus d'image en haut et en bas comme on peut le constater en comparant avec le disque allemand. Ce dernier propose un transfert au format 16/9 qui semble issu de la même copie puisque de petits défauts de pellicule sont repris aux mêmes endroits (rares points blancs...).

Alors si vous aussi, vous aimez les bons cocktails humour-action-horreur, que les gags sur les chats écrasés vous font marrer, que les véhicules monstrueux vous font peur, que vous mourez de connaitre l'origine du mot Rosebud (CITIZEN KANE) et que les blondes mystérieuses vous attirent, ne ratez surtout pas MONSTER MAN qui est certainement le meilleur inédit vidéo à sortir cette année. Rires et frissons garantis dans ce métrage purement jouissif !

Rédacteur : Marija Nielsen
55 ans
98 critiques Film & Vidéo
On aime
L’humour graveleux de la chose
Le sérieux des passages horrifiques
Le Monster Man
Le Making Of
On n'aime pas
Des filtres colorés pas toujours utiles
Format cinéma non respecté
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L'édition vidéo
MONSTER MAN DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h31
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
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