Un apprenti Yakusa (Shirô Misawa, déjà vu dans STACY) noue une étrange relation avec une jeune hôtesse de téléphone rose. Cette dernière s'installant chez lui, c'est tout le rapport à la réalité qui se fausse chez ce garçon. Il est persuadé d'entendre par la voix de la fille des appels aux meurtres qu'il ne peut réfréner.
Naoyuki Tomomatsu s'est forgé un (petit) nom en signant le délirant STACY, un film de morts-vivants supra-gore à mi-chemin entre la parodie et la comédie sentimentale. Un effort à ce jour assez unique qui donne envie d'en savoir plus sur ce réalisateur culotté. EAT THE SCHOOLGIRL (alias OSAKA TELEHONE CLUB), son premier long-métrage, ne propose cependant pas d'aller dévorer de l'écolière nippone à la manière zombie mais d'une façon plus canailloux. Soyons clairs d'emblée, ce premier effort est avant tout un "Pinku" (un film érotique japonais), et préfigure en ce sens la tournure pornographique que prendra par la suite la carrière de Tomomatsu avant de revenir à un cinéma plus traditionnel avec STACY. EAT THE SCHOOLGIRL a beau mettre en scène des rapports simulés et prohiber la représentation d'organes génitaux, la crudité et la complaisance du titre le réserve néanmoins à un public adulte et averti.
EAT THE SCHOOLGIRL fait donc la part plus que belle à des scènes de fesses où l'intégralité du casting finit à un moment ou un autre à quatre pattes dans un lit (ou ailleurs). Des séquences redondantes filmées en pilote automatique, qui provoquent plus l'ennui qu'une quelconque sensualité. Tomomatsu ne limite pourtant pas ses ambitions à filmer de la chair entrelacée puisqu'il caviarde son film de gore crade ainsi que d'une bonne rasade de déviance sexuelle. La mécanique du récit est simpliste puisqu'elle suit les errances du héros serial-killer, des rapports plus ou moins consentants avec ses victimes féminines jusqu'à leur meurtre sauvage avec pour final, le clou, l'éjaculation du malade sur le stigmate sanguinolent. En tout point charmant !
Dégueulasse et provocateur, EAT THE SCHOOLGIRL l'est assurément. Le film ne nous suggère pas grand-chose, voire même rien du tout. Les fluides sont cadrés avec jubilation en gros plan, que ce soit les gouttes de sperme qui viennent s'écraser sur les plaies ou le vomi qui se déverse sur le corps semi-nue d'une femme tandis qu'elle se fait rouer de coups. Moment fort du spectacle, des yakusas prodiguent un lavement anal à une pauvre fille après l'avoir copieusement battue et violée. On imagine très bien la suite, toujours en gros plan !
Bien que simulées, ces séquences provoquent l'aigreur chez le spectateur. Ce dernier encaisse et encaisse, en espérant désespérément un discours, ou tout du moins un sens à ce EAT THE SCHOOLGIRL. Il n'y a malheureusement rien à en tirer outre la perversion conne dont il fait preuve. Tomomatsu n'est pourtant pas un gougnafier. Il parvient sans mal à poser une réelle ambiance, et ce dès les premières minutes, en refilmant certains plans depuis un écran de télévision puis en les réintégrant au film via un vrai travail sur le son. Soit un côté arts et essais qui parvient à créer un ton mi-onirique mi-agressif plutôt prometteur, mais qui se noie pourtant rapidement au fil des interminables et pathétiques scènes érotico-trash. Pour faire court, on s'ennuie plus que ferme à la vision de ce métrage ne dépassant pourtant pas les 60 minutes.
Il n'y a donc pas grand-chose à sauver de cette obscure bobine. La réalisation est certes parfois inspirée, mais le scénario nous perd très vite dans les méandres de ses "subtilités" sans nous laisser la moindre chance de compréhension (les rappels à l'enfance du héros notamment). Le traitement fait à l'énigmatique personnage féminin, qui donne les ordres meurtriers au héros, laisse là aussi pantois.
Ange ou démon (avec des petits plans où lui sont collées des petites ailes blanches histoire que ça n'échappe à personne) ? Muse immaculée ou chiennasse souffrant d'explosions de foufoune chroniques ? On n'ose même pas répondre à cette question au vu du traitement lamentable fait aux autres personnages féminins. On est donc bien loin des classiques du Pinku, comme la série des ANGEL GUTS fraîchement débarquée en dvd aux Etats-Unis, et qui savaient jusqu'alors orienter la représentation de la sexualité (qu'elle soit tordue ou non) autour d'une vraie ambition ainsi qu'un discours de cinéma.
A la surprise générale, EAT THE SCHOOLGIRL débarque en DVD via l'éditeur Japan Shock. L'image, non anamorphosée, est d'une médiocrité très curieuse. Cette dernière souffre de nombreux défauts de pellicules (poussières, marques...), et pourtant, on jurerait que le film a été tourné en vidéo au vu de la définition baveuse de l'ensemble. Le master a vraisemblablement dû traverser plusieurs supports pour arriver sur ce DVD. Le disque propose la version originale dans un stéréo d'origine au rendu étouffé, ainsi qu'un doublage en Allemand.
Les bonus sont très légers puisqu'ils se limitent à une galerie d'images arrêtées du film (quel intérêt ?) ainsi qu'une bande-annonce, visiblement créée par l'éditeur lui-même, dont la vision est tout bonnement insupportable suite à un habillage graphique très discutable. Enfin, notons tout de même l'effort de packaging ici fait, le boîtier DVD étant renfermé dans un fourreau en carton et bénéficiant d'un jeu de cartes postales promotionnelles présentant la comédienne principale dans le plus simple appareil (et sans censure nippone cette fois).
Si le cinéma japonais a une longue tradition d'érotisme atypique et parfois même déviant, il faut se rendre compte que l'on touche le fond du bidet avec ce EAT THE SCHOOLGIRL. Les premiers efforts du réalisateur du futur STACY ne changent rien à la bêtise de ce métrage dont la raison d'être est de traîner ses personnages féminins dans le sperme, le sang, le vomi et le caca. Au secours !