STREET TRASH narre l'errance de plusieurs personnages au sein d'un
quartier new-yorkais, Brooklyn, rarement vu aussi cradingue. Les personnages
principaux sont tous des sans-abri. Vivant avec les moyens du bord.
Les plus sympathiques se débrouillent en commettant quelques petits
larcins. Les plus extrêmes n'hésitent pas à tuer ou violer pour arriver
à leurs fins. Autant dire que l'univers dépeint ici est loin d'être
tendre. Justement, ça pète, ça rote, ça pue et c'est visuellement
crasseux. Jusqu'au-boutiste, rien ne nous est épargné ! On serait tenté
de se dire que Jim Muro
va un peu trop loin et pourtant la réalité est certainement assez proche
du microcosme affiché ici. Pourtant même si les évenements sont par
moments franchement abominables, l'humour est toujours présent. Impossible
de ne pas sourire lors des emplettes de Burt à l'intérieur d'un supermarché
où il finit par être pris à parti par une vieille dame bien pensante
puis par le gérant. Ainsi, de petites scènes de comédie légère
aux accents de vérité, on
passe aux pires exactions qui soient.
Film violent et extrêmement gore, il n'en fallait pas plus pour que l'on vous en parle. STREET TRASH apporte tout de même sa petite dose de surnaturel. Représentée ici par une boisson vendue à un prix défiant toute concurrence. Les clodos du coin se l'arrachent pour avoir leur dose d'alcool. Pas pour longtemps puisque le breuvage a un effet pour le moins décapant et explosif. Des morts suspectes qui mèneront sur les lieux un flic aux méthodes franchement radicales.
La base de STREET TRASH se trouve dans un court-métrage réalisé par Jim Muro pendant ses études. Le reprenant comme point de départ, lui et son producteur/scénariste, qui sera par la suite le réalisateur du documentaire sur la création de ZOMBIE (DOCUMENT OF THE DEAD), décident de mettre en boite un long métrage. Débute alors un tournage qui se déroule en fonction des rentrées d'argent. Les prises de vues étant parfois interrompues pendant plusieurs jours faute de moyens. La décharge n'a rien d'un décor puisqu'elle est réelle et appartient au père de Jim Muro. STREET TRASH à l'image d'un EVIL DEAD est réalisé avec les moyens du bord et des financements récupérés de manière irrégulière.
Jim Muro expérimentait à cette époque une nouvelle caméra : la steadycam. Auto-didacte avec l'engin, il est devenu à présent le spécialiste de ce systême. En jetant un oeil aux génériques des films Hollywoodiens, vous devriez voir apparaître son nom assez souvent. Un poste qu'il a adopté pour ne plus jamais réaliser de films par la suite. Est-ce en raison des critiques qui avaient descendu le film à l'époque ? Au moment du tournage de STREET TRASH, l'utilisation de la steadycam n'a rien de commun. En l'utilisant, Jim Muro donne une énergie et un mouvement complètement fou à son film. Allant même jusqu'à créer des plans jamais vus à l'écran (un looping...). Le film est très rapide et on a souvent l'impression de suivre réellement les personnages à la trace avec une jolie fluidité. L'un des piliers du "gore" s'avère être aussi un film techniquement étonnant.
Le disque germanique de STREET TRASH édité par Dragon Films est le premier DVD existant pour ce film. Ne vous attendez pas à une image exceptionnelle. Le transfert 4/3 ne date pas d'hier offrant une image très sombre et peu contrastée mais cela participe finalement à l'esprit du film. Présenté en version originale anglaise, on notera la présence d'un sous-titrage anglais qui devrait aider à la compréhension des divers intervenants. Même si on serait tenté de demander un sous-titrage français, il s'agit néanmoins d'un bon point que l'on aimerait retrouver plus souvent sur les disques provenant d'Allemagne ou d'Autriche. Une bande-annonce et la filmographie de Jim Muro viennent compléter cette édition. Ceux qui seraient tenté d'en faire l'acquisition doivent par contre être avertis. Le disque est apparemment buggué et sur les lecteurs Pioneer, le film finit par se bloquer à la moitié du métrage après un affichage saccadé et laborieux. Nous n'avons pas rencontré ce problème sur un lecteur DVD-Rom ainsi qu'un lecteur de salon Toshiba.
Bizarre, inclassable, dégueulasse et délirant, STREET TRASH est un film sale, vomitif et désopilant que l'on ne passera pas à sa maman ou à ses enfants.