Avec l'accord secret du gouvernement, des extraterrestres ont testé un virus sur une petite ville. Personne ne sait vraiment ce que ce test aurait du donner mais à l'arrivée, les deux tiers de la population se transforme en morts-vivants agressifs. Bill Johnson, John West et Max Giggs vont essayer de survivre tout en essayant de trouver le seul et unique chemin permettant de s'échapper de la ville à présent coupée du monde.
L'Argentine n'est pas vraiment reconnue pour son cinéma fantastique et encore moins horrifique. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'existe pas des spécimens du genre dans ce pays. On citera par exemple LA VENGANZA DEL SEXO ou SANGRE DE VERGINES, tous deux d'Emilio Vieyra. Plus récemment, il semblerait que le cinéaste argentin ait trouvé une relève sous la forme d'une bande de jeunes trublions. Après avoir mis en boîte des courts-métrages, une bande de potes se lance dans le tournage de PLAGA ZOMBIE entre 1996 et 1997. Une période assez longue où l'équipe claquera dans les 600 dollars pour un tournage qui s'effectuera essentiellement les week-ends et jours fériés. Il leur vient alors l'idée de s'engager dans une suite avec PLAGA ZOMBIE : ZONA MUTANTE. Si le premier film avait pris environ une quinzaine de mois, le tournage de sa suite s'étalera sur quatre très longues années totalisant à l'arrivée un budget pharaonique de 3000 dollars !
Fauché, PLAGA ZOMBIE : ZONA MUTANTE ne semble pourtant pas l'être autant que cela. Sans avoir les qualités cinématographiques d'une production hollywoodienne, l'équipe du film réussit tout de même de nombreux tours de force filmiques que certains réalisateurs dans le circuit professionnel seraient bien incapables d'accomplir… encore moins avec le budget annoncé ! Bien que filmé en plein écran, les réalisateurs de PLAGA ZOMBIE : ZONA MUTANTE n'hésitent pas à composer des cadrages tarabiscotés et inventifs qui donnent dare-dare l'envie de leur confier une caméra pour qu'ils nous pondent un métrage en format large. Le montage est lui aussi réalisé de manière à donner une incroyable énergie à ce délire gore.
Et en matière de tripailles, l'équipe du film n'a de leçon à recevoir de personnes. Ne lésinant sur aucun excès, le film empile les morceaux de membres, les litres de sangs et les cadavres dans une bonne humeur communicative et une action presque non-stop. A force, l'ennui aurait pu poindre le bout de son nez en raison d'une durée avoisinant les 100 minutes mais les auteurs, Pablo Parés, Hernán Sáez et Berta Muñiz, réussissent à renouveler sans cesse les carnages dans un récit pourtant des plus simplistes. Le seul objectif du scénario est de divertir à vitesse grand V et n'essaye pas de sonner réaliste ou même cohérent, plusieurs questions restent ainsi en suspens dans l'intrigue.
Le film reprend directement à l'issue du premier PLAGA ZOMBIE. Le personnage de John West, zombifié et finalement décédé pour de bon, revient pourtant dès les premières minutes sans qu'il ne soit donné de raison très valable. La plupart des personnages du premier film reviennent et forcément Bill Johnson, beau gosse ancien étudiant en médecine, et Max Giggs, un «Geek» qui ne peut vivre sans son ordinateur, sont de retour au côté de John West, un catcheur au look cow-boy. L'occasion dans ce nouveau métrage de fouiller un petit peu le passé de ces trois infortunés héros et plus particulièrement celui de John West avec une visite anthologique de sa chambre dans un intermède musical aussi con qu'imparable. L'équipe de PLAGA ZOMBIE : ZONA MUTANTE s'amuse aussi à faire des clins d'œil que ce soit à EVIL DEAD 2, à Carpenter ou même, évidemment, au ZOMBIE de George Romero en empruntant la petite musique du générique de la version américain lors d'une séquence de shopping dans un supermarché.
L'humour de PLAGA ZOMBIE : ZONA MUTANTE ne vole pas très haut et il faut donc être sensible au non-sens et aux blagues agressivement gores. Dans le genre, on citera une séquence hallucinante où Bill Johnson tombe face à un zombie dont le ventre laisse apparaître une extrémité de son intestin tout en lâchant des pets (un hommage à BRAINDEAD ?). L'attaque du zombie sera tout simplement de lâcher un liquide à la coloration marron durant plusieurs secondes. Cela ne fera certainement pas sourire tout le monde, pas plus que la vengeance de Bill Johnson qui trouve une nouvelle et inattendue utilisation des intestins de zombies !
Uncut Movies est l'heureux éditeur de la toute première édition DVD de PLAGA ZOMBIE : ZONA MUTANTE sortie à travers le monde. Comme d'habitude, l'éditeur offre donc le film dans une édition limitée à 1000 exemplaires que les cinéphiles de mauvais goûts auront la sagesse d'attraper avant qu'il ne soit trop tard. Compte tenu de la source d'origine, l'image n'est pas d'une netteté exemplaire, la définition n'est pas celle que l'on peut s'attendre de voir habituellement sur un DVD et le résultat est des plus cru. Encore une fois, il faut bien comprendre que ce film n'a pas été produit avec les moyens d'un insipide blockbuster mais avec des miettes de queues de cerise.
Une seule piste sonore est disponible et elle est en espagnol. Pour ceux qui n'y comprennent rien, il est possible d'afficher un sous-titrage français (disponible aussi sur les suppléments). Le mixage sonore est très satisfaisant avec une stéréo dynamique et une clarté de l'ensemble plutôt bonne. Il faudra toutefois noter que le niveau est assez bas et nécessite de pousser un peu plus qu'à la normale son ampli ou son téléviseur.
Les suppléments débutent avec un «Making Of» du film qui permet de suivre le chaotique tournage. Ainsi, on pourra y assister à des moments de diplomatie avec la police ou un voisinage excédé par les hurlements et autres giclées de sang. On peut aussi y assister au travail sur le son dans un studio très improvisé ou bien encore à une perte de motivation qui freine le film au point de tout stopper pour débuter un autre tournage histoire de se changer les idées.
Bien que d'une durée d'environ 100 minutes, des scènes n'ont pas réussi à se frayer un chemin jusqu'au montage final. On peut ainsi en découvrir une trentaine de minutes dans leur contexte d'origine. La présentation est d'ailleurs assez judicieuse avec les séquences entières où l'on peut discerner les passages coupés grâce à l'apparition d'une petite croix rouge alors que les images présentes dans le film sont en noir et blanc. Ce n'est pas tout puisque l'on peut encore consulter une galerie de divers éléments photographiques ainsi que deux bandes-annonces.
Quatre années pour faire un film avec un budget ridicule n'est pas sans ramener le souvenir de Peter Jackson et de son rigolo BAD TASTE. Le film de Pablo Parés et Hernán Sáez est de la même trempe et utilise un humour qui ne dépareillerait pas dans un dessin animé tant les situations sont parfois énormes. Un achat indispensable pour tous les gourmets du gore !