4. Blow Me
BLOW UP ? BLOW OUT? Non : BLOW ME
La carte blanche à Christophe Bier, auteur du prochain
DICTIONNAIRE DES FILMS FRANÇAIS EROTIQUES ET PORNOGRAPHIQUES EN 16
ET 35MM, donna à découvrir en copie 35mm d'origine des films
aussi divers que RIEN QUE… PAR DERRIERE de Norbert Terry (version hétéro
avec Karine Gambier des PHALLOPHILES), LES GOULUES d'Andrée Marchand
(pseudo de Claude Pierson) et sa gouaille paillarde made in France. Egalement
LA PIPE AU BOIS de Maxime Debest (vas-y Maxime, t'es le meilleur), métrage
érotique médiéval caviardé de scènes hard
à base de sorcières et d'épuisement sexuel. Mais c'est
surtout MES NUITS AVEC… ALICE, PENELOPE, ARNOLD, MAUD ET RICHARD de Michel
Barny qui retient notre attention. D'après le réalisateur venu
présenter son premier film, avec sa délicieuse compagne Marylin
Jess, il apparaît que la version présentée ici n'était
pas la version d'origine. Sorte de mélange entre la version soft et hard
(en effet, certaines scènes semblent avoir été coupées
avant le climax !), cette copie Suisse aurait ainsi navigué entre
les différents cantons dont les ciseaux étaient plus ou moins
affûtés ? Qu'importe ! Nous avons assisté à
un métrage d'une qualité exceptionnelle. Dont par ailleurs les
scènes d'introduction et de conclusion font bizarrement penser à
celles qu'on retrouvera trois ans plus tard dans TAKE OFF d'Armand Weston,
joyau du hard américain sur la revisitation du mythe de Dorian Gray.
Etrange coïncidence. Pour en revenir à MES NUITS AVEC…, Barny
le qualifia de version remaniée de LA GRANDE BOUFFE,
version "LA GRANDE BAISE", où des jeunes femmes décident
de mourir en faisant l'amour à mort. Pas d'Alain
Resnais dans les parages, qu'on se rassure. Il existe une ambiance qui alterne
entre l'éthéré, le bizarre, le non-conformisme… tout ce
qui entrave la jouissance du corps féminin se trouve expurgé.
Le ton y est sombre, presque étouffant. La mort côtoie l'amour.
Le sublime touche le sale. Le morbide fornique avec le beau. Le tout dans des
décors surréalistes à base de phallus géants, de
godemichés fixés sur des chaises… le film prend une tournure quasi
féministe, avec des mâles profiteurs, veules, voyeurs et étrangers
au parcours de ces femmes en quête de plaisir par la petite mort. Jouets,
mais étrangers. Maud (Trixie Heinen) parle avec "ses" morts
au point d'en oublier la sienne. Le film prend également de curieux accents
de poésie mortifère où le fantastique envahit l'écran
lors de la scène finale. Quelques plans frisent le dérangeant :
Pénélope/Nadja Mons se faisant lutiner par des éboueurs
sur des poubelles avec une fin très limite. D'autres optent pour la stricte
comédie : Charlène/Dwan Cummings à l'affaire avec
un général nommé Idi Amin. Ici, le clin d'œil est trop
gros quant à la situation politique de l'époque, durant laquelle
le sanguinaire général Idi Amin Dada était en pleine expansion
militaire... Réduit à un simple adultérin exubérant
et un peu balourd, le parallèle est inévitable quant au documentaire
réalisé peu avant par Barbet Schroeder. On y découvre même
une sodomie masculine (à l'instar des GOULUES) au milieu de cette
tempête de plaisir. Etrange pour un porno hétéro. Ce mélange
des genres trouve des paroxysmes grâce au montage hallucinant/halluciné
de Gérard Kikoïne et une photographie de grande classe de la part
de Roger Fellous. MES NUITS AVEC… demeure un bijou cinématographique
à redécouvrir d'urgence !
Il faut aussi préciser qu'en avant-goût, le LUFF nous aura gratifié de spectaculaires bandes-annonces de classiques du genre projetées en boucle (probablement) à La Scala, au Paris Ciné (sans les scènes hard), au Mery… avec SOS MESDEMOISELLES (avec visiblement Marylin Jess) et l'extraordinairement vulgaire ELLE SUCE A GENOUX, on atteint le summum avec CETTE SALOPE… D'AMANDA où un Francis Leroi chevelu et barbu discute au coin du feu du nouveau chef-d'œuvre réalisé en collaboration de Frédéric Lansac. Et Amanda qui fait coucou du coin de l'écran afin d'inviter le chaland à venir la voir. Incroyable !